Groupe de travail 4 : Caractériser les ambiances urbaines par l’architecture et l’aménagement

publié le 25 juin 2014 (modifié le 6 juillet 2015)

Table animée par Vincent Lelièvre (CAUE 92) et Joëlle Weill (DRIEE)

NOM QUALITE
Jean-Baptiste LE CORRE Chargé mission environnement et préservation nature, GPSO
Pierrette PAGE Association Bineau-Villiers-Champerret
Maria SCICOLONE Responsable de la Coordination Urbaine, EPADESA
Agnès SEBAHIZI ROBIN Chargée d’études Direction de l’urbanisme et de l’aménagement, Boulogne-Billancourt
Véronique TIRANT SEM92
Lionel Favier Environnement 92


Les échanges en table ronde

Sur la base des espaces représentés par les photos exposées, les échanges ont beaucoup porté sur les éléments de perception liés aux espaces publics, et dans une moindre mesure sur l’architecture.

Le rôle des espaces publics et des jardins

Le parc de Sceaux, l’opération de Meudon-la-forêt de Fernand Pouillon, les jardins Albert-Kahn, entre autres exemples, ont motivé des échanges approfondis portant sur l’espace extérieur dans de nombreuses dimensions.
L’espace public (y compris les jardins publics) combine les notions d’usage, de lisibilité, de localisation, d’animation et d’ambiance.

Les usages donnent vie et justification à l’espace public, et il est rappelé combien l’expérience physique de l’espace, par l’usage, construit une perception et un attachement. Ainsi, le plan d’eau de Meudon-la-forêt est évoqué dans son rôle de structuration et de lisibilité de l’espace, tout en notant et regrettant que le contact physique ne soit pas possible.
Les trajets et cheminements sont à plusieurs reprises évoqués, en tant qu’expérience, mais aussi en tant que lien dans un contexte parfois morcelé. Il est évoqué une étude sociologique mettant en relation les usages de l’espace public et la distance aux habitants.
Les usages de la vie collective et l’animation relèvent également d’une appropriation commune, qui peut prendre un certain temps : certains lieux ne sont appropriés qu’avec le temps.

Les vues, les dégagements, les ordonnancements

A cette échelle de la présence physique, proche de soi, est associée celle des perceptions plus vastes, plus visuelles. La combinaison des deux est rappelée sur l’exemple du parc de Sceaux, qui offre des perceptions d’horizons métropolitains en même temps qu’un espace « tactile » plus proche.
Par les vues, l’expérience de l’espace permettant une localisation, une identification des repères, il est rappelé combien les horizons de nature (la Seine, les coteaux) sont utiles à un sentiment d’appartenance au territoire.
La valeur de la lisibilité de l’espace est souvent rappelée, et mise en relation avec les ordonnancements urbains combinant les ouvertures et le bâti. Les compositions telles que les perspectives, sont évoquées dans leur capacité à faciliter ainsi la lisibilité de l’espace urbain, et leur ancrage au territoire physique.

L’ambiance

Le caractère des espaces est mis en lien avec les éléments d’ambiance. La présence des éléments de nature y joue pour beaucoup, et ne tient pas seulement à la végétation, mais aussi à l’eau, au ciel, à la lumière. Les sons, la circulation auto, jouent bien entendu un rôle essentiel dans le bien-être ressenti.

L’imaginaire

Dans le vécu de l’espace, les images présentes et l’éveil de l’imaginaire jouent aussi un rôle. Les jardins Albert Kahn sont ainsi évoqués, et leur propos visant à rendre sensibles, dans un espace restreint, les paysages « représentés » dans les jardins de l’histoire des civilisations : France, Angleterre, Orient, avec l’évocation, en contrepoint, de la forêt vosgienne. Le propos pourrait s’affaiblir si le jardin japonais venait à dominer le propos qui se veut universaliste.

L’animation urbaine

Le thème est évoqué à de nombreuses reprises : en lien avec les usages, l’animation (notamment les commerces à rez-de-chaussée, la vie collective…) procède d’un attachement au territoire. Il est rappelé à ce sujet combien joue la position des éléments bâtis et notamment celle des équipements publics vis-à-vis de l’espace public.
La vie sociale, vécue et partagée dans l’espace public, est constitutive de la caractérisation des lieux, s’opposant par exemple aux effets des résidentialisations.
La temporalité de l’animation, des flux, est exprimée comme un enjeu, de sorte à assurer un espace vivant sur les diverses périodes de la journée et de la semaine. L’exemple de l’université de Nanterre, est évoqué à ce sujet.

Le rôle des bâtiments et de l’architecture

Trois bâtiments publics sont évoqués : le théâtre Jean Vilar dans la cité-jardin de Suresnes, le théâtre des Amandiers à Nanterre, l’espace Nelson Mandela à Gennevilliers.

La relation avec l’espace public, ses usages, sa place dans le quartier, sont analysés comparativement, pour souligner l’intérêt de l’inscription urbaine du théâtre Jean Vilar. A contrario, la position des Amandiers restreint son rôle à celui d’un équipement, sans qu’il participe à l’animation urbaine.

La caractérisation par l’époque est également soulignée : l’écriture architecturale traduit le moment de la construction, la lisibilité des époques rend compte des divers moments de la constitution des tissus.

Les années 1960 ont par exemple produit une architecture et des formes urbaines de grandes dimensions : les bâtiments sont hauts et les espaces collectifs vastes (pour exemple le Luth à Gennevilliers ou la Caravelle à Villeneuve-la-Garenne)
Ces quartiers sont souvent riverains de quartiers aux dimensions plus domestiques, les secteurs pavillonnaires notamment : cette juxtaposition, ces ruptures d’échelles sont caractéristiques du paysage de la banlieue et reflètent son histoire urbaine.
L’action contemporaine se distingue aussi par le fait qu’on aménage désormais sur l’existant, en renouvellement urbain, et que ce mode d’action peut constituer un caractère spécifique pour les aménagements et les constructions.

Les formes contemporaines de l’architecture sont analysées notamment en fonction de l’influence des réglementations thermiques. Celles-ci tendent à produire des volumes compacts et opaques, qui peuvent se montrer répétitifs et peu caractérisés. Les difficultés sont également énoncées au sujet des rez-de-chaussée, moins agréables quand ils sont opaques.

Le développement durable est une nouvelle donne pour la conception architecturale qui peut avoir des propositions diversifiées, inventives comme l’intégration de la faune et de la flore dans les façades, le projet de l’école de la biodiversité au Trapèze à Boulogne-Billancourt est cité en exemple.

La banlieue caractérisée ?

De nombreux échanges ont lieu sur la singularité des espaces de la banlieue, portant sur le sujet de la variété des formes construites et celui de l’habitat individuel.
La banlieue « entrechoquée », parfois chaotique, est évoquée pour exprimer les difficultés rencontrées parfois pour s’y retrouver. En revanche, l’intérêt de la variété des formes et des ambiances est rappelé, et sa capacité à construire une personnalité propre à la banlieue (sans qu’elle soit rapportée à des territoires en particulier).
Les maisons individuelles, les pavillons, sont également un motif de la banlieue, et l’on voit même ce motif associé aux immeubles collectifs, des « maisons sur les toits ».
Le rôle de l’architecture est souligné dans sa capacité à produire des espaces caractérisés, en lien avec son rôle dans l’animation de l’espace.
En contrepoint, les grands ordonnancements sont également reconnus comme faisant partie du même territoire de banlieue. Les axes et perspectives, notamment, rapportent à une plus nette lisibilité du socle géographique, de l’échelle métropolitaine, tout en référant à l’histoire.
Le territoire est ainsi identifié dans un caractère composite, bénéficiant à la fois de grands ordonnancements et de secteurs beaucoup plus variés.
Il est remarqué, pour l’acceptation de la banlieue « entrechoquée », la nécessité d’y trouver une certaine continuité dans les usages de l’espace : les coupures, les morcellements, accentuent les effets de désordre et les difficultés à s’y retrouver, donc à s’y identifier. Le « passage » serait une réponse aux effets du morcellement, aux coupures et aux impasses « coupe-gorge ».

Modernité du paysage

Les objectifs contenus dans les valeurs du paysage sont possiblement à intégrer dans les programmes des opérations neuves. Parmi eux sont évoqués :

  • La prise en compte des dimensions liées aux perceptions, à la lisibilité, à l’imaginaire, dans les aménagements, y compris pour les grandes infrastructures de transport (les voies routières notamment) ;
  • La concertation, la construction collective, par tous les acteurs ;
  • La présence des éléments de nature dans des espaces publics bien dimensionnés, en contrepoint de la recherche de densité. La Seine est considérée comme une référence essentielle, dont la présence est à mieux inscrire ;
  • La biodiversité et le développement durable à intégrer dans les programmes architecturaux et l’objectif de les rendre lisibles. Le SDRIF associe à des objectifs de densification, ceux de la TVB et de la biodiversité ;
  • La contextualisation systématique de l’architecture dans l’espace public et ses diverses dimensions (tactile, usage, lisibilité, vie collective, rapport au territoire élargi et aux horizons de nature) ;
  • La recherche de liens, de passages, pour compenser les effets de « chaos », de manque de cohérence, et de morcellement.

Le compte rendu du porte parole - Lionel Favier


Le paysage des espaces publics associe les usages et la perception, combinant plusieurs échelles, celle des pratiques et celle des vues. L’exemple du parc de Sceaux vient illustrer cette analyse.
L’exemple du jardin Albert Kahn y ajoute la dimension de l’imaginaire.

L’appropriation de l’espace passe ainsi par la lisibilité, et s’effectue de manière dynamique. Il s’agit de profiter pleinement du lieu, et pour ce faire, d’assurer les continuités de l’espace et l’identification des diverses échelles en présence.

La vie de quartier contribue à l’identification du territoire, l’exemple du théâtre Jean Vilar à Suresnes vient l’illustrer, dans sa position dans l’espace public, le parvis qui s’étend devant lui, les passages nombreux devant sa façade.

Il y aurait un paysage de banlieue, où « l’entrechoqué devient familier » : la diversité architecturale est une caractéristique, à l’exemple de Meudon, constituée de formes construites très diverses.
Dans cette diversité cependant il est nécessaire d’assurer une continuité d’ensemble, c’est le rôle des infrastructures, comme le tramway. Les infrastructures sont en relation avec les quartiers.