Conforter le paysage des grands axes routiers

La route départementale 906, entre Châtillon et Clamart

L’axe comme structure pour le paysage

Le tronçon de la RD 906, entre Châtillon et Clamart, que la ligne de tramway T6 va desservir (fin de chantier prévue fin 2014), est représentatif de la forte dynamique d’évolution impulsée par le tramway et des enjeux de paysage associés à la transformation de l’axe routier et de ses abords : traitement de la perspective, aspect des tissus riverains, rôle des clôtures, usages de déplacement.

Opportunités et enjeux de paysage

L’axe de la RD 906 est l’une des grandes routes historiques rayonnant autour de Paris, « avenue métropolitaine » donnant une cohérence au territoire de part et d’autre du périphérique. Il constitue en cela une structure paysagère importante, un repère, un point de perception et un lien territorial fort. Il est aussi, notamment depuis les fortes extensions urbaines du XXe siècle, un lieu de concentration des dynamiques de transformation spatiales motivées par la desserte routière, à laquelle s’ajoute désormais celle du tramway.

La perspective, un repère dans l’espace et un ancrage à l’histoire

L’atlas des routes de France, dit atlas de Trudaine, réalisé dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, donne une belle représentation de la route dans sa partie sud-ouest. Le plan aquarellé prend soin de figurer les alignements d’arbres qui accompagnent la voie construite en perspective rectiligne. Ce vocabulaire construit un paysage caractéristique des voies rayonnant autour de Paris, et fait écho aux allées des grands parcs classiques (la perspective de Meudon toute proche, les tracés des bois de chasse).

Le plan indique aussi que le développement urbain du plateau est tardif : il est encore entièrement agricole après 1750, sans aucun noyau d’urbanisation après Clamart.

Retrouver la continuité de l’alignement

Les grands alignements d’arbres ont longtemps apporté à ces axes du confort, de la lisibilité et une réelle qualité paysagère. Ils n’ont cependant pas tous été maintenus. Avec le temps et la succession des constructions sur les côtés, les alignements du tronçon de la RD 906 entre Chatillon et Clamart se sont en partie dégradés.

Une opportunité et un enjeu des projets à venir consistent à retrouver la continuité de l’alignement. Cette continuité contribuerait à l’intérêt paysager de l’espace, lui donnerait de l’unité en compensant la disparité des tissus riverains et, par la succession continue des arbres, participerait aux trames naturelles.

Mettre en valeur le relief, repère et élément de nature

Le long de la séquence, du sud-ouest au nord-est, l’axe circule sur le plateau (alt. 165 m environ), en franchit le rebord, puis dévale le long glacis qui s’étend vers la Seine, parcourant un dénivelé de 80 m en 2,3 km.

Le parcours est scandé par plusieurs séquences qui renforcent la présence sensible du relief.
  • Le passage encaissé dans le quartier des Sablons à Châtillon. Ici, le franchissement du rebord du plateau est accentué par les soutènements de part et d’autre de la route, le passage de la rue Marceau formant un effet de porte, et par les boisements des jardins situés de part et d’autre de l’avenue.
  • La place de la division Leclerc à Clamart marque le seuil de la séquence de plateau. Cette place est en outre une « triple » entrée de ville, puisqu’elle se partage entre Châtillon, Clamart et Fontenay-aux-Roses.

Alors que, dans le quartier des Sablons, le passage en décaissé rend le relief sensible, la place de la division Leclerc pourrait exprimer davantage sa position de rebord, en valorisant l’effet de perspective vers le glacis et le plateau, et surtout en renforçant le paysage urbain de la place elle-même, aujourd’hui difficilement identifiable en raison du manque de cohérence des constructions qui la bordent.

Créer un paysage urbain plus structuré, plus vivant, plus intense

Avec le temps, les abords de l’avenue se sont construits en mêlant activités, logements individuels, logements collectifs, commerces. Ce manque de cohérence de l’espace de l’avenue n’est plus compensé aujourd’hui par la continuité de l’alignement de platanes, très décimé.

La ligne de tramway offre une remarquable opportunité de recomposition des abords de l’axe. Elle permet de constituer une nouvelle ambiance urbaine, de trouver davantage de cohérence entre les formes bâties et de constituer un paysage urbain plus structuré et plus vivant.
Les dimensions de l’avenue (environ 30 m entre façades) autorisent des prospects généreux et une évolution urbaine tirant parti de la desserte pour produire davantage de logements associés aux activités et aux commerces.
Dans cette évolution, la place de la voiture, déjà réduite par la ligne de tramway, peut également être repensée sur les abords en accueillant plus généreusement les piétons, les vélos, les terrasses de café… tandis que les nouvelles constructions peuvent offrir des stationnements en sous-sol plutôt qu’en surface.
Une coordination des projets entre les trois communes serait utile pour produire un paysage cohérent, tout en valorisant la variété des ambiances selon les séquences.

Reconsidérer les linéaires de clôtures et les pignons aveugles

Les clôtures comptent beaucoup dans la perception du territoire depuis l’espace public. Les futurs observateurs assis dans le tramway auront à hauteur des yeux les ambiances formulées par les éléments situés dans les trois premiers mètres au-dessus du sol. Dans certains cas, ce seront les clôtures de certaines vastes emprises. Leur rôle paysager pourrait être reconsidéré.

De loin en loin, du fait des disparités des formes bâties, apparaissent des pignons sans ouvertures, qui rendent l’espace peu aimable : leurs abords peuvent constituer des secteurs prioritaires de densification.


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