La désindustrialisation et le renouvellement urbain

publié le 31 janvier 2013 (modifié le 8 juillet 2015)

De nouvelles ambiances urbaines conditionnées par l’histoire des tissus

A partir des années 1970, l’agglomération parisienne ne peut plus guère s’étendre dans l’enceinte des Hauts-de-Seine, sauf à détruire parcs et forêts, ce qui sera évité. La répartition entre les espaces bâtis et non bâtis ne peut donc plus beaucoup changer, et l’heure est désormais à la transformation accélérée de l’espace bâti lui-même. Ainsi, la fin du XXe et le début du XXIe siècle voient apparaître d’importantes transformations des tissus existants, plus particulièrement des quartiers d’activités touchés par la désindustrialisation.

Les berges de Saint-Cloud à Suresnes en 1960 et aujourd'hui (Photos ign)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Les berges de Saint-Cloud à Suresnes en 1960 et aujourd’hui (Photos ign)
Sous les pentes couvertes de vignes, les berges longtemps résidentielles s’industrialisent complètement au début du XXe siècle grâce aux facilités de transport (routier et fluvial) le long du fleuve. La reconversion de ces quartiers industriels (teinturerie, métallurgie, automobiles, aviation…) qui occupaient tout le bord de Seine a été assez rapide à partir des années 1980, redéfinissant complètement le front et le tissu des berges, alors que les quartiers situés plus en retrait et sur les premières pentes ont été moins affectés.


Ce renouvellement urbain ne concerne pas seulement les sites industriels, mais aussi bon nombre d’habitations, de manière plus diffuse et variable selon les sites. Lorsque les jardins sont suffisamment vastes et que les règles d’urbanisme le permettent, des maisons bourgeoises, des hôtels particuliers, des pavillons tendent à disparaître au profit de résidences. Quelques terrains laissés en friches au dessus d’anciennes carrières vont également être consolidés puis construits.

Les usines Renault, quelques années avant leur destruction  en grand format (nouvelle fenêtre)
Les usines Renault, quelques années avant leur destruction
Dans les années 1970, le site accueille plus de 20 000 salariés sur l’Île Seguin et dans le triangle de Billancourt qui lui fait face. Sur cette photo prise au milieu des années 1980, les transformations urbaines sont déjà importantes et le quartier industriel tranche avec les constructions hautes qui l’entourent, typiques de la fin du XXe siècle. Les usines ont aujourd’hui totalement disparu et le quartier est en travaux.
Le quartier de Billancourt en 2009 (Orthophoto Ign)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le quartier de Billancourt en 2009 (Orthophoto Ign)
Le contour blanc correspond à l’extension des industries en 1963 que divers ensembles résidentiels ou de bureaux ont remplacé. Le fond jaune indique le secteur en travaux qui fait suite aux démolitions des dernières usines Renault. Le méandre de la Seine, l’île Seguin et les coteaux inspireront-ils une autre composition urbaine et paysagère ?

























D’abord isolées, ces opérations qui représentent les premières formes de densification vont ensuite s’inscrire dans des projets urbains plus ambitieux (ZAC), surtout à partir des années 2000.

La rapidité des transformations de l’espace urbain est ainsi différenciée en fonction des tissus préexistants : alors que les quartiers industriels, les faubourgs, voire les anciens centres, ont été transformés, arborant de nouveaux bâtiments pour de nouvelles fonctions, l’espace des lotissements pavillonnaires et des grands ensembles de l’après-guerre a conservé des formes relativement stables malgré certaines opérations de rénovations.

Densification et renouvellement urbain à Châtillon, au gré des opportunités  en grand format (nouvelle fenêtre)
Densification et renouvellement urbain à Châtillon, au gré des opportunités
En 1961 certains grands ensembles sont déjà construits ou en construction (1) et les dernières parcelles non construites se font rares (2). Même les friches situées à l’emplacement d’anciennes carrières finiront par devenir constructibles et former de nouveaux quartiers (3). Parallèlement apparaissent des formes de densification : construction de petites résidences en remplacement de quelques pavillons (4), immeubles de commerces et de logements en centre ville (5). La construction du tramway sur la nationale 306 (surlignée) participe aussi au renouvellement d’un ensemble où les formes les plus pérennes sont celles, peu valorisées, des quartiers pavillonnaires (p), et où la juxtaposition des tissus a encore du mal à composer un paysage.

Une restructuration planifiée : la Défense

Trop proches de Paris, les Hauts-de-Seine ne seront pas concernés par les villes-nouvelles qui vont en partie restructurer la grande couronne parisienne. Mais contrairement aux autres départements de petite couronne, celui-ci va connaître le développement programmé de tout un quartier, la Défense, édifié dans l’axe de composition Louvre-Champs-Élysées qui lui donne un fort ancrage à Paris.

Le centre d’affaire initié en 1958 deviendra surtout caractéristique dans les années 1970 avec la construction de tours. Gouverné par un établissement public d’aménagement agissant dans le cadre d’une Opération d’intérêt national, le périmètre de la Défense, qui a été agrandi au début du XXIe siècle, en particulier vers le nord-ouest, s’est édifié et évolue selon des règles particulières. Son statut a permis l’édification d’un quartier qui ne ressemble à aucun autre mais porte néanmoins la trace de pratiques urbaines historiquement marquées : zonage, construction en dalle au dessus de réseaux autoroutiers et ferroviaires souterrains, etc.

Le site de la Défense en 1960 et aujourd'hui  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le site de la Défense en 1960 et aujourd’hui
Par la radicalité des restructurations plus que par l’importance des surfaces concernées (la superficie contenue par le boulevard Circulaire est du même ordre que celle de l’ancien périmètre Renault à Billancourt), la Défense constitue une opération exceptionnelle dans la petite couronne parisienne dont l’influence va bien au-delà de ses limites géographiques.

Grand Paris et nouvelles instances territoriales : une attente forte

Aujourd’hui, les projets du Grand Paris et l’intérêt croissant pour définir de nouvelles instances territoriales adaptées aux enjeux de logement et de transport à l’échelle de l’agglomération parisienne annoncent de probables réorientations des dynamiques urbaines. Contrairement à la majorité des transformations qui se sont succédées depuis plus d’un siècle, ces dernières concernent aussi la petite couronne.