Le Boulevard périphérique

Limites et voisinages

Le boulevard périphérique, ou « périph », est ici considéré avec son environnement comme un espace en soi, même s’il joue lui-même un rôle de limite très lisible entre Paris et la proche banlieue.

Alors que la séquence Bois de Boulogne est entièrement parisienne, quatre portions sont limitrophes entre la capitale et les Hauts-de-Seine :

  • La portion de Villiers, depuis le virage correspondant à la limite de Clichy et Saint-Ouen, jusqu’à la porte Maillot
  • La portion du Parc des Princes, du stade jusqu’à la Seine,
  • La portion du Parc des expositions, de la Seine à la porte de la Plaine,
  • La portion du périphérique sud, de la porte de la Plaine à la cité universitaire.

L’espace est considéré depuis les voies jusqu’aux limites visuelles constituées par les tissus environnants. Pour l’essentiel, ceux-ci s’inscrivent dans l’ancienne « Zone », espace d’une grande originalité, longtemps inconstructible, issue de l’enceinte de Thiers.

Une perception en mouvement
C’est en roulant que l’on considère le paysage du périph’ : la perception est dynamique, toujours animée par le mouvement de la position de l’observateur, et par les mouvements des véhicules sur la voie. Bien que les embouteillages apportent tout de même quelques moments moins mobiles…
où l’on apprécie de se trouver sur un agréable point de vue, par exemple un pont sur la Seine !. En complément de ces perceptions cinétiques, majoritaires, on notera les points de vue offerts sur le périph’ depuis les ponts qui le franchissent, où l’on peut éventuellement s’arrêter…

Lien ou coupure ?
Le périph’ est le lieu réel et symbolique de la frontière entre Paris et la banlieue proche. Selon les endroits, les effets de coupure brutale, accentués par l’intensité du trafic et des nuisances qu’il produit, alternent avec les continuités : le périph’ est franchi par de très nombreux ponts, il forme un viaduc au nord, et une importante portion est couverte au droit de Levallois-Perret.
Pour ce qui concerne les usages, le périph’ est bien métropolitain, utilisé pour beaucoup par les habitants de la banlieue dans leurs déplacements banlieue-banlieue ou banlieue-Paris.

Le paysage urbain qui se présente depuis l’autoroute donne l’image de la relation entre les collectivités, puisqu’il s’agit de l’espace même du contact ou du « vis-à-vis ».

Motifs et compositions du paysage


Un concentré de paysage « urbain »
Les images mentales produites par l’univers du périphérique sont probablement parmi les plus éloignées de celles des paysages naturels ou ruraux. L’autoroute urbaine et son intense trafic (le plus important d’Europe pour une voie de ce type) s’accompagne d’un important vocabulaire routier, auquel s’ajoutent souvent les dispositifs de protection acoustique.

Le boulevard ne présente pas le paysage d’une séparation entre Paris et la banlieue : au contraire, la perception est celle d’une voie certes autoroutière, mais circulant dans la matière urbaine, et si des différences apparaissent entre les deux rives, elles sont dues aux tissus eux-mêmes sans que la notion de densité urbaine ne soit réservée au côté parisien.

C’est même plutôt l’inverse : le long du périph’, Paris a disposé de nombreux équipements sportifs, peu denses, tandis que du côté de la banlieue, les tissus s’y présentent plus directement.

Lorsqu’il s’agit de logements, les dispositifs acoustiques s’interposent au bord des voies et tendent à disloquer le paysage, tandis que dans le cas des bâtiments d’activités, de plus en plus nombreux et importants, la relation est plus directe et les éléments sont davantage en cohérence.

Un tissu spécifique Globalement, le périph’ semble avoir produit une matière urbaine qui lui est propre, en raison des nuisances dont il faut se protéger, et d’une modalité spécifique : les opérations se succèdent le long du parcours, sans guère de lien architectural, générées tant par Paris que par ses voisines, mais unies par la voie elle-même et son intense trafic.

A Paris, outre les équipements sportifs, de nombreux équipements parfois majeurs jalonnent le parcours : palais des congrès, Parc des expositions, Parc des Princes, bientôt tribunal de grande instance (TGI) au droit de Clichy. En banlieue, ce sont plutôt les opérations d’activité tertiaire que l’on remarque, dont certains sièges sociaux majeurs.

Des éléments de paysage naturel Dans cet univers très minéral, quelques épisodes permettent toutefois d’apprécier certains éléments de nature. Le franchissement de la Seine est ainsi un événement notable, ouvrant une fenêtre remarquablement cadrée sur le coteau des Hauts-de-Seine.

La séquence du bois de Boulogne est marquée par de nombreuses couvertures arborées, et certaines rives sont elles-mêmes généreusement plantées, comme à la porte de Saint-Cloud ou la porte Maillot.

Une vitrine convoitée, en forte mutation Du fait du trafic très intense de 270 000 véhicules/jour, le périph’ offre aux collectivités et aux entreprises une vitrine incomparable.

Les équipements publics comme les entreprises s’inscrivent ainsi dans le paysage de l’autoroute en vue de saisir l’attention des usagers, ou de marquer le parcours par une architecture remarquable. De nombreux morceaux de bravoure se succèdent ainsi, comme le Parc des Princes, l’immeuble Avicenne de la cité-Universitaire, la tour Séquana…

D’importants projets prennent position, constituant de futures balises de grande taille : le tribunal de grande instance, la pyramide du Parc des expositions Porte de Versailles, notamment, vont s’inscrire dans le paysage, confirmant le rôle majeur du périph’ autant que les positions des sites à l’articulation de Paris et de la banlieue.

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