Mixités, contrastes, polarités : la grande variété du territoire perçu

publié le 16 juillet 2013 (modifié le 8 juillet 2015)

Le territoire ne se présente pas seulement sous la forme de tissus contrastés. Dans bien des situations, au contraire, il est fait de multiples éléments qui se côtoient à l’échelle de la parcelle, ou de l’opération, réunis par un espace public ou au contraire totalement dispersés.

Les opérations contemporaines, souvent situées sur d’anciennes emprises industrielles, ont pour objectif de mieux s’inscrire dans les tissus existants. Elles proposent également des « polarités », qui viennent s’ajouter à celles qui existent déjà et qui concentrent en certains points les sensations de territoire. Ainsi, sous l’angle du paysage, le territoire n’est pas uni, mais fait de « tissus » et de « points de condensation » », de « zones » et de « lieux », bref d’une succession de différenciations.

La richesse de la variété des ambiances s’accompagne également d’une difficulté à appréhender la continuité territoriale, le paysage étant à négocier entre ces valeurs parfois contradictoires.

Variété, discontinuité, contrastes

Carte de représentation des tissus, extrait dans le secteur de Nanterre en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de représentation des tissus, extrait dans le secteur de Nanterre


L’exemple de Nanterre est significatif, tant de la variété des tissus qui se côtoient, que des contrastes parfois vifs qui en résultent. Le paysage, produit par les logiques de zonages opérationnels et réglementaires, présente des ruptures importantes de perception, d’usages, d’ambiances, et parfois sociales, qui « décomposent » le territoire vécu.

En termes de perception, ces phénomènes occasionnent des difficultés de lisibilité et de repérage : le territoire, morcelé, se comprend mal, il est difficile d’en recomposer les continuités. Les zonages de fonctions, les discontinuités d’échelle, d’ambiances, contribuent à une perception heurtée, tandis que certains secteurs, conçus sans articulation avec leur environnement, apparaissent comme des isolats.

Une valeur paysagère consiste à rechercher, désormais, ce qui retisse une continuité du territoire, en travaillant notamment sur les limites entre les tissus, sur les espaces transversaux, sur les mixités.

Exemples de « collages »  en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemples de « collages »
Deux typologies urbaines (pavillons, puis collectifs) apparaissent dans le même paysage sans lien ni transition. A gauche, l’espace public est lui-même discontinu : la rue pavillonnaire se termine en impasse, et ne se poursuit pas dans le tissu voisin.

Entrée est du village de Gennevilliers  en grand format (nouvelle fenêtre)
Entrée est du village de Gennevilliers
La confrontation des tissus est particulièrement brutale. L’échelle des barres, leur mode d’implantation, écrasent le village, sans transition.

Les faubourgs mixtes : un caractère de la banlieue

Secteur de la RN20, axe entre Antony et Sceaux  en grand format (nouvelle fenêtre)
Secteur de la RN20, axe entre Antony et Sceaux
L’effet de « faubourg » aux formes très variées se remarque nettement sur la carte.
L’ambiance de l’axe est faite par la succession très variée des formes bâties et des programmes (logements, activités, commerces…), tandis que les arbres d’alignement apportent une remarquable unité, organisée sous forme de perspective.


Dans certains secteurs, les éléments divers (logements individuels, collectifs, activités, etc.) se côtoient sans pour autant former de tissus. Le phénomène est particulièrement sensible le long des axes rayonnants, comme la RN20 ou la RD906. Les traitements des axes permettent d’apporter des éléments de continuité, notamment grâce aux alignements d’arbres. Dans les cas de rénovation urbaine, on constate également une recherche d’unité et de meilleure « continuité » de ces secteurs.

Les opérations d’aménagement urbain contemporain

Les mutations du territoire produisent de nouvelles formes urbaines qui se manifestent particulièrement dans les ZAC qui couvrent d’importants périmètres, notamment dans les friches industrielles. On y retrouve certaines préoccupations communes qui portent sur le paysage urbain. Les dalles y sont bannies, les bâtiments y retrouvent l’alignement aux axes des rues, et sont très souvent directement en façade.

Le motif de l’îlot ouvert qui est fréquemment retenu, permet d’associer les façades sur rue et les échappées visuelles sur les jardins en cœur d’îlot.

Les bâtiments sont plutôt hauts (environ R+7 à 10), parfois davantage, mais cette densité est justifiée par d’importants dégagements de l’espace public, généreusement dimensionné et traité, avec une forte présence végétale, mais également par une intensité des usages (plurifonctionnalité des espaces : logements, commerces, bureaux, etc.).

Un jardin occupe d’une manière récurrente le centre des opérations, et il est souvent combiné aux systèmes de traitement des eaux de ruissellement.

L’architecture vise à caractériser les lieux, c’est-à-dire à produire des paysages identifiables.

ZAC du Trapèze à Boulogne, ZAC de la cité jardin au Plessis-Robinson  en grand format (nouvelle fenêtre)
ZAC du Trapèze à Boulogne, ZAC de la cité jardin au Plessis-Robinson
Le paysage est manifestement caractérisé autant par les implantations et l’architecture que par la place des jardins.

Vue aérienne quartier du Trapèze à Boulogne-Billancourt  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue aérienne quartier du Trapèze à Boulogne-Billancourt
L’ordonnancement quasi-classique est modulé par les ouvertures donnant sur les cœurs d’îlot. L’espace public est traité avec grand soin, de même que le jardin qui marque le centre du quartier (mais le jardin aurait aussi pu articuler le quartier à la Seine…).

Centralités, polarités

L’espace urbain n’est pas uni, et s’intensifie en des lieux qui se distinguent des tissus dont ils forment les polarités. Marqués par les formes des places et par la présence des équipements publics majeurs, ces endroits symbolisent et accueillent la vie collective : marchés, fêtes, rassemblements… dont ils constituent symboliquement le paysage.

L’évolution urbaine intensive des Hauts-de-Seine a perturbé la structure initiale des bourgs et villages, chacun doté de son centre. La continuité urbanisée, faite comme on l’a vu de nombreux « morceaux » de tissus urbains très différents, recoupée de grandes infrastructures, n’offre plus la même lisibilité. Les centralités sont toujours présentes au cœur des villes et des villages anciens, mais peinent à se lire dans les développements récents.

C’est là un enjeu de l’évolution des paysages urbains, dont les nouvelles polarités sont à définir en fonction de l’évolution de la ville « durable », à proximité des gares.

Le centre ville de Clamart.   en grand format (nouvelle fenêtre)
Le centre ville de Clamart.
Un espace public récemment débarrassé des voitures, où se détachent les emblèmes de la vie collective : la mairie, le café…

Le métro les Courtilles à Gennevilliers  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le métro les Courtilles à Gennevilliers
L’endroit n’est pas encore un pôle urbain mais pourrait le devenir grâce à la station de métro, dotée d’une véritable émergence sur l’espace public.

Le marché à Chatillon, à proximité du supermarché en grand format (nouvelle fenêtre)
Le marché à Chatillon, à proximité du supermarché

La préfecture à Nanterre   en grand format (nouvelle fenêtre)
La préfecture à Nanterre
Peut-être la seule préfecture en France à ne pas composer, avec une place publique, un ensemble urbain monumental. Elle constitue ainsi une polarité sans jouer le rôle de centralité. Cependant les évolutions de l’axe, avec le projet des "Terrasses", vient définir un espace public de référence sur lequel se présente le bâtiment emblématique.