Le Glacis de Châtillon-Montrouge

Limites et voisinages

Le « glacis » est un relief tendu entre des points hauts et bas. Les limites hautes sont données par la fin de l’avancée du plateau du Hurepoix vers le nord et la butte de Bagneux. Après les premières pentes encore marquées, le glacis s’étend en pente douce jusqu’à la Seine, mais la sous-unité est limitée de ce côté par le périphérique. Vers l’est, le glacis s’arrête à la vallée de la Bièvre, au nord il est recoupé plus nettement par le coteau d’Issy-les-Moulineaux.

Motifs et compositions du paysage

Horizons de nature

« Tout le nord de la ville [de Bagneux] renvoie à une topographie qui est beaucoup moins chahutée, beaucoup plus calme, plus plate »
[Extrait d’entretien, Claire Boivin, Bagneux]
« Même si elle s’appelle Montrouge, [la ville] a un terrain relativement plat (…) il y a des déclivités mais qui sont très faibles. »
[Extrait d’entretien, Jean-Loup Metton, Maire de Montrouge]

Peu d’éléments de nature mais quelques positions hautes

Le secteur n’est en contact direct avec aucun des motifs naturels majeurs des Hauts-de-Seine. Cependant, le relief de glacis offre, à proximité du plateau, au sud-ouest de la sous-unité, des positions plus élevées permettant des vues lointaines parfois très étendues. C’est par exemple le cas de la passerelle qui survole l’avenue de Verdun à Châtillon et constitue un belvédère donnant tant sur Paris que sur la Défense, selon un angle de vue peu courant. Ces points sont cependant assez exceptionnels, et dans l’ensemble les horizons restent contraints par les limites des formes urbaines.

Un gradient urbain depuis Paris

Le territoire de la sous-unité est urbanisé entièrement, excepté les emprises assez vastes du cimetière et des voies ferrées voisines. Les ambiances qui ne sont toutefois pas indifférenciées varient selon un gradient nord-sud. A proximité de Paris, la ville est dense puis, au-delà d’une ligne formée par les forts et le cimetière de Bagneux, les tissus beaucoup moins continus varient selon de petites unités.

Au nord, la proximité de Paris

Au voisinage immédiat de la capitale, les tissus présentent un caractère « parisien » de ville constituée : îlots fermés, façades alignées, velum à une hauteur de 25 m ou moins… le paysage se resserre aux limites des façades, s’ouvrant ponctuellement à l’occasion d’une place marquant une centralité locale. La sensation « parisienne » s’accentue près des bouches de métro qui se présentent comme à Paris, avec le même vocabulaire, et à quelques stations seulement du centre.

« Le secteur limitrophe à Paris (Montrouge, Malakoff, Vanves, Issy-les-Moulineaux) est très imbriqué dans le tissu parisien. Quand on passe de l’un à l’autre, il n’y a pas de différence. »
[Extrait d’entretien, Olivier Waintraub, Nexity]
« Nous considérons que [Montrouge est] un prolongement de Paris. En termes de paysages, c’est typiquement un paysage urbain assez proche des paysages parisiens. (…) Autrefois Montrouge allait jusqu’à Denfert-Rochereau. Le bâti et la densité sont très comparables à celui ou à celle d’un arrondissement de Paris. (…) Au niveau du POS il n’y a qu’une seule zone parce qu’il y a une certaine homogénéité du bâti.
(…) Il n’y a pas de paysage à proprement parler… [Je considère que] le paysage c’est quand on embrasse du regard un espace qui peut être considérable. Nous, nous n’avons pas de vue, à part des perspectives comme celle par exemple de l’avenue de la République, mais pas de vues panoramiques parce que nous sommes en milieu urbain et le regard est toujours arrêté par le bâti. (…)
C’est un territoire qui est essentiellement urbanisé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de grands parcs, comme on en trouve dans le centre du département (…). [En conséquence] tous les espaces de paysage je dirais ‘champêtre’, sont dus à l’intervention humaine. C’est un environnement qui est totalement artificiel ».
[Extraits d’entretien, Jean-Loup Metton, maire de Montrouge]
Une suite d’emprises faisant « seuil » Les forts, les voies ferrées, le cimetière, organisent une sorte de « seuil » à 1,5 km au sud du périphérique. Peu franchissables, ces enclaves relèguent les secteurs situés plus au sud.
« D’un côté [de la ville] se trouve le faisceau ferroviaire de Châtillon-Montrouge qui traverse en partie Bagneux et qui impacte très fortement la ville parce qu’il en délimite de manière très sûre toute sa partie nord-ouest. »
« [On constate également] dans la ville de Bagneux l’importance de gros équipements de superstructures et de service urbain, comme le cimetière parisien qui occupe 60 ha. C’est un morceau de ville sans aucune porosité (…) Ce cimetière est à la fois un élément d’enclave, de non ville, et en même temps un élément de paysage très fort. (…) [Cependant] il y a beaucoup de gens qui l’empruntent parce que c’est plus commode de traverser en vélo ou à pied. Moi il m’est arrivé de m’y balader. Il a quelque chose de remarquable (…) il a vraiment une qualité de biodiversité qui est à souligner et une ambiance remarquable. »
« Le Fort de Montrouge n’est pas sur Bagneux mais il en marque l’entrée. C’est une espèce d’enclave de Montrouge dans Bagneux »
[Extraits d’entretien, Claire Boivin, Nathalie Dreyer-Garde, Bagneux]
Dans une moindre mesure, enfin, les nombreux équipements présents sur le territoire de Bagneux constituent également de grandes emprises, manquant de relation avec leur environnement immédiat.
« La particularité des équipements publics de Bagneux, qui sont fort nombreux, est qu’ils sont tournés sur eux-mêmes. Il est rare d’avoir un équipement public avec une ouverture sur l’espace public. (…) Les groupes scolaires sont vraiment repliés, ils forment des ensembles assez massifs dans la ville. (…) Quant on regarde dans le quartier Nord, en particulier sur la Pierre Plate, les équipements sont vraiment retournés sur eux-mêmes. Mais ils ont un potentiel, car on peut les tramer avec les espaces verts [qui les environnent].
[Extraits d’entretien, Claire Boivin, Bagneux]

Au sud du cimetière, une fine mosaïque de tissus

Au sud de la « ligne des forts », le territoire présente des formes urbaines plus discontinues. Les pavillons et les tours et barres de logements collectifs réparties en petites surfaces dominent et se côtoient sans réellement dialoguer. Il en résulte un paysage peu cohérent, des collages, et un espace libre peu structuré. Parfois, terrains de sports ou voies ferrées créent une ouverture qui capte le ciel.

« [Le territoire de la Vallée scientifique de la Bièvre est organisé selon une] mosaïque urbaine, une juxtaposition de tissus : grands ensembles, tissus pavillonnaires divers parfois très qualifiés, parfois très ordinaires, vieux bourg, habitat continu, collectif intermédiaire. Il y a une interpénétration, une juxtaposition et une proximité entre ces tissus qu’on retrouve dans chacune des villes. »
[Extrait d’entretien, François Loscheider, Vallée scientifique de la Bièvre]
« [La ville de Bagneux] c’est tout le contraire de la monotonie. Elle est vraiment multiple et offre des facettes assez diversifiées »
[Extrait d’entretien, Claire Boivin, Bagneux]
Les grands logements collectifs, identifiés comme « grands ensembles », impriment une ambiance particulière et ne sont pas appréciés de la même façon par tous. Considérés par certains comme des enclaves urbaines dialoguant peu avec leur environnement, enfermés dans l‘absence de perspective due aux implantations des barres, ils sont aussi considérés comme paysage d’identification par des habitants.
« Quand on se trouve dans le quartier de la Pierre Plate, ce labyrinthe de barres (…) cela renvoie à une certaine ambiance qui ‘fait’ un paysage. D’ailleurs, ce qui est assez amusant et paradoxal, c’est que les habitants l’apprécient alors qu’on peut avoir tendance à dire que la Pierre Plate est un quartier enclavé. Ils trouvent [cette organisation urbaine] un peu rassurante et ne vivent pas forcément l’enclavement de la même manière que nous pourrions le percevoir. »
[Extrait d’entretien, Claire Boivin, Bagneux]

Le centre ancien de Châtillon qui se trouve aux franges de la sous-unité, à proximité immédiate de ceux de Clamart, Bagneux et Fontenay-aux-Roses situés dans d’autres sous-unités paysagères, se démarque par son caractère de village d’Ile-de-France.

Deux axes fédérateurs La RD920 (ancienne RN20) et la RD906 prolongent au sud un des axes historiques qui traversent Paris. Structurées en perspective par leur tracé rectiligne et de beaux alignements d’arbres, elles concentrent sur leurs rives une urbanisation plus intense, et s’affranchissent des obstacles créés par les forts et le cimetière.
« L’axe Henri Barbusse [D77A] est un axe fondateur de la ville de Bagneux. Il est la colonne vertébrale autour de laquelle s’organisent les fonctions urbaines, les équipements publics, etc »
[Extrait d’entretien, Claire Boivin, Bagneux]
Amenée à muter à l’occasion des projets d’axe qui la concernent, la RD920 peut être aujourd’hui perçue comme une frontière, en particulier dans son tronçon nord.
« [La RD920] est une très belle avenue, large, avec des grandes perspectives, superbement bien préservées mais très peu mises en valeur [ce qui va faire l’objet] dans les années à venir de projets engagés par les collectivités [afin] de la faire évoluer et d’intégrer ce territoire dans la continuité parisienne. (…) [Elle fait partie de] ces grandes avenues, ces grands axes [qui] sont dans l’histoire du territoire. Ils sont en lien avec l’ensemble des bourgs anciens, situés en retrait, de part et d’autre. C’est un grand boulevard qui relie le centre des collectivités. (…)
Il serait intéressant de conduire un travail sur ce qu’est cet axe et cette centralité dans le territoire (…) [Elle] va être un axe assez important dans ces mutations qui ont commencé à Arcueil, Antony, Bourg-la-Reine, et qui vont se prolonger à Bagneux, Cachan et Montrouge. (…) Les continuités de projets se font sur cet axe ainsi que sur des axes plus perpendiculaires à celui-ci, de proximité, ou à l’échelle du territoire [de la Vallée scientifique de la Bièvre], au travers de ce grand paysage. »
[Extraits d’entretien, François Loscheider, Vallée Scientifique de la Bièvre]
« La RD920 est une façade urbaine qui marque une frontière très forte et très nette entre les villes de [Bagneux et de] Cachan et Arcueil. Elle est aujourd’hui quasiment infranchissable. (…) C’est une voie de transit où les deux rives ne se parlent pas et se tournent le dos plutôt que de constituer une avenue urbaine »
« [La RD920] n’est pas une frontière, elle est administrative mais ça n’est pas une frontière physique. Les habitants la traversent pour aller au RER d’un côté ou au marché de l’autre, certes avec difficulté parce qu’elle n’est pas sympathique à traverser. »
[Extraits d’entretien, Claire Boivin et Nathalie Dreyer-Garde (Bagneux), puis François Loscheider (Vallée Scientifique de la Bièvre)]

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