Portrait du Plateau entaillé de Chatenay-Malabry à Suresnes
Limites et voisinages
L’unité de paysage correspond à un plateau, dont les limites sont constituées par ses rebords. Il domine et voisine ainsi :
- la vallée de la Seine au nord-est. L’unité de paysage ne s’étend pas sur les coteaux, dont il a été considéré en atelier qu’ils appartenaient surtout au paysage de la Seine. De nombreuses continuités et articulations existent cependant entre les deux sites, notamment au sein du parc de Saint-Cloud. La rupture de pente se ressent nettement ;
- la vallée de la Bièvre à l’Est. Pour les mêmes raisons, l’atelier a permis de considérer que les rebords appartiennent à la vallée ;
- la vallée de la Bièvre au sud dont la limite est située dans les Yvelines ;
la plaine de Versailles au sud-ouest : le plateau domine de ses coteaux boisés le site de la ville et du parc ; - à l’ouest, le vallon de Bougival (situé dans les Yvelines) vient limiter le plateau.
Caractères paysagers
Une présence exceptionnelle des éléments de nature
Le plateau présente une valeur paysagère d’exception, liée à un relief animé et fortement boisé, porteur de situations motivantes sur lesquelles s’est notamment appuyé André Le Nôtre pour ses monumentales compositions à Saint-Cloud et à Meudon.
La combinaison d’un socle naturel éloquent et d’un patrimoine grandiose de paysage artistique, fait du plateau un secteur vibrant d’intensité, qui retentit sur toute la métropole et au-delà.
Des reliefs animés
Le plateau, pas très étendu (5 km de large, 12 de long), est découpé sur tous ses bords par un réseau de vallons plus ou moins accusés dont les formes créent autant de lieux et de positions aux multiples potentialités paysagères.
La vallée du Marivel (B) creuse le plateau d’un bord à l’autre, de la Seine à Versailles.
La succession de creux protégés et de rebords en belvédère, la ponctuation du mont Valérien (A) au nord, caractérisent le territoire.
Les autres bois sont structurés à l’aide des mêmes motifs : des allées rectilignes sillonnent les massifs sur toute leur longueur et se rejoignent en carrefours étoilés. (Cette organisation n’est pas sans lien avec certaines structures urbaines parisiennes, comme les places de l’Etoile et de la Nation, ou celle de la ville de Boulogne-Billancourt).
Ce patrimoine exceptionnel, à la fois artistique et naturel, imprime dans le territoire une logique d’axes de composition, de perspectives, qui permettent de convoquer des horizons, et de créer du lien entre des tissus parfois très divers.
On notera cependant l’impact provoqué par les nombreuses infrastructures de transport qui le tailladent, et qui le privent bien souvent de contacts avec les espaces urbains malgré le potentiel de linéaire de lisières.
Une « structure paysagère » très remarquable pour un site urbain
L’association des reliefs et de la couverture boisée détermine une « structure paysagère » notable. Les boisements occupent les hauteurs, avec pour conséquence un effet remarquable d’horizon boisé procuré au site parisien. Dans les creux, passent les infrastructures et l’urbanisation qui les accompagne, c’est principalement la structure du vallon de Marivel, occupé par l’urbanisation de Sèvres et Ville-d’Avray.
De vastes portions du plateau, notamment autour du mont Valérien et au sud du bois de Meudon, ne sont urbanisés que très tardivement, au XXe siècle. Celle-ci prendra surtout la forme d’une succession d’opérations, dont certaines sont des références architecturales, constituant une succession « d’unités de paysage urbain » : cités jardins, grands ensembles, zones d’activité…
Cette logique d’opération se poursuit aujourd’hui, avec notamment le réaménagement du centre-ville du Plessis-Robinson. Il en découle un territoire « mosaïque », fait de côtoiements, mais dont il est difficile de reconstituer la continuité.
Autour des anciens villages, le développement est surtout le fait de zones pavillonnaires, dont certaines présentent des caractères paysagers très affirmés, comme la division Théry à Vaucresson.
Il en résulte aussi, avec les voies épaisses et étanches au territoire, des effets de morcellement très fortement ressentis, causés par des infrastructures très coupantes, infranchissables, identifiées du nord au sud :
- l’autoroute A13, doublée d’une ligne de chemin de fer, s’interpose durement à la lisière nord du parc de Saint-Cloud ;
- la vallée du Marivel est occupée par la RD 910 au fond du vallon, mais aussi par deux lignes de chemin de fer, une sur chacun des rebords ;
- la RN 118 traverse et coupe en deux la forêt de Meudon, écrasant le principal carrefour en étoile ;
- la RD2 traverse et scinde le bois de Clamart ;
- l’A96 s’interpose à la lisière nord de la forêt de Ferrières.
Les développements urbains n’ont pas anticipé les besoins d’infrastructure, et lorsque celles-ci ont été programmées, pour éviter les difficultés d’acquisition en secteur urbanisé, elles se sont souvent positionnées aux franges des boisements, ou en pleine traversée.