Le paysage d’un tissu pavillonnaire

Un quartier pavillonnaire, à Colombes

Une forme urbaine représentative de la petite couronne

Ce secteur pavillonnaire est typique de ceux qui se sont développés, principalement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle autour de Paris. D’abord villégiatures hors la ville, puis résidences principales, les pavillons se sont multipliés pour produire une urbanisation continue recouvrant la campagne initiale.
Avec les centres historiques, les grands ensembles, les zones d’activités, les tissus pavillonnaires représentent une des principales formes urbaines qui se côtoient en petite couronne parisienne, et en constituent probablement un des emblèmes (cf : les articles Représentations, paysages de banlieue : la rue, les habitations et Ambiances urbaines : les tissus de bâti discontinu et non aligné).

La situation choisie fait état du paysage produit par ce type d’urbanisation. Il est situé à Colombes, présentée dans l’article que lui consacre Wikipédia comme « la première commune pavillonnaire de la petite couronne parisienne ».

Une forme répétitive mais identitaire

Le paysage formé par les pavillons se répète de façon générale avec beaucoup de ressemblances, il est souvent difficile de s’y situer, notamment en l’absence de reliefs marqués ou de repères urbains. On peut cependant reconnaître des caractères propres aux secteurs pavillonnaires de la première couronne parisienne qui les distinguent des zones pavillonnaires périurbaines plus récentes.

L’orientation des toitures des maisons est notamment différente de celle des lotissements édifiés plus tard dans toute la France. Les faîtages sont en effet souvent perpendiculaires à la rue, et les maisons se présentent fréquemment en pignons, produisant un paysage animé par les diagonales des toitures.
L’architecture, les ornements, la pierre de meulière et ses nuances de couleurs, contribuent également au caractère de ces secteurs, de même que les petits jardins de devant, souvent étroits, avec leur clôture sur la rue. La variété des écritures architecturales est également un de leurs particularités : avec le temps, certaines parcelles ayant déjà muté, les styles sont variés, la rue animée.
Dans un secteur dépourvu de grands parcs ou de jardins publics, la végétation des jardins privés est une des rares présences de la nature dans la ville. Les jardins de devant animent les rues, rarement plantées d’arbres d’alignement, tandis que les jardins arrière forment des cœurs d’îlot dont profitent directement les habitants.

Le parcellaire et les « petites avenues » comme accroches paysagères

L’orientation des rues et le découpage parcellaire des lots suivent peu ou prou les orientations anciennes de la plaine cultivée autour de Colombes. Cette permanence inscrit, dans le paysage perçu, une trace du passé.
Mais ce sont surtout les « petites avenues », nom que l’on donne à de petites sentes piétonnes, qui donnent aux secteurs pavillonnaires de Colombes un caractère singulier. D’une étroitesse atypique, sans voitures, elles créent des espaces inattendus, des surprises urbaines qui viennent rythmer la ville.

Des évolutions légères

Le quartier présenté ici est situé à l’écart des futures gares du réseau du Grand Paris Express et des dynamiques territoriales qu’elles induisent. Aussi, il est peu probable que son tissu pavillonnaire se transforme en profondeur, d’autant que son aspect patrimonial et ses caractères sont reconnus dans le PLU de Colombes.

Des évolutions doivent cependant rester possibles (les emprises d’activités peuvent muter pour produire des logements, les pavillons s’agrandir ou être reconstruits), mais sans modifier profondément le paysage.

Dans ces évolutions, quelques enjeux sont relatifs au paysage :

  • Les projets, même s’ils adoptent une architecture « actuelle », ont à s’inscrire dans le contexte du paysage en place, dans le rythme créé par les toitures, les jardins de devant… Il paraît approprié de veiller aux effets d’insertion des projets dans leur voisinage, qu’il s’agisse des volumes, des écritures architecturales, des clôtures.
  • La production de quelques repères urbains et d’opérations singulières peut renforcer la lisibilité des lieux et leur caractérisation en venant ponctuer le paysage répétitif.
  • Les jardins représentent un patrimoine non négligeable. En cas d’agrandissement, il semble préférable de privilégier de construire dans les espaces entre les pavillons, et de gagner en hauteur, plutôt que de restreindre les jardins de devant ou en cœur d’îlot.
  • Les avenues sont des espaces dont l’ambiance est précieuse. Dans les projets à leurs abords, il est dommage de ne penser la limite sur la venelle que comme une clôture technique, en pensant à rythmer les traitements, et veiller au rôle de la végétation dans la perception de la voie.


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