La Seine des Belvédères
Depuis le Pont de Sèvres jpg - 1.5 Mo
Le pont constitue lui-même un point de vue bénéficiant du dégagement visuel de la Seine. Le paysage associe le fleuve au coteau pour constituer une structure remarquable. Le parc de Saint-Cloud s’est inscrit dans cette configuration, et apporte à la Seine l’horizon du coteau boisé et de superbes belvédères. Au pied du parc, le jardin de l’île Monsieur, plus récent, est un des rares sites permettant au public un accès direct à la berge du fleuve.
Carte de la sous-unité de la Seine des Belvédères jpg - 1.5 Mo
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Limites et voisinages
Depuis le boulevard Périphérique jusqu’au pont de Clichy, la sous-unité associe la Seine et ses abords immédiats au coteau qui la borde le long de la boucle. Elle est limitée par la ligne de crête du coteau, et interrompue au droit de la Défense dont les volumes bâtis tendent à effacer le relief de coteau.
Motifs et compositions du paysage
Une structure majeure et identitaire
La position de la Seine et du coteau constitue une structure paysagère reconnaissable qui procure un horizon à l’échelle de la métropole.
« C’est un vrai département de paysages, avec de forts contrastes. Au cœur de la métropole c’est sans doute celui qui a le plus de paysages qu’il est possible de raconter.C’est un des rares endroits où se trouvent des belvédères sur la métropole, (…) et à partir desquels on voit Paris dans son ensemble dans une relation visuelle réciproque extrêmement forte. »[Extraits d’entretien, Dominique Alba, directrice générale et Christiane Blancot, directrice d’études, APUR]
Les relations de hauteur des reliefs et du bâti, la position des belvédères, l’identification des horizons arborés sur le coteau, définissent des références paysagères.
Carte de localisation des coupes et des principaux axes (en jaune) jpg - 1 Mo
L’importance de la structure paysagère a motivé qu’elle soit analysée à partir de sept coupes.
Coupe 3 : Bezons-Levallois jpg - 1.8 Mo
En aval, le coteau n’est pas très accusé mais reste sensible. L’île de la Jatte (dont la pointe n’est pas bâtie) partage le lit du fleuve en deux bras. Dans les tissus situés de part et d’autre, l’importance des volumes bâtis évoque la densité parisienne.
Coupe 4 : Carrières-sur-Seine - Place de la Concorde jpg - 1.1 Mo
La coupe suit l’axe des Tuileries, et c’est La Défense qui marque le territoire. Le quartier, objet d’un portrait en soi, n’est pas compris dans la sous-unité qui se limite ici au fleuve et à ses abords immédiats.
Coupe 6 : Le Vésinet - Passy jpg - 1.6 Mo
Le Mont-Valérien s’inscrit dans la ligne du coteau, ouvrant sur la Seine un important versant urbanisé par du pavillonnaire, juste en face du bois de Boulogne. Les prairies de jeu de Bagatelle, dont l’ouverture permet des vues vers le Mont-Valérien, s’inscrivent dans la sous-unité.
Coupe 7 : Croissy-sur-Seine - Boulogne-Billancourt jpg - 1.9 Mo
Le coteau urbanisé de Suresnes domine le fleuve de 70 m environ. La coupe aborde Boulogne-Billancourt par le parc Rothschild, qui prolonge la lisère arborée du bois de Boulogne.
Coupe 18 : Versailles – Boulogne (pont de Saint-Cloud) jpg - 1.5 Mo
La coupe traverse le parc de Saint-Cloud, et indique sa relation avec le relief : le bois occupe les hauteurs, tandis que les terrasses et les belvédères, ainsi que la cascade, donnent une expression sensible aux positions des rebords.
Coupe 10 : Velizy - Parc des Princes jpg - 1.1 Mo
La coupe est dans l’axe de l’ancien parc de Bellevue, dont la terrasse occupe un rebord très accusé du coteau, marqué en contrebas par le tissu pavillonnaire et les jardins arborés qui dominent l’ile Seguin et son « jardin éphémère ». En face, les grands bâtiments du pont de Sèvres et la tour Horizons composent un balisage urbain.
Coupe 12 : Boulogne - Chatillon jpg - 1.5 Mo
La coupe permet de situer l’ensemble des Épinettes et son échelle dans la structure paysagère. Elle souligne les effets qu’il suscite : un repère identifiable de loin, mais aussi une occultation de l’horizon et un écrasement de l’échelle du coteau naturel. En contrebas, la coupe traverse l’île Saint-Germain dans sa partie jardin.
Le document indique la position "centrale" de la Seine et du coteau dans la structure paysagère de la boucle, et la concentration des motifs paysagers qu'elle suscite, formant l'aspect le plus identifiable du paysage départemental.
Une concentration remarquable des horizons de nature
Carte du relief jpg - 438.5 ko
La Seine a creusé un « amphithéâtre » dans le plateau, une forme identifiable procurant une unité de lieu remarquable, et offrant de multiples opportunités paysagères. Le fleuve et le relief de coteau forment ensemble une figure paysagère notable, particulièrement motivante pour les implantations des domaines aristocratiques, et toujours très attractive pour l'immobilier résidentiel.
Carte de la végétation jpg - 880.2 ko
Les boisements du parc de Saint-Cloud s’avancent jusqu’aux rebords du coteau. A cette végétation s’ajoutent celle des autres parcs et des jardins du coteau ainsi que les nombreux parcs des îles, et les arbres accompagnant les voiries de la Seine.
« C’est un territoire qui a énormément de reliefs. Pour nous c’est un atout car qui dit relief dit variété du paysage. Cela donne des points de vue qui sont très recherchés par notre clientèle. D’où toute la complexité de notre intervention sur des paysages de coteaux : pouvoir offrir, par nos réalisations, des points de vue, sans pour autant être visible pour ne pas générer de nuisance. (…) Je pense que toutes les zones de relief sont les zones où nous avons le plus de recours de la part d’habitants et éventuellement d’associations. Le relief crée le recours. Car évidemment lorsqu’on est sur un coteau, les opérations se voient, et il existe une appréhension sur la « prise de vue » que pourrait avoir un immeuble un peu élevé dans un paysage. »[Extrait d’entretien, Olivier Waintraub, Nexity]
Cette sous-unité présente une des configurations paysagères les plus intenses de la métropole, fondée sur un socle naturel particulièrement éloquent. La Seine se développe sur plus de 15 km, doublée par le coteau en forme d’amphithéâtre que le fleuve a creusé dans le plateau, pour un dénivelé d’environ 100 m.
La position particulièrement plaisante des rebords, associant de superbes vues à une grande variété de situations et de formes du relief, a motivé de nombreuses implantations de châteaux et de domaines, puis de jardins publics et de villas. Ainsi les arbres et les boisements s’ajoutent aux reliefs et à la Seine pour magnifier la dimension paysagère du lieu. A proximité immédiate de la ville très dense, le contraste est renforcé, et le coteau constitue un horizon de référence à l’échelle de la métropole.
La présence de l’eau contribue également à la qualité paysagère. Elle contribue à l’évocation de la nature malgré le caractère construit des bords du fleuve profondément restructurés avec le temps, du contour des îles recomposé, des berges solidifiées, maçonnées.
D’exceptionnelles conditions de perception
Les belvédères du coteau
La forme du relief a suscité des aménagements de belvédères particulièrement nombreux, situés principalement dans les jardins. La forme d’amphithéâtre fait que le site est à la fois le point de vue et un des éléments des panoramas, formant les limites du paysage perçu.
Au-delà des premiers plans constitués par le front urbain de Boulogne-Billancourt et le bois, les belvédères offrent de larges vues sur Paris, jusqu’aux horizons naturels situés au nord et à l’est (buttes d’Orgemont et de Montmartre, plateau de Romainville…).
Les belvédères aménagés en tant que tels se trouvent principalement dans les jardins, ou d’anciens jardins – Rodin, Bellevue, Brimborion, Saint-Cloud, Bécon… Ils sont moins identifiables dans l’espace public, à l’exception notable de la terrasse du Fécheray à Suresnes. Des vues s’ouvrent toutefois dans l’axe de certaines rues perpendiculaires, ou au hasard d’une brèche entre deux immeubles. Enfin, la ligne de train Saint-Lazare-Versailles, située sur le haut du coteau, offre un point de vue exceptionnel et linéaire, permettant de très belles vues cinétiques entre la Défense et Saint-Cloud, une perception qui contribue à forger une perception territoriale pour les nombreux usagers de la ligne.
« Au XVIIe siècle on a extraordinairement bien tiré parti de ces coteaux avec le plus bel architecte-paysagiste de cette époque, Le Nôtre : le parc de Saint-Cloud où il a tiré parti des points de vue, la grande perspective de Meudon où il a tiré parti de ce point de vue, l’extraordinaire paysage du bassin octogonal du grand canal du parc de Sceaux. Il avait réussi à bien aménager tout en tirant parti des beautés de l’existant. »[Extrait d’entretien, Lionel Favier, Neuilly Puteaux Seine Ecologie]
« On se situe en altitude par rapport à Paris. (…) Depuis les coteaux, on retrouve de grandes unités comme le Sacré-Cœur, le mont Valérien, la Défense, la tour Eiffel … C’est un vrai promontoire sur tout l’Ouest parisien. »[Extrait d’entretien, Nicolas Deverre, Grand Paris Seine Ouest]
Jardins à Issy les Moulineaux : parc Henri Barbusse, jardin des coteaux jpg - 531.7 ko
La position des jardins offre des vues sur la boucle, leur position sur le coteau oriente le regard vers La Défense.
Les perspectives de la Seine}
« Le plus grand atout de la Seine, c’est finalement cette largeur qui ne sera jamais construite et qui de toute façon se ressent. »[Extrait d’entretien, Sophie Schmitt, SODEARIF]
« On parle toujours beaucoup de la Seine, (…) J’aurais tendance à dire qu’il y a une espèce d’attirance, [le fleuve à tendance] à attirer tous les regards (…) »[Extrait d’entretien, Corinne Legenne, IAU IdF]
La Seine ajoute d’autres vues à celles des belvédères. En tant que dégagement visuel, le plan d’eau ouvre de magistrales perspectives, donnant sur des horizons très variés du fait de la forme de boucle. La forme de boucle intensifie la vastitude du fleuve, et le voisinage des coteaux boisés compose un paysage qui se démarque des façades urbaines de Paris. Ce sont les ponts qui offrent les principales vues, bénéficiant de l’ouverture du fleuve et ouvrant également des perspectives dans l’autre sens, vers les coteaux et vers les tissus urbains voisins. Traverser la Seine devient ainsi une expérience paysagère d’une grande intensité, par les vues, la sensation d’être dans l’espace-même du fleuve, ainsi que l’effet de franchir un seuil du territoire.
Boulogne-Billancourt, pont de l'île Saint-Germain jpg - 1.2 Mo
La perspective de la Seine donne sur la tour Eiffel et, devant elle, le front de Seine.
Boulogne, pont de l'île saint-Germain jpg - 1.1 Mo
Le pont lui-même compose un axe de perspective que Boulogne souligne par l’effet de symétrie des immeubles de part et d’autre.
Les paysages difficiles des berges de la Seine
Comparativement aux ponts, les berges de Seine constituent une expérience moins intense de l’espace du fleuve, occupées par les routes départementales 1 et 7, à quelques rares exceptions près (jardin de l’île Monsieur, notamment). Le trafic, le statut de voie à grande circulation, l’absence de trottoir du côté du fleuve interdisent le plus souvent l’accès des berges aux piétons, même si certains aménagements tendent, par endroits, à remédier à cette situation.
Pour les automobilistes eux-mêmes, la vue sur la Seine est le plus souvent obérée par un écran opaque de clôtures et de végétation accompagnant les très nombreuses péniches-logements amarrées le long du cours d’eau. Les péniches elles-mêmes, parfois amarrées perpendiculairement à l’écoulement, ajoutent un obstacle entre la berge et le plan d’eau, et confisquent la vue sur le fleuve.
Le statut routier se trouve encore renforcé aux échangeurs des portes de Saint-Cloud et de Sèvres qui occupent d’importantes surfaces et imposent les nuisances du trafic : ces vastes ouvrages constituent des obstacles physiques à la fréquentation des berges, et ont été conçus sans considérer le paysage.
Il résulte de cette situation, que la Seine n’est que peu présente à l’espace public, en dépit du linéaire important développé.
« La Seine on ne la voit quasiment jamais, tout le monde fait ce constat là. »« [Le rapport avec la Seine] est une question que nous nous posons, et qui soulève de nombreuses difficultés : sur les secteurs de la RD1, de grandes voies de circulation (…) nous sommes confrontés au bruit notamment. Dans plusieurs projets que nous développons en front de seine, nous nous rendons compte avec les urbanistes et les paysagistes que ce qui est important c’est de constituer des transversales, mais aussi de travailler dans l’épaisseur des tissus urbains de la Seine, de proposer des tracés parallèles : on ne peut résoudre le rapport à la Seine qu’en ne travaillant que sur le front de scène : ce n’est pas un décor de "fond de scène" ! »[Extraits d’entretien, Véronique tirant, SEM92]
Saint-Cloud, Clichy jpg - 1.3 Mo
La vocation routière des berges ne laisse pas beaucoup de place à une promenade piétonne qui permettrait de profiter de la position.
« Un élément majeur qui n’est pas encore valorisé aujourd’hui c’est la Seine. C’est un atout d’être en bord de Seine pour une ville, sauf qu’aujourd’hui s’interpose une départementale, un axe routier qui est très fréquenté. »[Extrait d’entretien, Nathalie Dimopoulos, Saint-Cloud]
Le coteau et les façades sur Seine, un paysage urbain très en vue, et fait de « collages »
Après l’aménagement des domaines aristocratiques à proximité des villages de coteau, l’intérêt paysager du site n’a pas cessé de motiver les implantations, notamment résidentielles. Ainsi, le coteau accueille aujourd’hui, autour des quelques bourgs initiaux (Saint-Cloud, Suresnes, Puteaux), une combinaison de secteurs pavillonnaires et de bâtiments collectifs cherchant les vues. Cette urbanisation s’insère dans les nombreux parcs et jardins qui jalonnent le relief et lui confèrent, par leurs masses de verdure, une ambiance particulière.
Entre le pied du coteau et la Seine, d’anciens secteurs industriels ont laissé place à des immeubles de bureaux et résidentiels, transformant le paysage au voisinage des berges.
Issy-les-Moulineaux jpg - 1.5 Mo
En bord de Seine les tissus évoluent rapidement, les programmes résidentiels et tertiaires succédant aux emprises industrielles. Les typologies architecturales et les dispositions offrent l'occasion de mieux dialoguer avec l'espace du fleuve, d'y présenter des façades, et de constituer des brèches qui en prolongent l'espace dans l'épaisseur des tissus.
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Vu depuis Brimborion, le coteau conjugue les formes minérales et végétales, associant des bâtiments et des arbres de hauteurs comparables. L’immeuble des Epinettes vient rompre brutalement cette relation d'échelle et la continuité de la ligne d'horizon.
Les îles : des territoires singuliers
Quatre îles importantes occupent le lit de la Seine dans cette sous-unité : les îles Saint-Germain, Seguin, de Puteaux (et l’île du Pont qui la prolonge) et de la Grande Jatte.
Le caractère insulaire - bien qu’elles soient toutes traversées par des ponts - leur donne un statut de territoire singulier, renforcé par le fait que les berges n’y sont pas occupées par les voies routières. Elles y sont en général plus accessibles, cependant l’amarrage des péniches n’est pas moins dense. Les îles accueillent d’importantes surfaces d’équipements publics ouverts tels que des terrains de sport et des jardins (la moitié de l’île Saint-Germain, la totalité de l’île de Puteaux).
L’île Seguin, ancienne « île-usine » qui a laissé l’image d’un paysage très « iconique », est l’objet d’un des projets urbains les plus notables au moment de l’élaboration de l’atlas -2013-.
« Avant il y avait l’usine Renault mais le coteau restait très fort. [L’usine] était un volume : c’était le paquebot, d’un seul tenant, sans décrochements. Dans le projet actuel de Jean Nouvel le bâtiment devient aussi fort que le coteau lui même. »« En termes de paysage il y a un réel enjeu sur l’Ile Seguin. Avec des débats selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre de la Seine et selon la perspective que l’on a : soit sur les coteaux, soit sur la ville. »« L’Ile Seguin, c’est un élément qui va être complètement central par rapport à toute la logique du territoire de la communauté d’agglomération. On ne sait pas exactement ce qui s’y fera mais ça aura un rôle stratégique et paysager évident. »[Extraits d’entretien, Nicolas Deverre et Karine Turro, Grand Paris Seine Ouest]
Parc de l'île Saint-Germain jpg - 1.4 Mo
La sculpture monumentale de Jean Dubuffet « la tour aux figures » occupe dans le parc la proue de l’île, pointée vers Paris. Les berges non circulées permettent d’admirer le fleuve et sa vie, dans une proximité finalement rarement possible.
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