Synthèse de l’atelier

publié le 18 juin 2014 (modifié le 6 juillet 2015)

Synthèse des travaux de l’atelier


Les perceptions au cœur du paysage

Les propos des participants portent volontiers sur les perceptions et les ressentis, renvoient à l’expérience de l’espace, y compris l’expérience personnelle des participants qui expriment aussi des sensations, voire des émotions ainsi que des récits personnels liés aux lieux.

La définition du paysage s’affine ainsi à chaque rendez-vous. Le versant de la perception, combiné au réel des lieux, se confirme, tous les ateliers ont insisté sur les divers modes d’identification du territoire :

  • les perceptions visuelles, avec les notions de cônes de vue, d’horizons, de dégagements lointains, de vastes échelles sensibles, jusqu’à l’échelle métropolitaine ;
  • les perceptions liées à la présence physique et aux usages, à l’expérience spatiale de chacun. Les usages, et tout particulièrement ceux de l’espace public prennent un sens dans l’appropriation des lieux, et sont souvent mis en relation avec les perceptions visuelles qui leur sont associées.
  • Les déplacements prennent dans cette définition une place prépondérante. Qu’ils soient quotidiens, ou liés aux usages de loisirs, c’est par eux que se déploie en priorité l’expérience des lieux, leur perception et identification.

Les perceptions sont ainsi identifiées comme fondatrices de certaines dispositions de l’espace, telles que les belvédères et les perspectives, et déterminent les formes de l’espace, comptant davantage que les figures que composent les organisations. C’est ainsi un élément essentiel de méthode et d’appréciation des projets qui est ici largement identifié : considérer la perception rapporte aux valeurs de compréhension, de lisibilité, de reconnaissance du territoire, dans ses diverses échelles.

Les représentations associées à la reconnaissance

Les images mentales mobilisées pour la reconnaissance des lieux, des motifs, des ambiances, contribuent aux sensations de bien-être plus ou moins intense.

De nombreux débats ont ainsi eu pour sujet la petite couronne elle-même et les représentations qui lui sont associées, notamment la diversité des formes architecturales et la présence de l’habitat individuel.

De même, a été souligné le besoin de travailler sur les représentations de la nature et surtout des modes de gestion des espaces libres, de sorte que les motifs qui leur sont liés (l’herbe non tondue par exemple) soient identifiés positivement et appréciés.

Une identité de la petite couronne, entre variété et structures

Le portrait des paysages se précise lui aussi à chacun des ateliers ! La multiplicité des formes construites, des ambiances, est ainsi à plusieurs reprises considérée comme un trait caractéristique et attachant de la petite couronne, mais aussi comme une difficulté à s’y retrouver. Les surprises, l’animation, la variété, sont reconnues, mais aussi les effets de morcellement et de « chaos ».

Sur le même territoire sont identifiées de grandes structurations qui donnent cohérence à la perception du territoire et permettent de s’y ancrer. Les grands axes, les perspectives, ainsi que la Seine et les coteaux, offrent des lectures plus repérables.

Les liens constructeurs d’espace

Dans tous les ateliers, les morcellements et le besoin de liens sont évoqués. Les coupures des grandes infrastructures, les impasses, les difficultés à passer, sont notées comme des freins à l’identification correcte du territoire et sont associées aux besoins d’accessibilité.

Donner accès aux éléments de nature, grands et petits, donner accès aux centralités, permettre les passages, sont des thèmes qui reviennent souvent. Ils sont associés à deux éléments :

  • La variété des modes de déplacement, le besoin de liens piétonniers et vélos est affirmé.
  • Le lien social, considéré comme constitutif d’une identité du territoire et comme un enjeu.

Le thème appelle de nombreuses possibilités d’action, aux diverses échelles :

  • Les grandes voies routières, autoroutes, 2x2 voies, la circulation automobile en général, sont à reconsidérer. Des programmes de boulevards urbains sont évoqués, une évolution des autoroutes et des 2x2 voies est souhaitée, notamment à proximité de la Seine ;
  • Les mêmes grands trajets sont reconnus pour les capacités offertes pour la lisibilité du territoire, des programmes renforçant ces éléments de perception sont également exprimés ;
  • Le rôle du tramway est salué, comme lien entre quartiers et entre tissus, comme facteur de perception ;
  • Les chemins, sentes, passages, sont également constitutifs de lien et d’expérience. Parfois modestes, peu coûteuses, ces actions améliorent néanmoins la qualité de l’expérience territoriale, ouvrant les passages dans les barrières, donnant accès à des espaces jusque-là isolés.


Les formes bâties, composantes de paysage

Le rôle des constructions est mis en relation avec la perception et la reconnaissance des territoires, ainsi que son identité.

Les implantations des volumes bâtis, leur incidence sur la forme des espaces libres et sur les conditions de perception, s’articulent à l’organisation des espaces publics pour constituer les paysages des villes et en conditionner les qualités de lisibilité et d’identification.
Les émergences, les tours, les architectures repères, contribuent également à l’identification, tandis que les risques sont exposés de rater l’objectif en cas de dispersion ou d’accumulation.

L’ambiance apportée par l’architecture elle-même est soulignée, notamment au sujet de la dimension du temps : la compréhension des diverses époques de construction rend lisible la succession des périodes de constitution du territoire et sa profondeur historique.

Le rôle des réglementations, l’intégration des objectifs de biodiversité, représentent pour l’architecture une occasion à saisir pour inventer de nouveaux paysages.

La nature en valeur et en questions

L’identification des repères naturels est confirmée comme un ancrage au territoire : la Seine, les reliefs, les forêts, confèrent aux Hauts-de-Seine une identité spécifique au sein de la métropole.

De nombreux objectifs sont énoncés visant un lien plus approfondi et lié aux usages, insistant sur notamment l’accessibilité et la proximité physique des éléments.

A plusieurs reprises, le ciel et les horizons lointains, même urbains, sont associés à la nature et au bénéfice qu’en apporte la perception.

La connaissance des enjeux liés à l’environnement, notamment la biodiversité, modifie également les regards, les attentes, et les enjeux du paysage.

Plusieurs aspects sont exprimés à ce sujet :

  • L’acceptabilité des modes de gestion soucieux de l’environnement. Certains sont mal acceptés, tant par les gestionnaires que par les populations. Ils nécessitent une meilleure pédagogie, des représentations plus nombreuses ;
  • Les grands parcs, majoritairement boisés, sont néanmoins interrogés quant à leur qualité de nature. Là aussi, une pédagogie est probablement à mettre en place, permettant d’identifier le rôle de « révélateur de nature » joué par les compositions, notamment celles de Le Nôtre ;
  • La fréquentation des espaces de nature, importante en milieu urbain, peut affaiblir le sentiment même de nature qu’on y éprouve, des dispositions pourraient permettre de le ressentir davantage.

Les enjeux confirmés et combinés

Les travaux de l’atelier permettent de confirmer les thèmes d’enjeux de paysage exposés en introduction : l’identification et la reconnaissance du territoire, la présence sensible des éléments de nature (associée ici plus intimement aux enjeux de l’environnement eux-mêmes), celle de l’histoire et de la culture, l’accessibilité et la perméabilité (une reformulation de l’enjeu précédemment énoncé comme « perception de la continuité territoriale »).

Le rôle essentiel de l’espace public (y compris celui des parcs) est également confirmé, en ce qu’il accueille les déplacements, l’expérience physique, les perceptions et les représentations.
Les débats permettent également de saisir l’imbrication des différents enjeux entre eux, confirmant la transversalité du thème paysage : qu’il s’agisse des thèmes d’enjeu ou des sujets proposés, des motifs évoqués, aucun atelier n’a isolé un sujet, un motif, ni même une échelle, et les éléments sont toujours contextualisés et croisés.

Le paysage dans tous les programmes

La qualité du paysage repose sur la prise en compte des enjeux de paysage dans les diverses transformations du territoire, mais n’appelle pour ainsi dire pas de programmes spécifiques.
Chaque opération est possiblement créatrice de paysage, qu’il s’agisse des infrastructures, des renouvellements de tissus, de la création de nouveaux bâtiments et espaces publics, ou encore de la gestion des espaces libres.

D’importantes « réparations » sont appelées au sujet de programmes réalisés qui ont négligé les enjeux de paysage, notamment les infrastructures routières, tout particulièrement dans leur relation à la Seine.

Mais pour l’essentiel, les préconisations, objectifs, orientations énoncés, visent les transformations en cours, et leur capacité à saisir les enjeux du paysage.

Un besoin de méthodes et d’outils

Logiquement, les ateliers ont exprimé la nécessité d’adapter les méthodes et les outils aux enjeux du paysage. La transversalité du sujet, sa réalité aux diverses échelles du territoire, appelle une transversalité des gouvernances. Certaines initiatives telles que l’Entente Seine vont dans ce sens, et pourraient inspirer d’autres connivences fondées sur des logiques paysagères. La référence à l’expérience de l’espace, au récit, à l’histoire, invitent à mobiliser les méthodes de concertation identifiées par le développement durable.

La dimension essentielle de la perception et des représentations, renforce la nécessité de considérer les cônes de vue dans les éléments de projet, dans les documents de planification, dans les mesures de protection. De même, les outils sont à adapter : les panoramas perçus, les visions à hauteur d’homme, la représentation des reliefs et des volumes, peuvent aider à considérer davantage le territoire en termes de paysage.

Conclusion

La nature, les repères, la forme du vide, l’architecture, les continuités, ces thèmes choisis pour le troisième atelier ont permis de poursuivre le travail de partage et de construction engagé par l’Atlas des paysages.

La définition du paysage se précise plus finement, de même que celle du paysage des Hauts-de-Seine, et la succession des rencontres permet aussi de voir se dessiner le paysage « souhaité ».

Un prochain atelier permettra de poursuivre encore cette construction du paysage, et de la mettre, comme ce fut le cas de l’atelier 2, en lien avec des programmes d’action sur le territoire.