La Seine des Ports
Une des darses du port ouvre une belle perspective vers la Seine. Les bateaux et les équipements en animent les berges, tandis que la butte d’Orgemont apparaît comme un repère à l’horizon.
Carte de la sous-unité de la Seine des ports jpg - 1.9 Mo
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Limites et voisinages
La sous-unité de la Seine des ports correspond à la portion du fleuve située en terrain plat, entre deux coteaux, depuis le pont de Clichy jusqu’à Bougival. Elle comprend les îles et les berges du fleuve ainsi que espaces situés entre la Seine et l’autoroute A86 où se développent les ports de Gennevilliers et de Nanterre. Les îles et les berges de la rive droite intégrées à la sous-unité ne sont pas situées dans les Hauts-de-Seine, mais dans les départements voisins.
Au sud, l’A86, une limite forte, et des franchissements en chantier
Les ports, avec leurs darses et leurs zones d’activité, étendent l’influence du fleuve à l’intérieur de la boucle. Mais l’A86, en créant une coupure nette dans le tissu urbain, peu franchissable, éloigne le fleuve des espaces situés à l’intérieur de la boucle (en particulier dans la séquence située entre l’échangeur A86/A15 à Gennevilliers et la gare RER de Rueil-Malmaison).
« L’autoroute A86 est une coupure. Elle marque une limite entre Villeneuve-la-Garenne et Gennevilliers mais coupe également le port de la zone d’habitat. Les limites entre le port et la zone d’habitat deviennent intangibles à cause de l’infrastructure. (…) Elle détermine des zones qui ont du mal à évoluer. »[Extraits d’entretien, Laurent Govehovitch, Gennevilliers]
En quelques points cependant, des réalisations importantes construisent des continuités territoriales qui permettent de franchir la frontière de l’A86 et font évoluer la perception du territoire :
- Villeneuve-la-Garenne fait un peu exception (voir la sous-unité), ses espaces publics se déploient jusqu’aux berges sans être coupés par les grandes infrastructures :
- le parc des Chanteraines est formé d’un chapelet de jardins reliés par des passages au-dessus des voies de l’A86 qui viennent jusqu’aux berges de Seine ;
- à Nanterre, l’axe des Tuileries poursuit son élan pour développer, depuis la Défense, de nouvelles continuités urbaines et d’usages (travaux de couverture du carrefour A86/A14, écoquartier Hoche, le parc du Chemin de l’île)
- A Rueil-Malmaison, la couverture de l’A86 estompe la coupure et raccroche la Seine au centre-ville et au coteau de la Malmaison.
A Nanterre, l’A86 constitue une frontière entre les bords de Seine et le reste de la boucle, sans offrir de points de vue notables.
Rueil-Malmaison jpg - 410.3 ko
A Rueil, un passage sur la couverture de l’A86. Une succession de jardins permet d’accéder à la Seine depuis le coteau de la Malmaison au sein du parc naturel urbain (PNU).
Nanterre (photo été 2012) jpg - 926.1 ko
Les travaux sur l’échangeur A14/A86 visent à atténuer l’effet de coupure sur l’axe historique partant des Tuileries.
Motifs et compositions du paysage
Les composantes du site sont rassemblées : une darse du port flanquée d’un immense silo faisant repère ; l’ensemble de voies au premier plan qui rendent l’accès au port difficile, mais aussi un restaurant qui permet aux citadins de venir passer un moment sur le port et près du fleuve. A l’horizon, la butte d’Orgemont.
Coupe 1, W-E, de Villeneuve-la-Garenne à Gennevilliers jpg - 817.2 ko
L’Ile Saint-Denis partage la Seine en deux bras, dont un seul est perceptible depuis les berges de Villeneuve-la-Garenne. Le terrain plat limite la vue aux premières façades qui se présentent vers le fleuve.
Coupe 2, NNW-SSE, de Gennevilliers à Paris jpg - 1 Mo
Au nord (à gauche) le port de Gennevilliers étend ses darses dans la profondeur de la boucle, accompagnées de leurs équipements portuaires et d’activités. L’A86 doublée par les voies ferrées constitue une rupture nette dans la continuité du territoire. Au sud, la Seine apparaît moins coupée de son environnement. La coupe rappelle que Gennevilliers dispose de deux rives de Seine.
Coupe 3, NW-SE, de Bezons à Paris jpg - 1.5 Mo
A l’ouest, le territoire est très limité entre la Seine et l’A86 et se résume ici au seul parc de l’île Marante.
Coupe 4, WE, de Carrières-sur-Seine à Paris (place de la Concorde) jpg - 1.1 Mo
L’axe des Tuileries croise plusieurs fois la Seine, ici au niveau du pont de l’A14. L’île de Chatou (78) divise le lit en deux bras. Sa végétation contribue à l’ambiance naturelle du lieu renforcée sur la rive de Nanterre par le parc du Chemin de l’île.
Coupe 6, WE, du Vésinet à Paris XVIe arrondissement jpg - 1.1 Mo
A Rueil-Malmaison, l’A86 est enterrée : la présence sensible de la Seine peut plus facilement imprégner les espaces publics voisins.
Coupe 9, de Rueil-Malmaison à Clamart jpg - 1.7 Mo
Vers la Malmaison et Bougival, la Seine et le plateau boisé se rapprochent. Ensemble, ils composent un paysage associant de nombreux horizons de nature, rassemblés au sein du parc naturel urbain (PNU) de Rueil.
Horizons de nature
La Seine constitue le motif central de la sous-unité. Elle lui apporte une continuité, l’intensité de la présence de l’eau, de son caractère géomorphologique.
Les reliefs ne sont pas accusés, cependant les buttes du Parisis et d’Orgemont à Argenteuil viennent, au nord, constituer un horizon parfois sensible, que complètent au sud-ouest les coteaux de Bougival.
La végétation, absente des grands secteurs d’activité, se fait plus sensible dans les îles où, associée visuellement au plan d’eau du fleuve, elle participe à des horizons naturels. Elle apparaît également dans les jardins de berges, plus nombreux sur ce linéaire que sur celui de la sous-unité de la Seine des belvédères en amont, et dans les délaissés des grandes infrastructures.
Nanterre, au droit du port jpg - 1.3 Mo
La promenade de berge accessible et l’horizon boisé de l’île de Chatou cadrent la Seine dans un contexte qui renforce son caractère naturel.
Cartes du relief et de la végétation jpg - 1.5 Mo
Le méandre de Seine est dessiné sur un relief plat. La végétation apparaît surtout sur les berges, dans les îles, et sur des délaissés le long des autoroutes.
La présence du fleuve caractérise le paysage de la sous-unité, bien que sa perception reste limitée.
Les ports ne laissant que peu d’accès, ce sont les ponts et les jardins établis sur les berges qui constituent les points de vue accessibles où la Seine joue le rôle de motif de référence. Elle y ouvre des perspectives, reflète le ciel, anime le paysage par le mouvement du courant et du trafic fluvial.
Des jardins qui ont été aménagés -la "promenade bleue" aménagée par le conseil général- dans les dernières décennies offrent un accès aux rives, parfois en articulation avec les tissus voisins. Ils associent des parcs généreusement dimensionnés à des espaces plus limités, bornés par les infrastructures ou les grandes emprises d’activité.
- A Villeneuve-la-Garenne, le parc des Chanteraines débouche sur la berge où il se prolonge par une promenade.
- A Colombes, le parc de l’île Marante se développe sur plus de 2 km de berges, sur une étroite bande de terrain entre la Seine et l’A86.
- A Nanterre, le parc du chemin de l’île prend position à la rencontre du fleuve et de l’axe des Tuileries, mettant en scène l’eau elle-même. Plus en aval, une promenade étroite mais accessible permet de profiter des berges au droit de la zone d’activités.
« Dans la mémoire collective, la Seine avait disparu pendant un siècle. Aujourd’hui, si pour nous elle est comme une évidence, comme un élément clé d’identité paysagère, elle ne l’est pas encore pour les Nanterriens. (…)On a ici, avec l’Île fleurie, un paysage de bords de Seine remarquable à 3 km de la Défense. Ces paysages représentent un potentiel considérable. (…)Le parc du Chemin de l’île, conçu en 2000, a été une première étape de reconquête des accès au fleuve. C’est un beau projet de reconquête de friches, au pied de la sortie de l’autoroute A14. (…) Il souffre de la présence de l’échangeur qui aujourd’hui l’isole, sur sa partie est, du Nanterre historique et de ses cités. Sa fréquentation monte néanmoins en puissance, notamment sur les berges de Seine qui sont empruntées par les salariés de la zone industrielle et les Altoséquanais. »[Extraits d’entretien, Manuel Moussu, Nanterre]
- A Rueil-Malmaison, le parc naturel urbain doit intégrer, sur la berge, la création d’une nouvelle séquence, ponctuant la continuité des promenades articulées au vallon boisé.
Villeneuve-la-Garenne jpg - 1.7 Mo
La courbe donne à la Seine une échelle plus intime, la végétation de l’île Saint-Denis lui donne un cadre naturel, détaché du contexte urbain tout proche. En outre, l'ouverture du fleuve et les effets de reflet sur la surface de l'eau intensifient la présence du ciel.
Parc du chemin de l'Ile à Nanterre jpg - 1.2 Mo
A Nanterre, la mise en scène de l’eau et de la biodiversité est à la base des ambiances du parc qui offre aussi une belle promenade sur la berge passant sous le viaduc de l’A15.
Villeneuve-la-Garenne jpg - 1.2 Mo
A Villeneuve-la-Garenne, la haie masque la Seine, au bord de laquelle se développe le jardin qui accompagne de récentes réalisations de logements.
Les ports et les activités : des paysages intenses
La vocation d’activité propre à la vallée de la Seine imprime ses ambiances aux paysages : le grand port de Gennevilliers, celui de Nanterre et les vastes zones d’activité qui les accompagnent, sont à la fois des prolongements du fleuve et des enclaves peu accessibles, éloignées des ambiances urbaines.
Dans les ports, les darses composent des extensions du fleuve, véritables paysages portuaires, associant bateaux, grues et silos, containers entreposés… Loin de la nature, ces paysages n’en sont pas moins intenses, porteurs de l’imaginaire des voyages, exprimant une réalité économique de la métropole. La Seine, en tant qu’axe de transport, est une des raisons de la prospérité économique de Paris.
Le port de Gennevilliers
Le port de Gennevilliers est le deuxième port fluvial d’Europe. Réalisé au XXe siècle, indépendamment d’un cœur de ville ancien, il ne laisse pas de place à la promenade ou aux usages urbains des ports patrimoniaux. Il reste à l’écart des usages de détente, ne fait pas l’objet de représentations valorisantes malgré le potentiel d’ambiance dont il semble cependant vouloir se saisir au travers de projets de constructions et d’aménagements.
« Le port, c’est vraiment une identité forte et économique et paysagère »« La partie containers est la partie récente qui s’est modernisée et qui a pris de l’ampleur. (…) Il y a une autre partie, qui n’est pas construite : le port des matériaux : le bois, le goudron, les matériaux de bâtiment. Autour de cela nous avons un port qui a des intentions de se construire. Le port va évoluer en se densifiant, notamment dans la frange entre la route du port, les darses et l’A86. »[Extraits d’entretien, Laurent Govehovitch, Gennevilliers]
« La politique du port industriel de Gennevilliers est très intéressante. Il s’agit de conserver la vocation industrielle du port et en même temps de l’ouvrir sur la ville et d’en tirer tous les avantages possibles du point de vue du paysage. Parce que dans le port industriel il y a encore des espaces naturels, des berges. C’est une politique qui n’est peut-être pas menée jusqu’à son terme encore, mais qui souhaite tirer parti de cet espace naturel pour que le dimanche on ait envie de le traverser, d’y passer, que ça ne soit pas un enclos gigantesque qui forme une véritable barrière par rapport au reste de l’urbanisation. Une volonté de marier industrie et qualité du paysage. »[Extrait d’entretien, Lionel Favier, Neuilly Puteaux Seine Ecologie]
Le port de Nanterre
A Nanterre, l’accessibilité du port est plus importante, une passerelle permet de franchir l’entrée de la darse et d’observer le paysage qui reste cependant, comme à Gennevilliers, celui d’une grande zone d’activités. Ces activités se développent sur de grandes étendues, sous forme de vastes parcelles infranchissables avec d’importants linéaires de clôtures peu aimables.
Cependant, dans la zone d’activités des Guilleraies, un travail de mise en scène du fleuve s’opère via des aménagements paysagers. Cela vient s’inscrire dans la volonté du Syndicat intercommunal des Deux Seine de faire entrer le paysage du fleuve dans les épaisseurs de la boucle.
« L’un des axes proposé par le SIEP est de révéler la Seine par la mise en scène du paysage sur toutes les épaisseurs. (…) Les chaussées de la zone d’activité ont été refaites, les pistes cyclables, et surtout les plantations ont été très travaillées. Alors qu’avant on avait quelque chose de très stérile, la palette végétale a été conçue en lien avec ce qu’on peut trouver sur les bords de Seine, c’est-à-dire en privilégiant des essences à caractère ripisylve, un travail sur les pieds d’arbres également… »[Extraits d’entretien, Aldrig Vallée, Nanterre]
Une des darses, flanquée par les équipements colorés et géants du port, ouvre une belle perspective. Le ciel reflété prend une place plus importante.
La passerelle offre une vue dans la profondeur de la darse environnée de bâtiments d’activité. Les « grandes cités » de la boucle occupent les arrières plans. En restaurant la continuité de la berge pour les promeneurs, la passerelle offre une expérience unique dans le paysage de la Seine des ports.
« [L’objectif] du devenir des bords de Seine et en priorité des Papeteries de la Seine est d’y maintenir une activité industrielle d’un nouveau type, une « éco-industrie » avec un programme d’activités diversifiées (…) [Ce projet est lié à celui de] la couverture de l’échangeur A14/A86, (…) L’ambition consiste à utiliser la multi-modalité qui est offerte par le site parce qu’il y a une connexion fer, au fleuve et à la route. »« L’EPADESA a fait appel à un architecte pour établir un diagnostic patrimonial afin d’étudier comment conserver et valoriser ce patrimoine. »« Le principal défi de cette zone d’activités est de marier [ville et Seine], ne pas reproduire les grandes erreurs de l’industrialisation du XIXe ou du XXe siècle, qui nous a coupés de notre fleuve, mais que l’industrie du XXIe siècle au contraire aide les Nanterriens à retrouver leur fleuve, tout en l’exploitant aussi bien dans sa dimension écologique qu’économique »[Extraits d’entretien, Marion Benoist-Mouton, Aldrig Vallée, Manuel Moussu, Nanterre]
Papeterie, bâtiment portuaire jpg - 767.7 ko
Les bâtiments d’activité peuvent présenter d’intéressants caractères architecturaux, et apporter une profondeur patrimoniale à des secteurs souvent peu considérés pour leurs qualités esthétiques.
« Corridors de perception », ces grandes voies sont enserrées entre les écrans visuels que composent les talus, les protections acoustiques ou la végétation des délaissés.
« Les autoroutes, l’échangeur le faisceau ferroviaire, constituent eux-mêmes un paysage compte-tenu de leur taille. »« Les infrastructures font aujourd’hui partie de l’identité de Nanterre. Elles sont un élément fort du paysage. Elles ont généré des "non lieux" pendant de nombreuses années dont on a commencé la reconquête de façon très diversifiée : des terrasses de Nanterre au parc du chemin de l’île, demain la couverture partielle ou complète de l’échangeur A14 /A86 (…) »« De ces handicaps du territoire, nous essayons d’en faire des leviers de projets urbains. C’est le parti pris par exemple des Terrasses de Nanterre construites au-dessus de l’autoroute A14. »[Extraits d’entretien, Aldrig Vallée, Manuel Moussu, Marion Benoist-Mouton, Nanterre]
L’ouvrage d’art survole le port dont il anime un horizon. Il permet des vues sur un territoire peu accessible (photo de droite, vue Google Street View).
Nanterre, boulevard de la Seine jpg - 1.2 Mo
Le quartier pavillonnaire présente un paysage urbain qui étonne dans le contexte d’activités dominant. L’orientation qui biaise des maisons, la variété et l’invention de l’architecture, les grands platanes qui bordent la rue, en font un « lieu », tout proche de la Seine.
Nanterre, écoquartier Hoche jpg - 1 Mo
A proximité de l’axe des Tuileries et du parc du Chemin de l’île, le quartier assume une densité très urbaine et propose un paysage bâti structuré par les façades alignées sur la rue.
Quai Alfred Sisley jpg - 1.3 Mo
Le parking pénalise l’ambiance du lieu qui propose pourtant un paysage de grande qualité. La berge est accessible, le rebord du quai souligne la vue sur la boucle de Seine et l’Île Saint-Denis. Les péniches, en contrebas n’occultent pas la vue.