Quartier du parc André Malraux à Nanterre

Limites et voisinages

Autour du parc en position centrale, le périmètre de la sous-unité paysagère est principalement défini par ses formes urbaines discontinues qui se démarquent de ses voisines.
A l’ouest et au sud, le quartier s’arrête aux tissus pavillonnaires qui recouvrent les flancs du Mont-Valérien. La RD 913 (avenue Georges-Clemenceau) souligne en partie les différences de tissus.
Au nord, les séquences de l’axe des Tuileries : les Terrasses de Nanterre et la Défense qui affirment leur identité avec force, tiennent le voisinage à l’écart.

Motifs et compositions du paysage

Horizons de nature

Un paysage urbain fédéré par le parc Le quartier André Malraux est remarquable, dans le fait qu’il associe le grand parc et les formes urbaines qui l’environnent dans un même paysage, la structure établissant entre ces composantes de multiples relations.

A l’échelle vaste du parc correspond la hauteur notable des bâtiments de logements (et des tours de bureaux les plus proches), formant un ensemble que l’on perçoit comme tel, et qui, toutes proportions gardées, n’est pas sans évoquer la structure de Central Park à New-York. Les espaces publics sont également en communication : les promenades du parc se prolongent sans obstacle ni clôture dans les espaces interstitiels des tours, formant un vaste continuum paysager. Enfin, un dialogue poétique s’établit entre les motifs de nature du paysage du parc et les traitements architecturaux des tours d’Émile Aillaud qui font appel aux gouttes d’eau, aux nuages, au ciel, à la couleur et à la matière de la végétation, à l’échelle de la canopée…

Il n’y a pas beaucoup d’exemple en Ile-de-France, et aucun dans les Hauts-de-Seine, d’union aussi nette entre un parc de cette ampleur et la ville dans laquelle il s’inscrit. Ailleurs, les clôtures et les infrastructures en lisière, tout comme une conception fragmentaire de l’espace et des tissus ont empêché toute connivence entre les parcs et la ville. Le rapport est alors autre.

Il est étonnant de constater que cette structure - un vide central fédérant un paysage urbain fait d’immeubles de grande hauteur - est aussi celle de la Défense et des Terrasses de Nanterre, voisins immédiats fédérés par le vide central de la grande perspective. Ainsi, les structures centripètes se côtoient, mais avec l’effet de se tourner le dos.

Un parc paysager qui crée ses propres horizons Conçue par Jacques Sgard dans les années 1970, la composition du parc s’inscrit dans la lignée des parcs urbains et du style paysager d’Alphand et Barillet-Deschamps, eux-mêmes inspirés par les jardins anglais 1. C’est ainsi une sorte de campagne idéale qui est reconstituée, fédérée par un plan d’eau central, et dont les horizons sont créés à l’aide de buttes artificielles (modelées avec les déblais de La Défense) sur lesquelles se développent de vastes perspectives de prairies structurées par des masses boisées et des bouquets d’arbres. Il est ainsi offert aux habitants une sorte de campagne idéalisée. L’existence en son sein d’un jardin de collection 2, « jardin dans le jardin », renvoie le reste du parc à l’échelle d’un paysage rural et à ses plantes plus ordinaires. De façon curieuse, alors que le parc n’évoque pas le site lui-même, certains quartiers de logements sociaux ont adopté les noms des lieux-dits de l’ancien paysage rural : Champs-Pierreux, Champs-aux-Melles (probablement des néfliers), les Fontenelles. Des architectures banales ou singulières Autour du parc, la sous-unité rassemble d’importants quartiers de logements sociaux, des équipements publics, des bureaux, des activités.
"La politique de la table rase des années 1950-60 a fait disparaître des pans entiers du tissu de Nanterre, pour permettre la création de toutes les grandes cités de la ville autour de ce qui sera plus tard le grand projet d’axe historique, (…) les Terrasses de Nanterre. Ces grandes cités marquent le paysage dans les des années 1960-70 par l’adoption d’une architecture essentiellement verticale.
L’urbanisme de tours et de barres marque l’axe historique, encadré depuis le plateau de Montesson avec d’un côté le quartier Anatole France et de l’autre les grands tripodes de Rathelot."
[Extrait d’entretien, Manuel Moussu, Nanterre]
Les quartiers de logements sociaux apparaissent sous trois formes différentes :
  • A l’ouest du parc, la disposition des barres de la cité Marcellin Berthelot empêche toute perspective et enferment l’espace de la cité sur lui-même.
  • Au sud les cités aux noms de champs sont faites de tours de hauteurs équivalentes, mais dont les formes diffèrent selon les quartiers (plans carrés pour les Fontenelles, en trident pour les Champs-aux-Melles)
  • A l’est, dans le quartier Pablo Picasso, Émile Aillaud a conçu un ensemble original qui échappe au standard et à la banalité, et met en œuvre des motifs de nature, avec des plans en forme de nuage, des fenêtres en goutte d’eau. Sur les façades se déploient des paysages en pâte de verre : frondaisons près du sol, cieux et nuages pour les étages supérieurs… La volonté de paysage se ressent également au sol dont l’espace très planté se trouve limité par les frondaisons, les tours appartenant au ciel du parc.
« Certains bâtiments ont une valeur patrimoniale dans le paysage : il y a évidemment certains bâtiments remarquables, comme les tours Aillaud qui sont un élément d’identité et de signal fort pour notre territoire, la tour de la préfecture, mais également la cathédrale Sainte-Geneviève. »
[Extrait d’entretien, Manuel Moussu, Nanterre]
  • Au nord, les logements en grandes pyramides ne parviennent pas à créer autant de typicité, pas plus que les immeubles de bureaux banals du quartier du Carillon. En revanche, l’ancienne école d’architecture imaginée par l’architecte Jacques Kalisz se remarque par ses formes organiques en dialogue avec les espaces du parc.

Le parc accueille également le célèbre théâtre des Amandiers lié à Patrice Chéreau. Cependant l’équipement en est désormais séparé par une clôture.

Cependant le devenir de ces éléments patrimoniaux d’architecture moderne constitue une des interrogations sur le territoire.
« Montent en puissance les débats autour de l’architecture moderne. Le débat le plus vif étant celui autour de l’école d’architecture de Jacques Kalisz. La question se posera un jour pour les tours Aillaud, et leur nécessaire réhabilitation notamment pour remédier aux problèmes d’étanchéité. »
[Extrait d’entretien, Manuel Moussu, Nanterre]

Notes et références

1Ce style n’est pas non plus très éloigné de celui de Central Park à New-York.

2Ce jardin rassemble des plantes recherchées.

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