Groupe de travail 1 : Ressentir la présence de la nature

publié le 25 juin 2014 (modifié le 6 juillet 2015)

Table animée par Patricia Perrier (paysagiste équipe MOE) et Julie Ser-Istin (DRIEA/UT92)

NOM QUALITE
Isabelle JOBELOT Malakoff, service urbanisme
Marion ABAUZIT Nanterre, chargée de mission espaces verts
Christian MAILLARD GPSO parcs, jardins, paysages
Clothilde NORGUET Actevi
Bernard GARMIRIAN Environnement 92
Michèle GUILLAUME Les amis de la nature
Martine LAIZÉ Les amis de la nature
Chloé CANUEL Driea UT 92
Aurélie SIDOU Driea UT 92
Olivier RICHARD Driea UT 94


Les échanges en table ronde


Les éléments de nature reconnus, auxquels on se sent appartenir

Les premières réponses mentionnent :

  • la Seine : « d’abord il y a la Seine… la verdure, les bois »
  • le ciel : « le mouvement de la nature, des arbres vers le ciel, les espaces ouverts associés à la verdure. A Issy je ne suis concernée par aucune de ces photos [en parlant du mur d’images]Une grande part de ciel… »
  • les bois et forêts, parcs urbains.

Ces éléments sont cités de manière générique, sans distinction ou précision de lieu.

Assez rapidement, un débat s’engage suite à une question « de quelle nature parle-t-on ? Qu’entendre par nature : nature réelle ou falsifiée/aménagée ?  »
Les points de vue sont divers et parfois s’opposent :

Sur ce qui fait ou non nature

  • il n’y a pas d’espace naturel mais parfois la nature a repris ses droits, s’est réapproprié l’espace
  • une rue bordée d’arbres, ce n’est pas la nature. Pour faire nature, il faut un système complet faune-flore-gestion adaptée ;
  • l’entretien peu paraître inapproprié : « si on tond et que l’on met des pesticides, ce n’est pas la nature », « faucher au parc des Lilas[parc du 94 qui présente de vastes prairies extensives], c’est dommage ».
    Mais aussi :
  • les arbres apportent une qualité sensible à l’espace ;
  • les alignements d’arbres jouent un rôle dans la biodiversité et sont protégés, ils régulent le climat et les pieds d’arbres peuvent être végétalisés pour constituer des systèmes plus complets et renforcer les continuités. Il y a des natures différentes, il ne s’agit pas de les opposer mais de la faire fonctionner ensemble, envisager des continuités d’usage et des continuités écologiques ;
  • il faut toutefois le gérer pour que ce soit propre malgré la densité humaine ;
  • bien sûr, un trait vert sur un plan n’est pas la nature en ville, ce n’est qu’un début

Sur l’espace réservé à la nature en ville
Le groupe s’accorde sur la place trop restreinte laissée à la nature qui ne peut pas/plus s’exprimer suffisamment dans la ville ; la densité du bâti et l’étroitesse des voies sont mises en cause (Ex. à Issy), de même que la perte du savoir-faire des époques passées (« empreinte royale ») où l’on savait très bien intégrer la nature à l’architecture et dont les Hauts-de Seine-possèdent de « beaux restes. Cette démarche d’intégration devrait être un élément constitutif de toute approche d’aménagement ».

La notion de rapport d’échelles à travers le calibrage des voies et la hauteur des immeubles est évoquée, de même que les grandes disparités d’une commune à l’autre en matière d’aménagements et de mode de gestion. Cela s’exprime de part et d’autre d’une même rue quand celle-ci fait limite communale (Ex. entre Issy et Boulogne).
Les projets urbains sont également incriminés dans le « mitage » des parcs.

Sur la sensibilisation et la gestion
Le groupe est unanime sur la nécessité de l’éducation à l’environnement et d’une communication efficace :

  • la nature n’est pas seulement un élément de décoration ;
  • il y a un besoin d’entretien et de respect des consignes ;
    Le constat d’équipes de gestion des espaces verts de mieux en mieux formées mais de services de plus en plus fractionnés plaide pour la formation et la responsabilisation des élus eux-mêmes.

Le “haut” des Hauts-de-Seine
Le relief, les pentes sont également cités :

  • comme motif de nature en soi : « la terre, la topographie… mais c’est difficile à visualiser quand tout a été urbanisé, artificialisé, aplani, terrassé » ;
  • comme motif associé aux bois (Meudon, Fausses-Reposes) et « les sublimant  » ;
  • comme élément de repérage dans la ville et élément de langage : à Malakoff, les habitants vont « en haut » quand ils vont vers le sud de la ville.

Continuités/discontinuités
Ce sont essentiellement les continuités visuelles qui sont mentionnées :

  • cônes de vue « rabotés » (Ex. Saint-Cloud, axes routiers parallèles à la Seine) ou supprimés par l’urbanisation car considérés comme trous à boucher… « Mais les dents creuses peuvent être des respirations ! » ;
  • absence de visibilité « de Nanterre Ville on ne voit pas la Seine, on a du mal à y aller » et/ou de liens fonctionnels entre les quartiers résidentiels et la Seine par exemple.

Les forêts : ressenti, dialogue
Le débat est ramené sur les massifs forestiers, souvent mentionnés mais très peu décrits et cités distinctement.

Image, représentation
Les forêts en tant que “présence de nature” a été le critère de choix d’un des participants pour s’installer dans le département avant même de le visiter. Cette présence de nature est perçue comme propre aux Hauts-de-Seine , “on ne la retrouve pas partout en Ile-de-France, elle aide à s’identifier à ce territoire, j’ai envie de connaître les forêts qui m’ont attiré dans ce territoire”.
Les parcs historiques sont ressentis comme des espaces fermés que l’on n’assimile pas à la nature. Ils ne sont pas évoqués dans le débat comme éléments de nature.

Accessibilité, fréquentation
La trop grande fréquentation des massifs notamment Meudon et surtout le week end, est reconnue par tous. Le chiffre de 4 millions de visiteurs par an est avancé comme une nouveauté de ces dernières années.
Cette surfréquentation est due à une grande facilité d’accès en voiture (Meudon) alors que la Malmaison est plus protégée car moins facilement accessible. Les parkings en cœur de massif sont mentionnés comme des erreurs monumentales. L’exemple du PNU (Rueil-Malmaison) et de son accès piéton depuis Colombes par les berges de Seine montre que les secteurs où l’approche de la voiture est limitée et contenue (étang de Saint-Cucufa), où il faut marcher et où le relief est marqué (montées) sont mieux préservés car subissent une pression moindre.

Le bruit de la circulation perçu continuellement à Meudon est parfois dissuasif, on préfère les petites sentes paisibles en ville (Issy). La distance peut l’être aussi : « on a envie de tirer les forêts vers Nanterre car de Nanterre, on n’y va pas c’est trop loin. »

Protection, gestion
Le statut de « forêt de protection » apparaît la seule protection efficace aujourd’hui. Ce classement est demandé depuis 5 ans pour la forêt de Meudon. La demande n’aboutit pas car

  • la constitution du dossier de classement est long et les personnels en charge trop peu nombreux ;
  • les communes y sont favorables mais leurs projets urbains contredisent parfois cette volonté.
    La forêt est perçue comme étant devenue une “variable d’ajustement” pour les projets urbains.

En tant que forêts domaniales, les grands massifs (Meudon, Fausses-Reposes, La Malmaison et Verrières) sont gérés par l’Office national des forêts. Une inquiétude est exprimée quant à la gestion future qui tendrait à transformer ces forêts en parcs, sous l’égide du département (suppression du statut domanial) et non plus de l’État. Cela reviendrait à priver les forêts de leur caractère naturel. Or le ressenti entre forêt et parc est exprimé comme étant très différent : un parc est perçu, entretenu, alors que la forêt est naturelle, la promenade est contrainte dans un parc (allées) alors que l’on peut divaguer dans une forêt, la nature est ressentie comme perdant ses droits dans un parc et les exprimant totalement dans une forêt.

Nature publique et nature privée
A côté des motifs de nature de grande ampleur (forêts, Seine, ciel), des espaces d’échelles beaucoup plus modeste sont énoncés. C’est aussi l’occasion de mettre en regard une nature “publique” et une nature “privée”.

Les jardins privés
Le pavillonnaire ménage des espaces de nature réels contrairement à ce qu’on peut dire : « ce sont des gens chez eux etc… ». Les jardins « de devant » participent de l’ambiance de la rue, tous en sont d’accord. Dans le cas où les jardins sont derrière c’est-à-dire non visibles de la rue, l’idée est émise de prévoir au PLU l’aménagement de sentes piétonnes passant sur les arrières pour profiter de cette nature.
L’agrément procuré par ces petites rues calmes et remplies de verdure revient à plusieurs reprises au cours de l’atelier, notamment à propos des tissus denses et/ou dépourvus d’espaces verts (Issy, Malakoff) « la nature ce sont les jardins individuels qui donnent une impression de nature dans les zones pavillonnaires bien entretenues »

Au sujet de l’entretien des jardins privés :
Les jardins intérieurs des constructions collectives nouvelles (dont les éco-quartiers) sont visibles de l’extérieur. Souvent, ce sont des jardins « alibis » vendeurs qui se transforment en friches par manque d’entretien et donnent une mauvaise image du lieu. La responsabilité des syndics devrait être plus grande et les contraintes de gestion mieux anticipées.
Cela étant dit, la friche plait bien à d’autres intervenants qui y trouvent un support favorable à la biodiversité…

Les espaces publics
Les cimetières sont évoqués comme présence de nature forte (Ex. Bagneux), à l’égal des parcs, avec l’idée de les rendre plus accessibles.
La question de la place réservée à la nature dans la ville est reposée à travers l’exemple de l’aménagement récent du Fort d’Issy où les 4 ha d’espaces verts sont beaucoup trop faibles : le ressenti de nature n’y est pas du tout, « on est enserré dans le bâti »

Les autres projets cités concernent les axes routiers et la pertinence de projets de plantations aux abords ou d’élargissement. L’aspect d’usage et technique (qui ira ? qui entretiendra ?) est fortement critiqué. La dimension paysagère et urbaine n’est pas évoquée :

  • projet en rive gauche de la Seine entre Sèvres et Issy : 14 ha avec promenades ;
  • projet de plantations à Issy entre le front bâti continu et la Seine sur une bande de 5 à 10 m ;
  • le passage à 4 voies de la RD 7 : « arrêter de faire des routes et du tout voitures ! »

Tour de table en synthèse de l’atelier : énoncer spontanément un lieu de nature / une préconisation

  • la forêt de Meudon / sanctuariser l’existant avant de développer la nature en ville ;
  • les forêts / conserver ou créer des ouvertures vers la Seine surtout dans le nord du département (lien fonctionnel et visuel), et éducation à la nature (ce n’est pas qu’un décor) et gestion différenciée ;
  • les forêts / protéger l’existant, apporter davantage de nature en ville, développer l’éducation à l’environnement ;
  • le vallon des Gallicourts à Rueil / limiter la place de la voiture surtout aux abords des massifs forestiers et gérer la biodiversité ;
  • les berges de Seine / limiter les éclairages nocturnes ;
  • les forêts et la Seine, port de Gennevilliers pour garder la tradition industrielle / ne pas créer de nouvelles routes et réhabiliter les cônes de vue et les sentes piétonnes ;
  • la Seine / développer les continuités (TVB) avec implication des citoyens ;
  • les berges de Seine / éducation et communication sur la nature et la biodiversité ;
  • une sente de Malakoff où les jardins débordent / maîtriser ces enjeux et garder la main sur l’avenir des territoires par le PLU ;
  • les petites rues d’Issy avec petites maisons et jardins / tenir compte des particularités communales dans les contraintes de densification imposées aux communes.

Le compte rendu de la porte-parole - Marion ABAUZIT


Les propos ont porté sur un constat et une vision d’avenir, une prospective. Les parcs historiques n’ont pas été beaucoup mentionnés car ils nous ont semblés peu vulnérables, peu menacés.

Motifs identifiés : les forêts, la Seine, les sentes urbaines, les jardins privés
Attente : une nature qui doit être :

  • disponible et ouverte, accessible ;
  • vivante avec une forte biodiversité qui comprenne toutes les strates (faune et flore).
    Image :
  • mise en évidence d’une demande de nature contrastée : soit très policée, soit très spontanée d’où la question : qu’est ce qui est pour nous la nature ? Le groupe penche plutôt pour la vision d’une nature assez spontanée.
    Education à l’environnement : unanimement souhaitée. Forte influence sur le devenir des espaces notamment en termes de propreté et de représentation.
    Sauvegarde des espaces / sanctuarisation  : notamment des massifs forestiers ; va de pair avec questions de PLU et TVB
    Place de la voiture : à limiter ; en lien avec l’emprise des voies, le bruit, la qualité de l’air.