Transformation des tissus urbains
La mutation des emprises industrielles
D’importantes mutations des emprises industrielles caractérisent les dynamiques en cours dans le département. Elles se concentrent dans les secteurs précédemment marqués par les activités, notamment dans les extrémités des « boucles » au nord et au sud, ainsi que le long de l’axe de la Défense. Ces évolutions viennent assez profondément modifier l’image de ces secteurs et celle de la petite couronne en général.
Leur dimension paysagère s’appuie sur de nombreux points communs :
- Une logique d’opération qui interroge les articulations avec le voisinage. Les conversions des sites d’activité ouvrent la possibilité de construire de nouvelles continuités territoriales, rompant avec leur caractère souvent cloisonné. L’articulation des projets avec les espaces environnants est une des principales opportunités paysagères à saisir ;
- Une inscription territoriale. La recomposition souvent radicale des espaces permet aux opérations de ce type de s’articuler aux grandes structures paysagères. La Seine, les grands reliefs, les lisières des boisements, les axes structurants, peuvent ainsi être associés aux espaces nouvellement créés.
- Un passé à exprimer. La disparition des activités industrielles ne fait pas oublier l’histoire de ces territoires qui peut ainsi être évoquée dans les opérations avec le maintien de certains bâtiments emblématiques, ou des expressions plus immatérielles de la mémoire des lieux.
- Une invention urbaine, source d’identification. La création de nouveaux « morceaux de ville » est l’occasion de construire de nouveaux repères, d’édifier des quartiers identifiables par leur architecture et de leurs espaces publics, témoins de leur temps… sans toutefois négliger la nécessaire articulation avec les voisinages.
- De nouveaux espaces publics, de nouveaux paysages ouverts. Les emprises des opérations permettent fréquemment de constituer de nouveaux espaces ouverts, de nouveaux jardins, souvent positionnés au cœur des opérations. Associés aux espaces publics, ils contribuent à la fois au confort du cadre de vie des habitants, et à l’identification des lieux.
- Les enjeux de l’environnement. La maîtrise de l’énergie, des eaux de ruissellement, des risques d’inondation, la valorisation des transports en commun et des modes « actifs » de déplacement (la marche et le vélo) s’inscrivent davantage aujourd’hui dans le paysage que dans les opérations moins récentes.
L’activité industrielle reste toutefois une composante importante du territoire et de ses paysages, notamment dans le secteur de Gennevilliers où elle bénéficie de la logistique du port, plus adaptée au développement durable. Peu associés aux images positives des Hauts-de-Seine, négligées par les opérations de requalification de l’espace, les secteurs où l’activité perdure peuvent pourtant trouver une place plus affirmée dans le paysage en soignant leur ambiance, leurs espaces publics, et en les associant davantage aux parcours de liaisons douces (bords de Seine, parc des Chanteraines par exemple).
Le port lui-même reste un gisement de paysages d’un grand intérêt, cependant à mieux révéler aux habitants.
(Voir atelier 2)
Le renouvellement urbain des quartiers de logements sociaux
Comme toute la petite couronne, le territoire des Hauts-de-Seine a vu les grands ensembles et les quartiers de logements sociaux se développer sur des emprises parfois considérables.
Les opérations financées par l’Agence nationale du renouvellement urbain (ANRU) mises en place depuis 2003, succèdent à de nombreuses autres initiatives d’intervention. Elles peuvent occasionner d’importantes transformations des espaces et des paysages lorsqu’elles comprennent des dispositions de démolition et de reconstruction ou des réaménagements des espaces extérieurs. Les programmes visent une plus grande mixité sociale, des activités et de commerces, et une plus grande lisibilité des espaces publics et résidentiels. Certaines occupent de vastes emprises, leur évolution est donc un facteur de transformation importante du paysage.
Les opérations sont d’autant plus réussies qu’elles sont associées à l’amélioration des transports en commun qui contribuent au désenclavement et que leur transformation intéresse aussi des tissus voisins.
Elles sont l’occasion de viser certains objectifs de qualité paysagère :
- Valoriser le patrimoine de certains quartiers, en particulier celui des espaces verts dont les arbres ont aujourd’hui atteint de belles proportions ;
- Associer davantage les espaces « intérieurs » des grands ensembles à l’espace public urbain. Leurs espaces verts peuvent jouer le rôle de squares urbains, intéressant ainsi d’autres publics que les seuls habitants de ces quartiers ;
- Articuler les quartiers à leur contexte, atténuer les effets de morcellement dus à de trop fortes disparités d’échelle et d’implantations ;
- Atténuer les effets des grandes emprises monolithiques, redonner la possibilité de mutations à l’échelle de la parcelle ;
- Améliorer les circulations et les traversées rendues difficiles par des implantations trop labyrinthiques des bâtiments, et créant des conditions de relégation ;
- Caractériser davantage l’architecture, renforcer les relations entre les volumes bâtis et les espaces ouverts.
Transformation / densification des tissus
Le SDRIF (Schéma directeur de la région Ile-de-France) énonce un objectif de densification des tissus en place, notamment en lien avec le renforcement des dessertes en transports en commun. Ce facteur potentiel d’évolution des paysages prend cependant un aspect plus diffus que celui des grandes opérations de transformations des emprises industrielles. Il s’agit d’opérations ponctuelles, parfois modestes, mais qui peuvent faire évoluer en douceur les paysages, notamment ceux des quartiers pavillonnaires. Dans ces situations, l’architecture est la principale source de la qualité paysagère. Elle intervient sur la relation à l’espace public, l’inscription dans le contexte, l’expression…
Les densifications sont plus particulièrement appropriées dans certaines situations :
- Les zones de contact entre des tissus contrastés qui ne « dialoguent pas », comme c’est le cas entre les secteurs pavillonnaires et les ensembles de logements sociaux ;
- Les lisières des parcs et des forêts, espaces d’intérêt majeur pour la qualité de vie des habitants, dont la recomposition peut permettre une meilleure valorisation du patrimoine naturel ;
- Les abords des axes structurants dont la densification et l’évolution permettent d’envisager une meilleure lisibilité tout en permettant aux habitants de bénéficier des services qu’ils offrent (transports, commerces…).
Les documents d’urbanisme, dont les règlements peuvent autoriser et cadrer les évolutions, et les initiatives privées sont les principaux leviers de ces opérations. Dans les secteurs pavillonnaires et dans certains cas, l’emprise des jardins peut mériter d’être maintenue quand leur végétation contribue à caractériser l’ambiance des rues, ou lorsqu’ils constituent la seule présence végétale dans des secteurs dépourvus de parcs publics et d’espaces naturels.