Table 3 - Boucle de la Seine d’Issy-les-Moulineaux à Clichy

publié le 5 juillet 2013 (modifié le 6 juillet 2015)

Table animée par Marie LUBAT (équipe maîtrise d’œuvre) et Joëlle WEILL (DRIEE)

PARTICIPANTS

NOMQUALITE
MOURANCHE Daniel Président association Vivre à Meudon
MARTIN Mélodie Cartographe AIGP
SOULE Jean-Sébastien Directeur CAUE 92
MAUGER Christelle Ville d’Issy-les-Moulineaux, service urbanisme
FAVIER Lionel Association Neuilly Puteaux Seine Ecologie
SEYNAVE Eric Maire adjoint Saint-Cloud
BLANCOT Christiane APUR pôle évolution urbaine
PELET-CHEVALIER Julie Ville de Boulogne-Billancourt, service développement durable
DEGROOTE Stanislas DRIEA / UT92
NORGUET Clotilde Association ACTEVI Issy-les-Moulineaux
MONNET Antoine Associations Val de Seine Vert et La fabrique
HISSAR Houda Ville de Clichy, chargée d’étude urbanisme

Quel rapport à la Seine ?


Le rapport à la Seine, en tant que constat et en tant qu’enjeu a été le principal sujet abordé par les participants qui se sont donc interrogés sur la sous-unité « Seine des belvédères ».

En effet, le fleuve n’est pas ou peu accessible ni visible depuis de nombreux points de la sous-unité. Mme Norguet (ACTEVI) indique qu’à Issy-les-Moulineaux, on ne voit la Seine que lorsqu’on s’en éloigne, principalement en raison des tissus (très) denses de la plaine du Val de seine.
« A Issy-les Moulineaux la Seine n’existe pas aussitôt que vous vous en éloignez d’une série de bâtiments (…) et même quand on va sur les points les plus hauts d’Issy, on ne la voit jamais », « il n’y a plus d’espace de respiration ».

M. Seyvane (ville de Saint-Cloud) fait le même constat de la faible relation avec la Seine à Saint-Cloud, notamment en raison de l’impact des infrastructures qui la cachent et qui empêchent tout contact avec le fleuve. C’est notamment le cas de l’A13 et de son échangeur, mais également de la route départementale (RD7) très passante qui rompt complètement la relation ville/Seine.
« La Seine a quasiment été rayée du paysage. A Saint-Cloud on la domine donc on devrait avoir des vues imprenables, alors qu’en fait il existe quelques points de vue mais rarissimes, on voit Paris mais on ne voit pas la Seine ».

M. Monnet (Val de Seine Vert) précise que dans les années 50 au contraire la RD7 était une vraie rue avec les usines Renault d’un côté et les habitations de l’autre côté. L’accès à la Seine se faisait par le chemin de halage (où se trouvaient les guinguettes).

Ainsi il a été évoqué la notion de « saut » au sujet du rapport à la Seine : les hauteurs disposant de vues sur Paris mais pas sur la Seine : les belvédères ne sont donc pas (ou peu) des belvédères sur la Seine, mais plutôt des belvédères sur Paris. Pour Mme Blancot (APUR) : « la partie de la vallée de la Seine, donc la partie la plus basse, est niée dans ses vues lointaines, donc il y a une espèce de saut entre les coteaux et le Paris historique ».

M. Seynave souhaite rappeler que, avant la 2ème Guerre mondiale, la Seine était un lieu d’animation (guinguettes…). « Aujourd’hui la Seine a été colonisée par la voiture ». A tel point qu’il considère que dans les composantes essentielles de la sous-unité il faudrait rajouter « voiture » à Seine et à belvédères.

M. Mouranche et M. Seynave soulignent la spécificité du rapport à la Seine en raison de la boucle qui la rend de fait plus visible et avec un paysage plus intéressant que les parties linéaires du fleuve.

Au cours des discussions concernant les entités appartenant ou pas à la sous-unité intégrant la Seine, deux critères de la relation paysagère avec le fleuve sont donc ressortis : les vues sur le fleuve ; et l’usage/l’accès au fleuve.

M. Favier (Neuilly-sur-Seine) considère en effet que le rapport à la Seine n’est pas forcément d’avoir une vue directe sur le fleuve mais d’avoir des quartiers dont la vie soit en relation avec la Seine.
A Clichy, les rez-de-chaussée (d ‘une opération antérieure) sont inaccessibles, sans vue.
Ex. de Nantes où la réalisation du tramway a au contraire permis de reconquérir les bords de l’Erdre.
A Clichy un port bas permet une relation directe à l’eau : on est ici en relation directe avec la Seine et avec une vue sur le parc de l’Île Robinson en face.
Il souhaite revenir sur des évolutions historiques et notamment le fait que des îles ont disparu car elles sont dorénavant rattachées aux rives. Ces évolutions sont notamment liées à la volonté passée de faire de la Seine un axe de transport, ce qui a conduit à la situation actuelle où l’on recherche un retour vers la Seine, une tentative de reconquête (cf. Courbevoie : une terrasse en béton au dessus de la RD7 bien qu’elle soit jugée comme catastrophique). Il est important d’ouvrir la vue sur la Seine, d’avoir des quartiers vivants, en relation « vivante » avec la Seine. M. Favier donne l’exemple de l’aménagement où une esplanade est en cours de construction sur la Seine au niveau du quai du Musée d’Orsay : la Seine comme scène.
Mme Blancot souhaite compléter la question du rapport à la Seine en rappelant que l’industrie se trouvait le long de la Seine. L’histoire industrielle du département a un fort impact sur son paysage.

M. Soulé (CAUE 92) souhaiterait que soient intégrées à la carte les zones en devenir (projets urbains).
Dans les projets urbains longeant la Seine, il déplore le manque de relation avec le fleuve, à l’image de parcs urbains sans liaison avec la Seine. Des exemples sont donnés sur le département et sur Paris : Saint-Ouen, Clichy, le trapèze à Boulogne, le parc de Bercy, la BNF.
Selon M. Soulé il y a souvent dans les projets une volonté de simple « liaison optique » mais pas de belvédère.

Concernant la commune d’Issy, Mme Mauger (ville d’Issy-les-Moulineaux) indique que la question de la relation avec le fleuve redevient primordiale dans les projets bien qu’en effet cela soit très nouveau. Les friches industrielles le long de la Seine à Issy-les-Moulineaux ont tous étés transformées ou font l’objet de projets qui vont se réaliser et pour lesquels le rapport à la Seine a constitué l’un des éléments majeur avec la préservation de percées et de vues sur le fleuve (ex. éco-quartier des bords de Seine).

M. Soulé interroge les membres de la table sur la nécessité de la relation et de la recherche de lien permanent avec la Seine avec pour justification la topographie alors qu’en termes d’usage la Seine n’est pas nécessairement pratiquée (des études ont montré que les Parisiens ne fréquentaient pas les bords de Seine). Il cite l’exemple de Levallois-Perret qui s’est constitué sans aucun rapport avec la Seine.

Mme Norguet (ACTEVI) caractérise le paysage d’Issy-les-Moulineaux comme étant un paysage totalement urbanisé et qui se densifie énormément. Il ne reste que quelques petits pavillons autour du fort d’Issy. Le coteau n’est pas aussi marqué que sur le reste de la sous-unité, l’altitude n’étant pas aussi importante. Elle ajoute qu’il n’y a pas de plateau car le terrain redescend assez rapidement ensuite.

Les discussions ont donné lieu à des propositions de redécoupage de la sous unité « Seine des belvédères »

  • proposition d’exclure la partie de la plaine d’Issy-les-Moulineaux qui est jugée comme ne devant pas être reliée à la Seine. La partie à maintenir dans la sous-unité « Seine des belvédères » est la partie de la vallée de la Seine qui s’élargit au niveau du parc Suzanne Lenglen, tandis que la partie qui se situe à l’arrière est à part.
Exclure la plaine d'Issy-les-Moulineaux en grand format (nouvelle fenêtre)
Exclure la plaine d’Issy-les-Moulineaux
Importance de la rupture de pente le long du RER C  en grand format (nouvelle fenêtre)
Importance de la rupture de pente le long du RER C















Mme Norguet insiste sur l’existence d’un à-pic, très marquant dans le paysage (voir dessin) qui suit le tracé du RER C. Plus à l’est la limite se poursuit également mais cette fois en raison de l’urbanisation plutôt que de la topographie.
A ce sujet, M. Soulé et Mme Blancot rappellent l’importance de l’histoire urbaine et de la construction de la ville qui révèlent comment on prenait en compte la géographie et la topographie des lieux. La méfiance vis-à-vis du fleuve et des inondations a eu pour conséquence d’éloigner les constructions.

Modifications en fonction des vues réelles dans le bois de Boulogne en grand format (nouvelle fenêtre)
Modifications en fonction des vues réelles dans le bois de Boulogne

  • réflexions sur la limite de la sous-unité au niveau du domaine du parc de Saint-Cloud : à partir de quel endroit n’est-on plus tourné vers la Seine ? Les fontaines sont tournées vers la Seine, au-delà on se trouve dans une autre unité.
  • critique du systématisme de la limite le long du fleuve alors qu’il devrait y avoir parfois des décrochés en fonction de ce que l’on voit. Par exemple : où s’arrête le paysage de la Seine dans le secteur du Bois de Boulogne ?

Proposition de modifier la limite sur la base de celle du bois de la carte des chasses.
M. Favier indique que le camping a été construit avec les débris de construction du Trocadéro.

Regards réciproques Hauts de Seine/Paris


Mme Blancot (APUR) souligne l’interaction et la « rétroaction immédiate » entre le paysage des Hauts-de-Seine et de celui de Paris, et réciproquement (visions, repères). Cela impose donc de s’affranchir des limites administratives. Historiquement, les paysages parisiens se sont souvent constitués avec des visions depuis les belvédères (ou de la vision des points hauts depuis Paris ?), en particulier celui du Mont-Valérien. Cela est à mettre en écho avec les projets actuels de la « construction métropolitaine » qui, selon Mme Blancot sont assez autistes des impacts paysagers qu’ils peuvent induire (notamment dans les projets de tours). Elle cite l’exemple du tribunal de grande instance à Clichy-Batignolles pour lequel des simulations de vue ont été étudiées.

Il est souligné l’importance de la passerelle de l’Avre qui révèle une belle unité paysagère, des coteaux à Paris ; elle est de plus dans l’axe de la Tour Eiffel.

Continuité Clichy / Seine-Saint-Denis


La limite nord de l’unité ne doit pas suivre la limite départementale car il y a une continuité paysagère entre le nord de Clichy et Saint-Ouen : secteur des Batignoles
Houda Hissar précise que le territoire clichois se situe dans une position intermédiaire avec Paris. Les relations entre les deux villes font l’objet de réflexions notamment lors des projets pouvant impacter le paysage de ces villes. Elle considère qu’il faut s’affranchir des limites du territoire, en particulier lorsqu’il est question de projet.

Boulogne Billancourt : un prolongement de Paris, des tissus distincts révélateurs de l’histoire de la ville

Le tissu de Boulogne dans le prolongement de Paris et sous influence industrielle en grand format (nouvelle fenêtre)
Le tissu de Boulogne dans le prolongement de Paris et sous influence industrielle


A Boulogne-Billancourt M. Soulé constate que le 16e arrondissement de Paris déborde sur Boulogne (à la fois en termes urbains et sociaux) : l’unité paysagère doit en tenir compte. Cela est également dû à une portion de périphérique qui ne constitue pas à ce niveau-là une coupure entre Paris et la 1ère couronne.

En outre, trois tissus urbains sont distingués à Boulogne : le centre historique, la grande unité plus moderne industrielle du 20e siècle, et la partie en prolongement de Paris.
M. Favier rappelle la tentative (du maire André Morizet) d’en faire une ville industrielle, qui a occasionné le déplacement de son centre (hôtel de ville au centre géographique de la ville et non dans le centre ancien), pour moderniser cette ville qui s’était à l’origine constituée sous la forme d’une bourgade autour de son village.

Distinction de la commune de Levallois au sein de la plaine de Villiers

Le tissu de Levallois confère une identité à la ville en grand format (nouvelle fenêtre)
Le tissu de Levallois confère une identité à la ville


M. Soulé considère que Levallois est l’unique exemple de ville s’étant constituée avec un tissu urbain aussi dense que celui de Paris et sur le modèle anglo-saxon qui a été reproduit sur toute la ville. « S’il y a une ville qui serait autonome dans la région parisienne, c’est vraiment Levallois ». A ce titre est émise la proposition de démarquer Levallois en tant qu’entité paysagère.

Question du découpage


M. Mouranche (Vivre à Meudon) suggère de faire deux découpages : un en fonction de ce qui compose de territoire, et un autre qui s’affranchit des limites administratives : les lieux de perceptions des paysages.
Ex. pour les limites entre Clichy et Saint-Ouen, ou encore par rapport aux belvédères qui offrent des vues lointaines sur Paris.

Périphérique


Mme Blancot souligne la particularité des lieux du périphérique et des anciennes fortifications. Cette interface est selon les endroits plus ou moins gommée ou plus ou moins présente.

La mobilité


La question des déplacements et de la voiture a été évoquée à de nombreuses reprises comme contraignant le paysage (RD7, échangeur A13…).
M. Mouranche (Vivre à Meudon) souhaite ajouter que la mobilité est également au service des paysages car elle permet de voir le paysage. Ex. du parcours des coteaux réalisé par le Conseil général, des aménagements de tramway T2, du viaduc de la ligne Montparnasse à Meudon.

Enjeu de préservation du patrimoine industriel


M. Monnet considère qu’il a été fait table rase de tout le patrimoine industriel dans ce secteur. Il souhaite que l’atlas rende compte des paysages industriels, afin de préserver à l’avenir ces bâtiments témoins d’une époque qui ont également façonné le paysage altoséquanais. Il se demande quel est l’avenir des sites industriels du département, en particulier au nord du département (ex. des papeteries à Nanterre).
Parmi les sites industriels de l’unité : la centrale à béton à Clichy, les points de stockage de matériaux à Issy-les-Moulineaux
M. Soulé rappelle que le paysage a été formé par l’industrie avec une opposition parfois avec la topographie. Le rapport à la Seine ne doit pas nier cet héritage industriel.

Objets

  • photographie de la maquette de Jean Nouvel sur l’île Seguin (objet de M. Mouranche) : la tour apparaît en transparence car elle est en plexiglass ce qui simule une bonne intégration dans le paysage ! Il souhaite par cette image souligner l’enjeu de la représentation.

M. Soulé indique que le Sacré-Cœur ne s’intègre pas non plus dans son paysage mais fait pourtant figure de paysage.

  • présentation papier du domaine national de Saint-Cloud (objet de M. Seynave) : un élément emblématique du paysage des Hauts-de-Seine, modelé par l’homme et la nature.