Conclusion et perspectives au terme de deux années de travail
Vincent Lelièvre (CAUE 92) rappelle les particularités de cet atlas et évoque ses prolongements
Du côté de la maîtrise d’œuvre, c’est le point de vue de « l’expert », ou disons du professionnel, c’est Michel Collin, paysagiste qui s’est entouré d’une équipe pluridisciplinaire :
In folio : Patricia Perrier, paysagiste, environnementaliste
atelier TEL : Marie Lubat, sociologue, urbaniste et Joëlle Paquet, architecte-urbaniste
et Vue d’ici : Pascal Chevallier, géographe et géomaticien et Monique Chauvin, géographe, documentaliste et rédactrice
La maîtrise d’ouvrage était multiple, puisque composée de représentants :
- de la DRIEE (direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France),
- de la DRIEA (direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France — l’UTEA 92 (Maxime Laurent)
- et du CAUE 92
Deux observations :
L’intérêt porté par les communes, les associations, diverses institutions et acteurs, aux séminaires, qui se sont déroulés, avec une grande attention des participants (une soixantaine à chaque fois), avec un réel vouloir de la part de chacun de faire part de son point de vue au profit de tout le monde
Un merci, aussi, pour les exercices auxquels se sont prêté les communes, de faire état de projets en cours, comme illustrations de problématiques.
Quatre points me semblent devoir être retenus, après ces deux années de travail
I - Première chose, cet atlas est le fruit d’un work in progress, ’une représentation partagée d’un professionnel avec des responsables territoriaux ayant « à connaître » de la « chose paysage », élus, techniciens, administratifs, prescripteurs (c’est la condition numéro 1 des atlas de ce type, la deuxième étant de définir des unités et sous-unités paysagères, la troisième, des enjeux et des évaluations de dynamiques).
II - Deuxième point, qui est contenu dans le titre, c’est un atlas des paysages et des projets urbains, « et des projets urbains », cela ne figure pas dans les autres atlas, mais cela a été une condition sine qua non de la part de l’UTEA 92 et du CAUE, en effet :
Dans un département comme les Hauts-de-Seine, l’urbanisation occupe une part non négligeable du territoire (environ les trois quarts, y compris la Seine) et la notion de paysage urbain est une réalité.
J’ai appris qu’il y avait encore des débats entre paysagistes sur ce point de savoir si l’on pouvait parler de paysage urbain, ce que je trouve tout de même assez étonnant quand on pense notamment à la genèse du mot paysagiste, qui était jusqu’à la fin du XIXe siècle un peintre de paysages avant de devenir ce que l’on comprend aujourd’hui comme un professionnel de l’aménagement de paysages.
Il est vrai que des peintres comme Poussin, au XVIIe siècle, représentent des paysages plutôt champêtres, mais justement, lorsqu’éclate l’Impressionnisme, concomitamment avec l’expansion de la ville industrielle, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ce sont des paysages issus de la ville industrielle qui commencent à apparaître (avec beaucoup de villes de la première couronne), ou de la grande ville (en particulier Paris, la ville plus que grande, la ville superlative).
Il y a autre chose qui nous semble renforcer cette notion de paysage urbain, entendu comme ambiance urbaine, voire comme une sorte d’image de marque. C’est le coup de cœur qui préside a priori et in fine au choix d’une résidence. Je pense là à environ trente ans de rencontres au CAUE avec des « particuliers », qui sont sur le point d’acheter une maison ou un appartement. Ils achètent d’abord une image, une ambiance et les architectes-conseillers du CAUE ont pu constater très souvent qu’au-delà des raisons raisonnables et chiffrées qui justifient un choix mais a posteriori, c’est toujours à cette fulgurance première et immédiate que revient le choix définitif.
Cela ne veut pas dire que rencontrer les architectes du CAUE ne sert à rien ! Cela veut dire qu’une fois ce coup de cœur admis, il restera encore à en aménager les avantages … et les inconvénients.
Il y a enfin que pour nous le lien entre ville, architecture et paysage est indissociable. Très concrètement, le paysage n’est pas un supplément d’âme qui pourrait par exemple permettre de sauver un quartier mal conçu, mais au contraire une sorte de liant général qui donne une composition et un sens à l’ensemble.
On peut en voir un exemple dans la façon dont sont conçus les projets d’infrastructures, de voirie. Les ingénieurs pensent d’abord à deux grandes contraintes, qui sont la gestion des flux et celle de la sécurité. Ces préoccupations sont bien entendu essentielles, mais dans ce contexte, l’aménagement du paysage apparaît souvent comme un pur souci esthétique d’apparence, alors qu’il en va d’une véritable question d’insertion, dans un site qui possède déjà certaines qualités à préserver, ou qu’il convient de valoriser, questions que ne peuvent résoudre ni la gestion des flux ni celle de la sécurité.
III – Il ne s’agit pas d’un point final mais d’une première étape
Il va donc falloir faire vivre cet atlas, ce qui sera le travail de la DRIEE au travers notamment des travaux de la Commission des sites, le travail aussi de l’UTEA 92 pour ce qui concerne notamment l’urbanisme réglementaire et le travail du CAUE au travers de ses actions de sensibilisation :
L’atlas a été conçu sous la forme d’un site Internet, ce qui n’est pas qu’une question de mode, mais principalement d’interactivité : c’est la rubrique « la fabrique des paysages ». Elle a déjà été alimentée avec les comptes rendus des trois premiers séminaires.
Cela veut dire que nous allons devoir le faire vivre au moins sous forme d’un forum, ce qui suppose un modérateur et une mise à jour…
Publications : le CAUE avait édité en 1994 un numéro de sa revue Topos, « Parcours dans le paysage des Hauts-de-Seine », épuisé dès sa première année de publication et qui demanderait sans doute une nouvelle publication intégrant les préoccupations et enjeux d’aujourd’hui.
Outils d’analyse : il y a l’Observatoire photographique du paysage, qui a déjà près d’une quinzaine d’années d’existence, qui a constitué un ensemble d’une quarantaine de photographies sur les Hauts-de-Seine, qui ont été reconduites quatre fois dans les mêmes conditions (cadrage, saison).
Là aussi une nouvelle campagne serait utile, ainsi qu’une analyse des mutations, à discuter à plusieurs autour d’une table. Certains sites seraient aussi à supprimer, et de nouveaux à ajouter, là encore parce que les sensibilités et les enjeux ont aussi évolué.
Expositions : deux expositions ont déjà été réalisées à propos de l’observatoire photographique, qui analysaient notamment les raisons historiques des mutations. On pourrait en envisager une nouvelle d’ici deux à trois ans.
Promenades urbaines : manifestations grand public que nous avons lancées en septembre 2013, il y a un an et qui rencontrent un grand succès. Très intéressantes, car le public est divers : ce ne sont pas que des retraités, mais au contraire des étudiants, des gens qui n’y connaissent rien mais sont très avides d’apprendre et aussi des professionnels et des responsables institutionnels.
Premier retour d’expérience aussi d’ici deux ans environ, qui sera sans doute une rencontre d’une demi-journée dont la forme n’est pas encore arrêtée et qui sera sans doute une sorte de séminaire comme aujourd’hui, mais avec beaucoup plus d’échanges.
Donc, en un mot, nous sommes appelés à nous retrouver.
IV - Cet ensemble de réflexions, d’analyses sur le paysage et le projet urbain sont d’abord au service de la qualité du cadre de vie pour les habitants des Hauts-de-Seine et ses visiteurs aussi car l’hospitalité reste toujours une valeur à promouvoir
V – Nous finissons donc en dernier par vous remercier d’avoir participé à ces travaux.
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