Groupe de travail 5 : Percevoir les continuités territoriales

publié le 13 juin 2014 (modifié le 6 juillet 2015)

Table animée par Michel Collin (équipe MOE), Jean Doucet (DRIEE), et Maxime Laurent (DRIEA/UT92). Porte-parole : Maryline Dang.

NOM QUALITE
PARTICIPANTS Jean DOUCET Chargé de mission paysage à la DRIEE
Véronique MONSENEGO Responsable de l’Atelier des Territoires et de la Métropole à la DRIEA
Annick DESCAMPS Responsable Études et Programmation Urbaine à la ville de Gennevilliers
Valérie CHAPLAIS DRIEA-UT93-SEUR
Maryline DANG CG92-direction infra et TC
Daniel MOURANCHE Vivre à Meudon-Envrt 92
Laurence CINABRE Chargée d’étude au service études et programmation urbaine à la ville de Gennevilliers
Lauriane CORNET Chargée d’opérations à l’EPF 92

Les échanges en table ronde


L’atelier commence par une « lecture » des photos qui évoquent plusieurs situations de coupures, de liens, de contrastes et de heurts entre des formes construites. Le thème de l’atelier est présenté : la perception de la continuité territoriale, sur le constat de coupures et de discontinuités, et la question est posée quant au partage de ce constat et de cet enjeu.
Après un tour de table où chacun exprime son analyse, les échanges se poursuivent sous un mode transversal, au cours desquels sont précisés les constats, les analyses, et où des pistes d’actions sont évoquées.

Les constats et analyses

Sur la base du thème présenté, les échanges permettent de préciser plusieurs notions entrelacées. Qu’il s’agisse de la variété des formes construites ou de l’effet des infrastructures, l’analyse partagée conduit à un double constat : ce sont des facteurs d’identité souvent positifs pour le territoire des Hauts-de-Seine, mais qui peuvent susciter des effets de morcellement plus difficiles.

Des caractères propres à la petite couronne, en positif et en négatif

Le groupe s’accorde à constater que la variété des formes urbaines et construites caractérise la petite couronne (le terme de « banlieue », évoqué, est ensuite critiqué pour son caractère stigmatisant), en contraste avec l’image de Paris dominée par les ordonnancements haussmanniens. Les effets de découverte et de surprise, l’animation apportée aux déplacements, sont considérés comme positifs et même identitaires.

La notion de continuité est ainsi interrogée au sens de la composition urbaine, de l’ordonnancement et de l’homogénéité bâtie qui ne coïncident pas avec l’identité de la petite couronne. En revanche, le manque d’articulations est mis en cause en ce qu’il morcelle le territoire et peut le rendre moins identifiable. Les implantations de certains quartiers de barres sont par exemple évoquées en raison des difficultés à les traverser et à s’articuler à leur voisinage. Le rôle des clôtures est souligné, exprimant sur l’espace public les effets de morcellement. Ce qui fait problème serait ainsi non la variété, mais les difficultés à identifier la continuité de l’espace par les déplacements.

Les coupures occasionnées par les grandes infrastructures (notamment les autoroutes), mais aussi la Seine, sont reconnues comme des facteurs de morcellements du territoire. Toutefois, elles sont mises en relation avec les diverses échelles de déplacement qui cohabitent en petite couronne et qui en font, elles aussi, un caractère. Surtout, le groupe constate le rôle très important des trajets pour construire une perception du territoire et relève l’importance des divers modes et de leurs constantes articulations. Le rôle de la voiture est souligné dans l’historique de la constitution du réseau, son influence sur les ambiances actuelles et les désagréments qu’elle provoque. L’exemple des voies occupant les berges de la Seine est ainsi plusieurs fois rappelé. Le rôle positif du tramway est également souligné, de même que le développement des modes « actifs », marche à pied et vélo.

Enjeux et valeurs : besoin de liens

Les échanges successifs expriment le besoin de liens et de partage dans le contexte de la petite couronne.
Au sein de la variété des tissus, des échelles, des modes de déplacements multiples, les liens apparaissent nécessaires et utiles à la construction d’une perception, par le vécu, d’un territoire plus cohérent.

  • Territoire physique, afin de percevoir, par le vécu, le socle qui rassemble les tissus, les relie aux motifs de la nature, et constitue une identité territoriale.
  • Territoire culturel, et notamment historique, avec le besoin de ressentir les étapes de la constitution, le rapport au passé agricole représenté par le parcellaire, les diverses formes bâties.
  • Territoire social, avec l’expression du partage du territoire par ses habitants, et le besoin qu’il n’exprime pas les ségrégations.

Le partage de l’espace est évoqué comme une valeur, notamment au sujet des modes de déplacement, devant l’hégémonie de la voiture.

Les pistes d’action évoquées : tisser des liens

Au fil du dialogue, des pistes d’action sont évoquées, visant à « faire du lien », mais pas de l’homogénéisation !

Evaluer finement les situations, au cas par cas, est nécessaire : le groupe ne dégage aucune doctrine générale, ni sur les formes construites, ni sur les infrastructures. Il partage la nécessité d’aborder les contextes, les interfaces, les articulations, les côtoiements, pour y trouver des solutions. De même, chaque espace, chaque situation, est à considérer selon plusieurs échelles. Et de construire l’analyse en fonction du vécu, notamment celui des trajets.
De nombreuses actions sont relatives aux déplacements et à leurs infrastructures, et consistent à améliorer les maillages du territoire pour chaque échelle et chaque mode, mais aussi les articulations entre les échelles et entre les modes. Il est rappelé que certaines actions locales et ponctuelles, parfois peu couteuses, peuvent rendre de grands services, notamment la constitution de petits passages piétons-vélos. La réalisation de franchissements est également rappelée, nécessaire à l’atténuation des fortes coupures comme l’A 15.
Deux exemples : La Défense, et le besoin d’instaurer de meilleures relations entre la dalle piétonne et les espaces publics des tissus voisins, et la Seine, où le contraste reste très fort entre les séquences routières et, par exemple, le beau quai Alfred Sisley à Villeneuve-la-Garenne (une des photos).
Quant aux tissus, le groupe constate que le territoire est déjà construit, et qu’il ne s’agit pas de faire une ville ex-nihilo. L’action se trouve, parfois, dans d’ambitieuses opérations de renouvellement, mais aussi beaucoup dans l’évolution des tissus existants. Le travail de projet sur les interfaces est à nouveau rappelé, et les effets de constitution de nouvelles articulations, permettant de mieux lier le territoire sans mettre en cause l’intérêt de sa variété.
Le rôle des centralités est essentiel, puisqu’elles rassemblent les populations dans leurs activités, et peuvent constituer des coutures entre divers tissus si elles positionnent à leurs interfaces.

Le compte rendu du rapporteur


Titre éventuellement proposé a posteriori : percevoir les liens d’un territoire partagé
La variété est constitutive de l’identité du territoire de petite couronne et acceptée. L’enjeu serait ainsi davantage celui du lien, plutôt que celui de la continuité du territoire. La notion de partage, partage de l’espace, partage des modes de déplacement, contribue à instaurer ces liens, et passe par l’articulation et le maillage des diverses échelles d’infrastructures.
Les objectifs portent sur les interfaces, la recherche des articulations, en rappelant les effets négatifs des clôtures, et le rôle fédérateur des centralités.
Le rôle du parcellaire, celui des opérations modestes de couture, est rappelé, ainsi que l’importance de la transversalité des méthodes de projet, pour répondre aux enjeux posés par le thème.