La Seine, une référence paysagère capitale
Le site métropolitain initial
La Seine est, au cœur de la métropole, le motif qui en représente le site naturel avec le plus d’intensité. Elle a ainsi donné longtemps son nom au département qui, de 1790 à 1964, unissait Paris et la petite couronne. En se développant dans les Hauts-de-Seine sur une si grande longueur, le fleuve inscrit le département dans la continuité du paysage de la capitale. Et l’eau qui s’y écoule est appréciée comme un élément essentiel de la vie naturelle : sa présence renforce le contact avec le monde et ouvre aux esprits d’innombrables paysages imaginaires.
Un point de vue très fréquenté
D’importantes routes occupent les berges, cependant les voies destinées aux piétons et aux cyclistes se développent également. Il existe une demande sociale pour bénéficier des berges dans une ambiance moins routière.
Dans les opérations récentes, les berges font l’objet de projets visant à instaurer des promenades lorsqu’elles n’existent pas, à libérer des vues en écartant un peu les péniches et en abattant des écrans qui occultent la présence visuelle du fleuve.
Les bords de Seine sont aussi très habités, vécus au quotidien par des habitants et de très nombreux travailleurs dont le fleuve constitue le paysage cadré par les fenêtres. Il est possible de comprendre l’émotion que peut provoquer un projet qui viendrait obérer ces vues, ou au contraire l’effet très positif que procure l’ouverture d’une nouvelle « fenêtre ».
Une ouverture créatrice de paysages
Si la peinture et la photo accordent à la Seine une place si importante, c’est aussi pour des raisons picturales : le plan d’eau constitue une surface visuellement dégagée, qui occasionne à la fois des visions lointaines, des reflets, et des effets de lumière. Le dégagement visuel permis par la surface du fleuve, outre qu’il porte avec lui toute la culture picturale, reste aussi une condition de paysage très appréciable, en particulier au sein des horizons souvent très resserrés par l’urbanisation.
Ainsi, toute intervention réalisée à proximité du fleuve intervient dans un paysage majeur, s’inscrit dans un paysage d’une sensibilité accrue et doit être mesurée en raison de son incidence sur les équilibres en place. La construction du viaduc de Saint-Cloud serait par exemple aujourd’hui plus difficile à envisager, l’impact sur le paysage de Seine ne serait probablement plus accepté par la sensibilité contemporaine.
Des pénétrantes
Par certains mécanismes de l’espace, le paysage de la Seine peut trouver des prolongements dans les territoires, au-delà des berges. La profondeur des ouvertures perpendiculaires, notamment, permet d’étendre le domaine sensible du fleuve au-delà de sa visibilité réelle par le jeu des perspectives ou des respirations latérales. Presque tout Boulogne-Billancourt, par exemple, dispose de perspectives dont on sait qu’elles débouchent sur la Seine et sur les coteaux qui l’environnent. Autre exemple, à Issy-les-Moulineaux, les quartiers nouveaux cherchent à instaurer des ouvertures perpendiculaires au fleuve, afin d’en renforcer la présence.
L’exemple le plus magistral de la « transposition » de l’espace du fleuve dans l’espace public est, bien entendu, celui de la perspective des Tuileries qui naît dans le jardin parfaitement parallèle à la Seine dont il prolonge l’élan jusqu’à l’horizon, à travers l’espace public du grand axe.
Certains jardins jouent un rôle comparable, en prolongeant, loin des berges, les paysages « accrochés » aux berges : Saint-Cloud, au premier chef, mais aussi d’autres jardins plus modestes, comme le parc de Bécon à Courbevoie.
La tour Pleyel à gauche, la Défense à droite, s’inscrivent dans le ciel de la Seine à Villeneuve-la-Garenne et à Asnières-sur-Seine. Les ponts jouent un rôle essentiel : ils offrent les points de vue les plus appréciables, et animent eux-mêmes les paysages, formant des cadres visuels aux plans d’eau.
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