Table ronde sur le quartier nord à Bagneux
Principaux sujets évoqués et compte rendu du rapporteur
Table animée par Sébastien Giorgis (paysagiste conseil /DRIEE), Magali Pinon-Leconte (DRIEA/UT92) et Marie Lubat (équipe MOE)
NOM | QUALITE | |
---|---|---|
PORTEURS
DE PROJET |
Delphine Molenat | Ville de Bagneux |
Alexandre Jonvel | COBE | |
PARTICIPANTS | CHERET Marc | DRIEE |
DEVAL Jacques | DRIEA | |
FORTIN Claudie | Saint-Cloud | |
GARIAZZO Camille | Bourg-la-Reine | |
GUEURET Denis | Rueil-Malmaison | |
MONSENEGO Véronique | DRIEA | |
HEUDE Ripert | Clamart | |
TRIPIER Pierre | Environnement 92 | |
SCHMITT Sophie | SODEARIF |
Les échanges en table ronde
Le temps de la table ronde est organisé en deux tours de tables successifs : un premier sur les ressentis vis-à-vis du territoire et du projet et un second sur les souhaits et les propositions des participants.
Un territoire fragmenté, à relier
Un des principaux débats de la table est celui de la « fragmentation » /du « patchwork » / du manque de liaison entre des entités distinctes constituant ce territoire (le quartier de la Pierre Plate, le cimetière, le quartier Victor Hugo, la future gare…) :
- entre les quartiers : un territoire extrêmement fragmenté, notamment en raison de la présence d’un quartier de grand ensemble des années 1960 qui participe à créer une fragmentation, de la disparité des tissus ;
- à une échelle plus large : le quartier nord souffre aujourd’hui d’enclavement en termes de transports publics.
La conception du plan guide élaboré par l’agence COBE s’est nourrie des travaux effectués sur l’écoquartier (la ZAC existante précédemment), notamment sur la mise en réseau d’espaces verts.
Le quartier de la Pierre Plate
- Une typologie de grands ensembles conservée
Le quartier de la Pierre Plate est abordé sous l’angle patrimonial et de la puissance de son architecture. Des questions sont posées sur la préservation des bâtiments. Une inquiétude est exprimée sur le devenir des tours et des barres à l’occasion de l’arrivée de la nouvelle gare. Le projet prévoit de maintenir les barres et les tours. Elles font partie de l’identité de la ville et de son paysage. Le projet prévoit dans le même temps de mettre à profit l’espace libre de ce secteur via une densification avec un objectif de rééquilibrage de logements sociaux/privés (à ce jour la ville de Bagneux compte 70 % de logements sociaux).
- La relation au grand paysage
Le quartier de la Pierre Plate peut être considéré comme à la fois un quartier social et un quartier de « dominance » du fait de la qualité des appartements (logements traversants, grandes surfaces, vues sur le grand paysage…). Un des enjeux est ainsi de tirer parti des grands ensembles pour la vue sur les horizons, la relation entre les vues depuis les espaces intérieurs et les espaces extérieurs.
- Des espaces publics à revaloriser
Cependant le constat du manque d’espace public de qualité est soulevé : des espaces « sans qualité », « sans forme », manquant de « saveur ». Leur niveau de fréquentation est d’ailleurs à ce jour très faible comparativement à la densité de population du quartier.
- Une réappropriation des lieux par les habitants grâce à l’adressage
Une remarque positive est soulevée en raison de l’absence de l’idée de résidentialisation dans le discours des porteurs de projet. Alexandre Jonvel explique que la résidentialisation prévue dans le projet s’opère par l’adressage (aujourd’hui les habitants disent habiter la tour Chopin/Domaxis… et ne se réfèrent pas à un numéro et à une rue) plutôt que par le besoin de réintroduire une limite privé/public. Pour cela le projet prévoit une redéfinition de l’armature de l’espace public (création de deux nouvelles rues).
Cette question est rapprochée de l’opération des Terrasses à Nanterre où il n’y a aucun numéro. Cela génère un enjeu de repère ou pose la question de nos usages numériques (besoin d’utiliser son téléphone pour se repérer et trouver son chemin).
L’absence d’un dialogue avec le cimetière
Des remarques sont émises sur le rapport du projet avec le cimetière parisien de Bagneux. Fait-il parti du « ring » d’espaces verts du projet et si non pourquoi ?
Le projet n’intègre pas le cimetière en raison du manque d’accès à celui-ci et la trop grande difficulté à le relier. Le projet privilégie le développement d’espaces verts de proximité au cœur du quartier.
L’arrivée des métros 4 et 15 (Grand Paris Express)
- L’opportunité pour une nouvelle centralité…
Les métros vont émerger sur une nouvelle place que le projet considère comme étant une nouvelle polarité du territoire (se rajoutant aux centralités existantes du centre ancien et de la Vache noire). Alexandre Jonvel constate qu’en banlieue il y a souvent un besoin de surjouer la présence du réseau de transport par des émergences sur l’espace public, des bâtiments « totems urbains » alors que dans Paris une trémie suffit. Selon lui il faut davantage se concentrer sur la qualité des espaces publics et de la programmation des RDC de la place que sur la qualité même de la gare.
L’objectif est que cela ne soit pas un espace réservé uniquement aux transports, mais qu’il devienne une polarité forte en relation avec les quartiers alentour.
- … et pour une transformation de ce quartier…
Le projet prévoit de profiter de la construction des gares pour densifier le quartier et le faire muter (nouveaux logements et bureaux dans l’éco-quartier Victor Hugo, logements en accession dans le quartier de la Pierre Plate).
- … tout en préservant l’identité du site
Un autre enjeu fort du projet urbain est que le quartier ne perde pas son âme en raison de l’arrivée de ces réseaux de transports majeurs. Les réflexions sur l’intégration de la gare ont donc conduit à la volonté d’une insertion identitaire et contextualisée de cette nouvelle polarité.
Quelle insertion du projet dans le paysage géographique ?
Le territoire du quartier nord s’inscrit dans une logique est/ouest du paysage en lien avec la vallée de la Bièvre. Cependant cela est peu ressenti dans le projet.
Un paysage interdépartemental ?
La localisation du site, à proximité immédiate de la limite administrative avec le Val-de-Marne (à l’est de l’ex RN20) interroge la question du paysage interdépartemental.
Des propositions
Concernant les espaces publics
Les espaces publics, dans ce contexte, doivent être conçus à la fois comme paysages et comme lieux d’usage. Ils doivent être porteurs des flux en direction de cette nouvelle polarité mais également en connexion avec le reste de la ville afin de répondre à l’enjeu de lien.
Le maillage d’espaces verts joue à ce titre un rôle intéressant pour le quartier. De plus ce réseau d’espaces verts autour de cette nouvelle centralité répond à la logique de parcs en réseau que l’on retrouve également autour du centre ancien (élargi avec les Mathurins), conférant ainsi une identité commune pour la ville.
Le positionnement de la centralité/polarité
Où se trouve la centralité ? Est-elle ponctuelle ou linéaire ? La polarité doit-elle être repérée (ex. gare totem)? Comment gérer l’arrivée des gares et de ces nouvelles polarités ?
Alexandre Jonvel rappelle que le plan Cornudet, ayant tracé l’axe reliant le centre ancien de Bagneux à Paris, a permis de faire de l’avenue Henri Barbusse la colonne vertébrale de la ville et ainsi une nouvelle polarité. Cet axe joue aujourd’hui un rôle de repère au sein de la ville et de ses différents quartiers.
Une polarité doit aussi s’organiser autour du pôle de transport. Un enjeu est d’y assurer une intensité urbaine en surface, un lieu vécu, et non seulement un lieu de flux et de transit. Cela pose notamment la question de la programmation d’équipements pour ce site, notamment en surface. Cela pose également la question de la porosité de ce lieu avec le reste de la ville. Un éventuel élément de réponse est soulevé par Delphine Molenat : un équipement polyvalent mixte (public privé) qui offrirait la « ville numérique » et la « ville des proximités », à différents publics (voyageurs, habitants…) qui attirerait ainsi différentes populations et pas uniquement celles en « transit ».
L’identité du territoire
Le projet amène les participants à s’interroger sur l’identité future du territoire :
- conserver les barres et tours en donnant une autre « saveur » à leurs espaces publics ?
- la banlieue ou la métropole ?
- Bagneux ou une nouvelle image d’un Grand Paris ?
- maintien d’un patchwork urbain ou création d’une nouvelle polarité sans diversité et avec une écriture architecturale identique ?
Le paysage doit être utilisé pour construire un projet et une identité. Une orientation majeure qui doit être donnée aux projets est de composer avec l’existant, le « déjà là, sous toutes ses formes ».
Souhait que le projet permette de concilier l’identité existante de Bagneux en tant que ville populaire et la modernité de ce nouvel espace organisé autour du pôle gare.
Le compte rendu du « rapporteur » - Marc Cheret
Marc Cheret revient sur les éléments majeurs de contexte soulevé par la table ronde :
- la question de l’identité de ce territoire
- la très forte fragmentation (grand ensemble, futur éco-quartier, ancienne nationale 20 en cours de requalification…)
- un territoire situé entre les centralités du centre ancien, au sud, et de la Vache noire, au nord
Les réflexions ont porté sur l’identité à donner à ce nouveau pôle :
Faut-il garder les barres ?
- un type de résidentialisation permettant de recréer un adressage
- lisibilité de l’espace public.
L’enjeu étant de créer un quartier lisible et cohérent autour de la gare, avant même l’arrivée des infrastructures de transport.
Une deuxième échelle de réflexion est l’échelle métropolitaine à l’occasion de l’arrivée de ces réseaux de transports et des conséquences sur l’identité du territoire :
- S’agira-t-il d’une inscription dans l’échelle parisienne via l’arrivée du métro 4, ou plus largement d’une inscription métropolitaine grâce à l’arrivée du réseau Grand Paris Express ?
- Faut-il une gare totem permettant d’identifier cet espace ou plutôt un espace public qui par son identité locale ferait office de polarité ?
- En sortant du métro se retrouvera-t-on dans une identité balnéolaise, une identité de banlieue, une identité interdépartementale ou une identité des Hauts-de-Seine… ?
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