Restituer la valeur d’un paysage patrimonial

La perspective du château de Meudon

État des lieux


Une structure majeure dans le territoire

Les grandes perspectives des parcs "classiques", dits "à la française", constituent une marque spécifique du territoire francilien, et particulièrement des Hauts-de-Seine.

Alors que la grande perspective des Tuileries voit encore aujourd’hui son rôle renforcé dans la composition urbaine, celle de Meudon souffre au contraire d’une succession de fermetures visuelles et fonctionnelles qui annulent actuellement ses effets dans le paysage.

Pourtant, les vastes percées conçues par André Le Nôtre, notamment celle-ci, organisent des perceptions très abouties du territoire, donnant à voir les horizons, l’idée des lointains, renforçant la présence sensible des reliefs et des masses boisées, du ciel et de l’eau…

La perspective de Meudon présente une valeur réelle en tant que motif majeur du patrimoine artistique et historique, elle est également une structure territoriale de grande importance, donnant du lien et de la cohérence à divers quartiers de Meudon, mettant surtout en relation les urbanisations récentes du plateau avec les implantations historiques des vallons et des rebords.

Un paysage actuellement disparu La perspective n’est actuellement plus en état. Bien que la plupart de ses composantes soient toujours en place, des barrières visuelles et d’usage sont apparues, qui ont annulé les vues perspectives et la perception des continuités. Il s’agit successivement :
  1. des arbres qui s’interposent au sud du parterre de l’Orangerie, au nord et au sud des tennis, et autour de l’étang de Chalais ;
  2. des courts de tennis municipaux et du terrain de foot de l’avenue de Trivaux, aménagés dans l’emprise même de la perspective ;
  3. du passage de l’avenue de Trivaux, qui traverse la perspective au sud des tennis ;
  4. d’un ensemble de hangars techniques et de terrains sportifs, clos de murs, relevant du site de l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) ;
  5. des clôtures autour de l’étang de Chalais, accentuant l’effet d’occultation dû à la végétation.

Le bassin qui ponctuait la perspective (au nord des terrains de tennis) a disparu, il jouait un rôle très important dans la structure de l’œuvre optique très savante mise en place par Le Nôtre.

Au sud, à l’extrémité du Tapis Vert, le belvédère (dessiné par Louis XVI) a disparu, quelques stationnements occupent l’axe, qui se poursuit au sud avec la route du Pavé Blanc.

Le principal obstacle est constitué par les installations bâties (principalement deux hangars techniques) au nord de l’étang, mais pour l’essentiel il s’agit principalement d’arbres, de clôtures et d’installations sportives au sol, plus aisément réversibles.

Il faut noter qu’au patrimoine de Le Nôtre s’est ajouté celui des bâtiments industriels d’un grand intérêt architectural : le hangar Y, et la grande soufflerie S1-Ch, classés monuments historiques, disposés de part et d’autre de la perspective mais sans l’interrompre.

Pistes d’action


Retrouver le souffle et le ciel

Reconstituer la perspective de Meudon est un bel objectif, que ce soit du point de vue du patrimoine ou de celui du paysage. L’opération prendrait en effet du sens en valorisant le lien territorial, son inscription dans le site, et bien sûr dans l’histoire.

Une perspective de Le Nôtre, c’est aussi un lien poétique et sensible avec le ciel, avec le débouché libre sur l’horizon, les reflets magnifiés par les plans d’eau, et un vaste « souffle » ressenti devant le dégagement de l’espace et l’énergie du regard porté à distance par le cadrage.

Ces dimensions sont à mettre en relation avec l’observatoire et les avions, deux dimensions de l’activité du site, dont les monuments sont à mettre en relation, sans risque de la déparer, avec la perspective restituée.

Une première action très simple et peu coûteuse peut s’appliquer à la végétation. Une première intervention de nettoyage (de jardinage en quelque sorte) permettrait de retrouver en partie l’effet de dégagement et de changer les regards sur le lieu, mettant en place une dynamique pour aborder les opérations plus complexes.

L’accessibilité pour tous de l’étang de Chalais semble également une mesure indispensable et peu complexe.

Le reste du programme nécessite la mise en place d’une coopération entre les divers acteurs du site.


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