Repères, perception visuelle, éléments de nature : enjeux du Plateau entaillé de Châtenay-Malabry à Suresnes

Enjeux d’identification, de repérage et de caractérisation

Un horizon boisé, repère pour la métropole

L’apport des ateliers
  • La nature, les bois, les forêts et les reliefs où alternent sommets boisés et vallées sont les éléments identitaires de l’unité. Les horizons de nature sont utiles à un sentiment d’appartenance au territoire.
  • Les forêts en tant que “présence de nature” peuvent constituer un critère de choix pour s’installer dans le département. Cette présence de nature est perçue comme propre aux Hauts-de-Seine, “on ne la retrouve pas partout en Île-de-France, elle aide à s’identifier à ce territoire, j’ai envie de connaître les forêts qui m’ont attiré dans ce territoire.”
  • Les hauteurs constituent un ensemble de repères, notamment lorsqu’ils sont boisés, et s’offrent aux vues lointaines. Les rebords et les coteaux sont à la fois ce qui est vu et ce qui permet de voir.
  • Protéger l’existant, le mettre en valeur, inscrire des cônes de vue dans les documents d’urbanisme, apporter davantage de nature en ville, développer l’éducation à l’environnement.
  • Un élément n’est un repère que lorsqu’il constitue un contraste dans un environnement. C’est le cas du mont Valérien depuis la plaine de la boucle nord du département.

Avec le Mont Valérien, l’horizon boisé du plateau offre un repère essentiel à l’échelle métropolitaine. Il contribue à rendre lisibles les limites du site parisien et les inscrit dans un registre de nature unissant relief et boisements.

L’aspect de cet horizon, la façon dont il est perçu, constitue un fort enjeu. Il convient d’y veiller en évaluant tout projet à l’aune de son incidence dans les panoramas qui ouvrent sur lui. Outre l’identification à l’horizon, chaque forêt et parc boisé forme, dans le cadre de vie et les usages de loisirs, dans l’idée même d’une présence de la nature à proximité, un repère local permettant de se situer.

La préservation sans faille des emprises boisées et de leur perception est un enjeu pour l’identité des lieux aux échelles métropolitaine et locale.

Des centralités inégalement réparties, certains repères dans les formes urbaines

Le centre ancien de Clamart et l’axe central de Sèvres restent lisibles et repérables. Les centres de Meudon et du Plessis-Robinson, plus ténus, tiennent moins fortement leur rôle de repère. Les autres parties du plateau (le nord, à Buzenval, et le sud, au Petit-Clamart), souvent urbanisées au XXe siècle ne présentent pas de centres anciens.

L’apport des ateliers
  • Il existerait un paysage de banlieue, où « l’entrechoqué devient familier » : la diversité architecturale est une caractéristique, à l’exemple de Meudon constituée de formes construites très diverses. Dans cette diversité cependant il est nécessaire d’assurer une continuité d’ensemble, c’est le rôle des infrastructures, comme le tramway.
  • Pour l’acceptation de la banlieue « entrechoquée », il y a nécessité d’y trouver une certaine continuité dans les usages de l’espace : les coupures, les morcellements accentuent les effets de désordre et les difficultés à s’y retrouver, donc à s’y identifier. Le « passage » serait une réponse aux effets du morcellement, aux coupures et aux impasses « coupe-gorge ».

La réalisation d’une station de métro place du 8 mai 1945 à Rueil-Malmaison offre une opportunité de mettre en place une centralité dans le plateau de Buzenval qui n’en présente pas réellement.

D’autres repères sont liés à des formes urbaines parfois très caractéristiques : la cité-jardin de Suresnes, l’ancienne cité-jardin du Plessis-Robinson, les logements collectifs de Fernand Pouillon à Meudon-la-forêt et Robert Auzelle à Clamart s’inscrivent lisiblement dans l’espace et accueillent pour certains une partie des services urbains qui peuvent réaliser une centralité.

Enjeux de perception visuelle

Les belvédères, les points de vue, les perspectives

Meudon, une œuvre de perception du territoire

La terrasse de Meudon offre un des points de vue les plus notables du département. Le panorama embrasse, outre Paris, une bonne partie de la vallée du Marivel et le bois de Clamart.

Les espaces situés dans le champ de vision de la terrasse appellent une attention particulière. Tout projet est à considérer en fonction de son impact dans le paysage ainsi perçu, sa lisibilité et sa cohérence. Une attention particulière est à porter aux toitures, aux façades vues, aux couleurs et matières qui doivent s’inscrire dans leur contexte.

Plusieurs perspectives viennent, elles aussi, offrir une « vision » du territoire, et contenir le territoire dans des panoramas qui lui donnent de l’unité malgré les contrastes des formes urbaines.

A Meudon, la perspective du château et celle de Bellevue offrent de possibles vues sur des points éloignés. Celle de Meudon ouvre sur l’horizon où se détachent les silhouettes des quartiers de Meudon-la-forêt et ceux de Clamart.

Ces perspectives ont toutes deux subi des interventions qui ont affaibli leur ouverture visuelle. Celle-ci peut aujourd’hui être retrouvée.
(voir ill. infra)

Les grandes infrastructures

De nombreux axes traversent le plateau : A 13, lignes de chemin de fer Paris-Versailles, RN 118, RD 2, A 86. Chacun propose un point de vue sur le territoire et ses composantes. Trois routes ou autoroutes traversent ou longent des massifs, et les lignes de chemin de fer s’inscrivent nettement dans la structure de la vallée du Marivel.
Une analyse pour chacun de ces axes pourrait permettre de dégager des dispositions visant la perception depuis les infrastructures et, vice-versa, sur l’impact qu’elles ont sur leur environnement.

  • Maintien et valorisation de points de vue ;
  • Création de nouveaux dégagements visuels (ou l’inverse en cas de nuisance de l’infrastructure) ;
  • Traitement des interfaces.
L’apport des ateliers
  • Le « vide », souvent occupé par les infrastructures de transport routier comme ferroviaire, constitue un potentiel de révélation du paysage. Car depuis ces infrastructures le paysage est visible.
  • Les infrastructures sont des moyens de voir le paysage : c’est par exemple le cas de la ligne de chemin de fer de Saint-Lazare vers Chaville.
  • Les infrastructures constituent un potentiel, elles peuvent permettre d’organiser un espace et donc le regard.
Présence sensible des éléments de nature et de leurs continuités

Le capital paysager des reliefs et des masses boisées (forêts ou parcs) concerne la métropole.

L’apport des ateliers

Le statut de « forêt de protection » apparaît la seule protection efficace aujourd’hui. Ce classement est demandé depuis 5 ans pour la forêt de Meudon. La demande n’aboutit pas car la constitution du dossier de classement est long et les personnels en charge trop peu nombreux, les communes y sont favorables mais leurs projets urbains contredisent parfois cette volonté.
La forêt est perçue comme étant devenue une “variable d’ajustement” pour les projets urbains.
Les grands massifs forestiers, de statut domanial (Meudon, Fausses-Reposes, La Malmaison et Verrières) sont gérés par l’Office National des Forêts. Un éventuel changement de statut, de domanial à départemental, provoque une inquiétude quant à la transformation possible de la gestion de ces massifs, plutôt comme des parcs que comme des forêts.. Or la forêt est perçue comme un espace naturel (même si ce n’est pas le cas), et de liberté, où l’on peut divaguer, tandis que le parc possède une image de lieu entretenu, voire aménagé, où la nature perd ses droits et où la promenade est contrainte.

Renforcer les liens avec les tissus environnants

Bien que présents physiquement, les massifs sont parfois difficiles d’accès. Ainsi, le parc de Saint-Cloud est « enfermé » au nord par l’autoroute, le chemin de fer, et par la résidence clôturée de Montretout. Souvent, les lisières sont bordées par un rang de pavillons sans connexion avec l’espace public.
L’identification d’un programme de liaisons souhaitables, possibles, réalisables à court ou plus long terme, serait utile à l’ensemble des massifs.

L’apport des ateliers

L’accessibilité des bois et des espaces de nature est un enjeu essentiel (cf. schéma départemental des liaisons piétonnes). De nombreux habitants ne connaissent le département que par des déplacements en train et en voiture. Il existe des paysages « cachés », « extraordinaires » méconnus par les habitants eux-mêmes.

Parcourir le réseau de boisements

Il est difficile de cheminer de parc en parc, de franchir les obstacles des infrastructures malgré le grand intérêt du réseau qu’ils constituent. Un programme de parcours reliant les massifs entre eux et proposant des boucles serait une manière de renforcer leur présence et leur proximité auprès des populations.

Mettre en valeur les lisières

Occultées par les infrastructures ou les parcelles privées, les lisières sont peu présentes dans l’espace public. Pour chacune, un programme de mise en « paysage » (visuellement et dans les usages) peut être recherché. Une certaine densification des tissus voisins (une des pistes développées par l’Atelier international Grand Paris dans l’objectif de production de logements) permettrait à l’occasion de libérer de l’espace public…

La hauteur des arbres permet d’envisager des constructions R+3 sans bouleverser les équilibres de hauteur, et la recomposition des tissus peut alors s’accompagner d’une meilleure valorisation des lisières avec davantage de recul et une accessibilité renforcée.

De très nombreux équipements s’interposent entre les quartiers et les lisières. Aussi, il serait utile de rechercher chaque occasion permettant de créer des articulations plus directes avec l’espace public, notamment des « passages ».

Organiser et accompagner la fréquentation et la gestion

Les conditions d’accès, de stationnement, de fréquentation, ainsi que les modes de gestion, varient selon les massifs et les parcs. Une coordination serait intéressante entre les différents propriétaires et gestionnaires, permettant de tirer parti d’une telle concentration, de la mettre à la disposition des habitants de la métropole et des riverains.

L’apport des ateliers :
  • Les bois accueillent des millions de visiteurs. Pourtant le bois de Meudon n’a pas une image métropolitaine.
  • La sur-fréquentation de certaines forêts est due à une grande facilité d’accès en voiture comme à Meudon alors que la forêt de la Malmaison est plus protégée car moins facilement accessible.
  • Les parkings en cœur de massif forestier sont mentionnés comme des erreurs monumentales.
  • L’exemple du PNU (Rueil Malmaison) et de son accès piéton depuis Colombes par les berges de Seine montre que les secteurs les mieux préservés sont ceux où l’approche de la voiture est limitée et contenue (étang de Saint-Cucufa), où il faut marcher et où le relief est marqué (montées).

Éléments de nature perçus dans et / ou depuis l’espace public

Dans les quartiers pavillonnaires, l’ambiance trouve sa valeur dans la végétation qui, dépassant les murs des jardins, associée aux arbres des rues, composant les limites des parcelles, donne aux rues des couleurs et des matières de jardins. Certaines rues en pente ouvrent des perspectives sur des horizons lointains et révèlent des reliefs naturels qui leur donnent une dimension paysagère supplémentaire.

Identifier ces rues (voir à ce sujet les travaux de l’APUR), les horizons ouverts, éviter de boucher les perspectives, renforcer la présence des pentes, constituent des objectifs de paysage qui nécessitent souvent d’être considérés à une échelle trans-communale.
A l’heure des objectifs de densification, agir sur ces tissus appelle une attention particulière, et les transformations peuvent être définies sur des secteurs précis et délimités : abords des gares, zones de transition entre tissus contrastés, certaines lisières à mieux révéler.

L’apport des ateliers :
  • Les rues des tissus pavillonnaires créent de belles ambiances urbaines. Sur l’unité, grâce aux reliefs, il existe un réseau complexe de petites rues qui apporte beaucoup de charme au paysage. Les jardins privés jouent un rôle important dans ces ambiances.
  • L’agrément procuré par ces petites rues calmes et remplies de verdure est très valorisé, notamment à propos des tissus denses et/ou dépourvus d’espaces verts (Issy, Malakoff) « la nature ce sont les jardins individuels qui donnent une impression de nature dans les zones pavillonnaires bien entretenues »
  • Ces paysages discrets, secrets ou cachés sont à valoriser
  • La vallée du Marivel est identifiée comme emblématique des ambiances résidentielles de l’unité et plus généralement des Hauts-de-Seine par les matériaux, la topographie, le type d’habitat, la présence du végétal.

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