Repères, perceptions visuelles : enjeux de la boucle de la Seine de Rueil-Malmaison à Villeneuve-la-Garenne

Enjeux d’identification, de repérage et de caractérisation


De fortes disparités, de nombreuses opportunités

Alors que la figure de La Défense et du grand axe des Tuileries domine le paysage, le territoire de la boucle est principalement caractérisé par la Seine, les ports et quelques lieux tels que les centres villes anciens.

La mosaïque des tissus variés peut créer une certaine identité pour cette unité paysagère, pourtant, au sein de chacun d’eux, les formes assez répétitives ne permettent pas toujours au visiteur de se situer. Le territoire manque, hors La Défense, de représentations paysagères notables.

Les dynamiques territoriales très vives offrent au territoire de la boucle de nombreuses occasions de constituer de nouveaux paysages. L’évolution des tissus industriels, la rénovation des nombreux quartiers de logements sociaux, la perspective de nouvelles dessertes en transports en commun forment un cadre de transformations à saisir pour répondre aux enjeux paysagers.

L’apport des ateliers :

- La variété des formes urbaines et construites caractérise la petite couronne (le terme de « banlieue » est parfois critiqué pour son caractère stigmatisant). Les effets de découverte et de surprise, l’animation apportée aux déplacements sont considérés comme positifs et même identitaires.
- L’acceptation de la banlieue « entrechoquée » passe par la nécessité d’y trouver une certaine continuité dans les usages de l’espace : les coupures, les morcellements, accentuent les effets de désordre et les difficultés à s’y retrouver, donc à s’y identifier. Le « passage » serait une réponse aux effets du morcellement, aux coupures et aux impasses « coupe-gorge ».

La Défense, un motif en équilibre avec le paysage métropolitain

La Défense évolue, de nombreux projets de nouvelles tours ont été proposés dans les années 2000. Le repère formé par le cortège des tours intervient nettement dans le paysage métropolitain où il « dialogue » avec d’autres lignes de repères, notamment les horizons des reliefs naturels, le velum parisien, la tour Eiffel…
Tous les projets sont à considérer en fonction des équilibres en place : la hauteur moyenne des tours qui donne une réelle cohérence à la silhouette du quartier, et les relations d’échelle avec les autres horizons.

L’apport des ateliers :

- La Défense figure parmi les monuments repères majeurs du département. Elle se voit de loin d’où elle constitue un bouquet compact de tours. Depuis les Hauts-de-Seine on constate son étendue, orientée par l’axe. Elle revêt en outre un caractère insulaire en lien avec sa forme urbaine et architecturale et à son système hors sol.
- Outre sa forme bâtie et sa situation (axe historique), la Défense renvoie à la dimension symbolique du repère. Ce qu’elle représente peut être ainsi valorisé ou au contraire déprécié selon les personnes et leur rapport au monde des affaires.

La Seine et les ports, des identités à révéler davantage

Délimitée par la Seine, la boucle accueille les ports de Gennevilliers et Nanterre. Ce caractère unique reste cependant à mieux révéler, notamment en raison des conditions d’accessibilité.

Les berges du fleuve sont, au nord-ouest, de plus en plus accessibles grâce aux programmes conduits par le Conseil général (notamment le beau parc du chemin de l’île), même si l’effet de coupure exercé par l’A 86 reste sensible. De meilleures conditions de franchissement pourraient être recherchées et mises en œuvre pour rapprocher de la Seine les tissus de l’intérieur de la boucle. Au sud-est, les berges restent toujours très difficilement approchables lorsqu’elles sont bordées par la RD7.
A Villeneuve-la-Garenne en revanche, les quais Alfred Sisley permettent une articulation directe de la ville et du fleuve, et pourraient être davantage valorisés.

L’apport des ateliers :

- L’absence de visibilité et/ou de liens fonctionnels entre les quartiers résidentiels et la Seine est un enjeu majeur pour le département.

Le port de Gennevilliers représente une caractérisation paysagère majeure, unique, d’une échelle remarquable. Il apparaît comme une zone d’activités peu accessible pour d’autres usages. Pourtant situé en ville, il pourrait s’inscrire davantage dans l’espace et le paysage urbains. La recherche d’accessibilités sur certains linéaires, certaines plages horaires (le soir en été, le dimanche), le développement de sites « urbains » associant aux quais des darses des animations urbaines (promenades, restaurants) permettraient de mieux identifier le port comme un élément de valeur du paysage.

Les centralités en évolution Alors que les centres historiques de Rueil, Nanterre, Colombes et Gennevilliers ponctuent le territoire de la boucle, de nouvelles centralités se sont constituées et peuvent se composer encore en fonction des évolutions liées à la mutation des secteurs d’activité et à la réalisation de nouvelles gares. L’identification et la lisibilité de ces centralités peuvent fortement contribuer au paysage de la boucle, en particulier dans la plaine d’Asnières-Colombes où les projets sont nombreux. L’évolution des tissus d’activité D’importantes surfaces d’activités sont considérées comme des secteurs de mutation envisageable. Leur transformation et leur grande échelle offrent l’opportunité de créer une nouvelle identité paysagère et de nouveaux repères.

La qualité paysagère appelle certains points de vigilance :

  • Le renforcement des liens de perception et d’usage avec la Seine ;
    - Une certaine coordination des projets en s’appuyant sur l’exemple de la dynamique mise en place par l’Entente-Seine ;
  • La recherche d’une cohérence des centralités sur le territoire de la boucle et des relations entretenues entre elles, sous forme d’une trame de voies lisibles ;
  • De bonnes articulations avec les tissus environnants pour éviter les effets d’enclave subis autour de La Défense par exemple ;
  • La reconnaissance de traces sensibles de l’activité industrielle qui fait partie de l’identité de la boucle.

L’évolution des quartiers de logements sociaux C’est dans la boucle que se concentrent également une grande part des quartiers de logements sociaux du département dont les évolutions, engagées depuis de nombreuses années, peuvent se poursuivre encore. Leur présence détermine la sous-unité de paysage « les grandes cités de la plaine alluviale ». On les trouve également à d’autres endroits de la boucle. Alors même qu’ils contribuent à l’identité du territoire, les programmes de transformation de ces quartiers peuvent répondre à certains enjeux du paysage urbain.

Sur le plan du repérage et de l’identification, l’enjeu consiste à mieux caractériser les opérations :

  • En renforçant les caractères spécifiques du contexte, tels que le voisinage avec les grands repères de la Seine, des ports, de la Défense, de l’axe… ;
  • En révélant les qualités urbaines et architecturales des opérations ;
  • En complétant les quartiers par des équipements mieux repérables et destinés à un public élargi ;
  • En inscrivant davantage les quartiers dans la continuité des espaces publics urbains environnants.
Enjeux de perception visuelle La perspective des Tuileries L’axe traverse la boucle de part en part, de la Seine à la Seine. La perspective qui l’accompagne offre un repérage incomparable, structure les tissus voisins et fédère les opérations riveraines.

La dynamique de transformation se poursuit au-delà des terrasses, le stade Arena 92 se construit à l’ouest de l’Arche.

Un enjeu pour les aménagements consiste à maintenir une ouverture lisible qui exprime la perspective et l’élan qu’elle donne vers les horizons en laissant passer la lumière et les vues. La continuité de cette ouverture contribue à justifier les programmes destinés à gommer les obstacles représentés par les infrastructures.

Les vues sur les repères La Défense, le Mont Valérien, les buttes du Parisis, l’hôtel de Ville de Gennevilliers, la préfecture, sont autant de repères pour l’espace de la boucle. Leur mise en valeur, dans les perspectives existantes, par le dégagement des grandes routes et des voies ferrées, constitue un atout à saisir lors des transformations et de la gestion des espaces publics. Les grandes infrastructures

L’apport des ateliers :

- Le paradoxe des grandes infrastructures est que si elles créent des continuités à l’échelle métropolitaine, elles constituent localement des ruptures dans le fonctionnement du territoire.
- Les villages anciens de la boucle s’organisaient autour d’axes est-ouest, alors que dans les années 1970 les grandes infrastructures ont « haché » le territoire dans le sens nord-sud.
- Les infrastructures peuvent occasionner des idées de « chaos » : « le chaos est dans les infrastructures », cependant :
 
- Un axe peut aussi constituer un repère, un élément grâce auquel on s’oriente, l’axe historique en est un essentiel.
- Le « vide », souvent occupé par les infrastructures de transport routier comme ferroviaires, constitue un potentiel de révélation du paysage. Car depuis ces infrastructures le paysage est visible. C’est le cas des voies ferrées en tranchée des Groues à Nanterre qui montrent que le vide permet d’organiser un espace, sa fonction, son paysage plutôt que de mener à une désorganisation. Les voies donnent sens à un ensemble. Elles offrent un espace vide, large et courbe qui amplifie les vues sur le lointain, qui peut être apprécié depuis les promenades, depuis les balcons.
 
Le rôle des grandes voies routières et ferrées pèse beaucoup sur les paysages de la boucle, avec des aspects positifs et négatifs.
 
Le rôle des grandes voies routières et ferrées pèse beaucoup sur les paysages de la boucle, avec des aspects positifs et négatifs.
 
En positif :
 
- L’ouverture dégagée des voies offre de belles respirations au sein d’une urbanisation assez soutenue : le sol et le ciel peuvent à nouveau dialoguer, le regard peut s’échapper parfois vers d’intéressants horizons, notamment la silhouette des buttes du Parisis toutes proches ou celle de La Défense ;
- Les voies permettent des points de vue (réels et potentiels) sur le territoire, offerts aux nombreux usagers en voiture ou en train et aux passants sur les ponts ;
- Les emprises des voies contiennent également des espaces naturels, des bas-côtés et des délaissés où se développe une végétation qui s’inscrit dans le paysage, peut boucher certaines vues mais aussi participer à la qualité de l’ambiance, à la biodiversité et aux continuités biologiques.
 
En négatif :
 
Les voies sont des coupures qui contribuent au morcellement du territoire, et appellent un programme de franchissements, notamment en lien avec un réseau de liaisons douces ;
- Le voisinage des grandes voies autoroutières n’est pas confortable, en raison du bruit, des vibrations, de la mauvaise qualité de l’air.

L’importance des voies (routières et ferrées) est telle dans la boucle qu’elle constitue un caractère spécifique. En donnant du sens à leur présence, elles peuvent devenir un motif de paysage.
Il en résulte des enjeux spécifiques et d’éventuels programmes d’action :

  • Étudier les axes majeur (A 86, RN 315, A15, A 14…) sous un angle paysager, de sorte à dégager des axes d’interventions relatifs aux franchissements, à la qualité de la perception du territoire, aux évolutions possibles des tissus riverains, aux modalités de gestion des dépendances vertes selon les objectifs de perception et d’environnement, aux ouvrages d’art et leur valorisation.
  • Considérer tous les ponts comme des points de vue sur le paysage urbain, et en dégager d’éventuelles dispositions de développement pour les tissus environnants.
  • Étudier la capacité des bordures de voies, notamment celles des chemins de fer, à accueillir plus délibérément des espaces publics et des façades urbaines bénéficiant de leur dégagement visuel.


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