Conforter le paysage des grands axes routiers

publié le 5 novembre 2014 (modifié le 8 juillet 2015)
Carte de localisation de la route Départementale 906 et ses abords à Châtillon, Fontenay-aux-Roses et Clamart en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation de la route Départementale 906 et ses abords à Châtillon, Fontenay-aux-Roses et Clamart

La route départementale 906, entre Châtillon et Clamart

L’axe comme structure pour le paysage

Le tronçon de la RD 906, entre Châtillon et Clamart, que la ligne de tramway T6 va desservir (fin de chantier prévue fin 2014), est représentatif de la forte dynamique d’évolution impulsée par le tramway et des enjeux de paysage associés à la transformation de l’axe routier et de ses abords : traitement de la perspective, aspect des tissus riverains, rôle des clôtures, usages de déplacement.

Opportunités et enjeux de paysage

L’axe de la RD 906 est l’une des grandes routes historiques rayonnant autour de Paris, « avenue métropolitaine » donnant une cohérence au territoire de part et d’autre du périphérique. Il constitue en cela une structure paysagère importante, un repère, un point de perception et un lien territorial fort. Il est aussi, notamment depuis les fortes extensions urbaines du XXe siècle, un lieu de concentration des dynamiques de transformation spatiales motivées par la desserte routière, à laquelle s’ajoute désormais celle du tramway.

La ligne de tramway circule dans l'espace de l'avenue, sur les bords de laquelle se côtoient des formes bâties contrastées, et un alignement d'arbres décimé par endroits. en grand format (nouvelle fenêtre)
La ligne de tramway circule dans l’espace de l’avenue, sur les bords de laquelle se côtoient des formes bâties contrastées, et un alignement d’arbres décimé par endroits.

La perspective, un repère dans l’espace et un ancrage à l’histoire

L’atlas des routes de France, dit atlas de Trudaine, réalisé dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, donne une belle représentation de la route dans sa partie sud-ouest. Le plan aquarellé prend soin de figurer les alignements d’arbres qui accompagnent la voie construite en perspective rectiligne. Ce vocabulaire construit un paysage caractéristique des voies rayonnant autour de Paris, et fait écho aux allées des grands parcs classiques (la perspective de Meudon toute proche, les tracés des bois de chasse).

Le plan indique aussi que le développement urbain du plateau est tardif : il est encore entièrement agricole après 1750, sans aucun noyau d’urbanisation après Clamart.

Atlas de Trudaine pour la généralité de Paris. Département de Versailles. 1745-1780, Archives nationales  en grand format (nouvelle fenêtre)
Atlas de Trudaine pour la généralité de Paris. Département de Versailles. 1745-1780, Archives nationales
Portion de route à partir de l’étang de "Villacoublay" vers "Châtillon" avec embranchements, l’un vers le parc de "Meudon", l’autre vers Le-Plessis-Robinson ("Le-Plessis-Piquet").

Retrouver la continuité de l’alignement

Les grands alignements d’arbres ont longtemps apporté à ces axes du confort, de la lisibilité et une réelle qualité paysagère. Ils n’ont cependant pas tous été maintenus. Avec le temps et la succession des constructions sur les côtés, les alignements du tronçon de la RD 906 entre Chatillon et Clamart se sont en partie dégradés.

Une opportunité et un enjeu des projets à venir consistent à retrouver la continuité de l’alignement. Cette continuité contribuerait à l’intérêt paysager de l’espace, lui donnerait de l’unité en compensant la disparité des tissus riverains et, par la succession continue des arbres, participerait aux trames naturelles.

Clamart, vers le 84, avenue du général de Gaulle. Photomontage  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clamart, vers le 84, avenue du général de Gaulle. Photomontage
A gauche, l’alignement initial a été décimé par l’urbanisation.
A droite, photomontage : une fois restituée, la continuité de l’alignement redonne à l’espace de l’avenue une indéniable qualité paysagère.

Mettre en valeur le relief, repère et élément de nature

Le long de la séquence, du sud-ouest au nord-est, l’axe circule sur le plateau (alt. 165 m environ), en franchit le rebord, puis dévale le long glacis qui s’étend vers la Seine, parcourant un dénivelé de 80 m en 2,3 km.

Profil altimétrique (géoportail)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Profil altimétrique (géoportail)
La forme du relief passe du plateau au glacis à l’approche de la Seine.


Le parcours est scandé par plusieurs séquences qui renforcent la présence sensible du relief.

  • Le passage encaissé dans le quartier des Sablons à Châtillon. Ici, le franchissement du rebord du plateau est accentué par les soutènements de part et d’autre de la route, le passage de la rue Marceau formant un effet de porte, et par les boisements des jardins situés de part et d’autre de l’avenue.
  • La place de la division Leclerc à Clamart marque le seuil de la séquence de plateau. Cette place est en outre une « triple » entrée de ville, puisqu’elle se partage entre Châtillon, Clamart et Fontenay-aux-Roses.

Alors que, dans le quartier des Sablons, le passage en décaissé rend le relief sensible, la place de la division Leclerc pourrait exprimer davantage sa position de rebord, en valorisant l’effet de perspective vers le glacis et le plateau, et surtout en renforçant le paysage urbain de la place elle-même, aujourd’hui difficilement identifiable en raison du manque de cohérence des constructions qui la bordent.

Quartier des Sablons à Châtillon, le passage encaissé  en grand format (nouvelle fenêtre)
Quartier des Sablons à Châtillon, le passage encaissé
Reliefs, jardins arborés et pont rendent la séquence sensible. L’aménagement récent de l’espace pour le passage du tramway accentue la présence de la végétation, tout en ne laissant l’alignement de platanes que d’un côté.

Depuis le pont de la rue Marceau à Châtillon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Depuis le pont de la rue Marceau à Châtillon
Le relief de glacis organise une belle vue en perspective vers Paris qui se poursuit jusqu’à l’horizon formé, en face, par le plateau de Romainville.

Clamart, place de la division Leclerc  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clamart, place de la division Leclerc
L’espace de la place manque de lisibilité, tiraillé entre les diverses implantations qui ne permettent pas d’en souligner la forme. La place est en outre située à la frontière des 3 communes de Clamart, Chatillon et Fontenay-aux-Roses, ce qui ne facilite probablement ni son identification, ni la formulation d’un projet de paysage urbain structuré. Pour chaque commune, la place se trouve en limite, et non en position de centralité.

Clamart, rue de la Division Leclerc, un exemple où le relief est sensible  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clamart, rue de la Division Leclerc, un exemple où le relief est sensible
Implantée directement dans la pente du coteau, la rue ouvre sur le paysage en contrebas : le Val Fleury, la Seine, et Saint-Cloud à l’horizon.

Créer un paysage urbain plus structuré, plus vivant, plus intense

Avec le temps, les abords de l’avenue se sont construits en mêlant activités, logements individuels, logements collectifs, commerces. Ce manque de cohérence de l’espace de l’avenue n’est plus compensé aujourd’hui par la continuité de l’alignement de platanes, très décimé.

La ligne de tramway offre une remarquable opportunité de recomposition des abords de l’axe. Elle permet de constituer une nouvelle ambiance urbaine, de trouver davantage de cohérence entre les formes bâties et de constituer un paysage urbain plus structuré et plus vivant.
Les dimensions de l’avenue (environ 30 m entre façades) autorisent des prospects généreux et une évolution urbaine tirant parti de la desserte pour produire davantage de logements associés aux activités et aux commerces.
Dans cette évolution, la place de la voiture, déjà réduite par la ligne de tramway, peut également être repensée sur les abords en accueillant plus généreusement les piétons, les vélos, les terrasses de café… tandis que les nouvelles constructions peuvent offrir des stationnements en sous-sol plutôt qu’en surface.
Une coordination des projets entre les trois communes serait utile pour produire un paysage cohérent, tout en valorisant la variété des ambiances selon les séquences.

Différentes formes bâties le long de la RD 306  en grand format (nouvelle fenêtre)
Différentes formes bâties le long de la RD 306
Sur la séquence, pourtant courte, les formes bâties se succèdent sans cohérence, créant un paysage déstructuré. Les chantiers en cours indiquent la dynamique créée par la ligne de tramway qui peut faire naître un nouveau paysage urbain. La restauration de l’alignement peut qualifier l’espace de l’avenue, en complément du processus de densification.

Reconsidérer les linéaires de clôtures et les pignons aveugles

Les clôtures comptent beaucoup dans la perception du territoire depuis l’espace public. Les futurs observateurs assis dans le tramway auront à hauteur des yeux les ambiances formulées par les éléments situés dans les trois premiers mètres au-dessus du sol. Dans certains cas, ce seront les clôtures de certaines vastes emprises. Leur rôle paysager pourrait être reconsidéré.

De loin en loin, du fait des disparités des formes bâties, apparaissent des pignons sans ouvertures, qui rendent l’espace peu aimable : leurs abords peuvent constituer des secteurs prioritaires de densification.

Clamart, clôture du site du laboratoire de recherche EDF  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clamart, clôture du site du laboratoire de recherche EDF
L’alignement des platanes, ici préservé, et la végétation située à l’intérieur du site, atténuent l’effet négatif du mur de béton. Une clôture moins opaque permettrait à la végétation présente à l’intérieur du site de l’EDF de contribuer à la qualité paysagère de l’avenue elle-même.
Clôture du cimetière de Clamart  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clôture du cimetière de Clamart
A l’inverse, la transparence de la clôture métallique permet aux belles ambiances du cimetière de se diffuser dans le paysage perçu depuis l’avenue en particulier par les piétons, cyclistes, et passagers du tramway.


















Pignons  en grand format (nouvelle fenêtre)
Pignons
Les différences entre hauteurs bâties, les pignons sans ouvertures ont créé une urbanisation sans cohérence aux bords de la route que l’alignement en grande partie disparu ne vient pas compenser.

Châtillon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Châtillon
Cette séquence présente une plus grande cohérence des volumes et des façades.