Mixités, contrastes, polarités : la grande variété du territoire perçu
La variété des tissus et leurs contrastes influent fortement sur la perception des territoires, au détriment de la perception de sa continuité.
Variété, discontinuité, contrastes
L’exemple de Nanterre est significatif, tant de la variété des tissus qui se côtoient, que des contrastes parfois vifs qui en résultent. Le paysage, produit par les logiques de zonages opérationnels et réglementaires, présente des ruptures importantes de perception, d’usages, d’ambiances, et parfois sociales, qui « décomposent » le territoire vécu.
En termes de perception, ces phénomènes occasionnent des difficultés de lisibilité et de repérage : le territoire, morcelé, se comprend mal, il est difficile d’en recomposer les continuités. Les zonages de fonctions, les discontinuités d’échelle, d’ambiances, contribuent à une perception heurtée, tandis que certains secteurs, conçus sans articulation avec leur environnement, apparaissent comme des isolats.
Une valeur paysagère consiste à rechercher, désormais, ce qui retisse une continuité du territoire, en travaillant notamment sur les limites entre les tissus, sur les espaces transversaux, sur les mixités.
Les faubourgs mixtes : un caractère de la banlieue
Dans certains secteurs, les éléments divers (logements individuels, collectifs, activités, etc.) se côtoient sans pour autant former de tissus. Le phénomène est particulièrement sensible le long des axes rayonnants, comme la RN20 ou la RD906. Les traitements des axes permettent d’apporter des éléments de continuité, notamment grâce aux alignements d’arbres. Dans les cas de rénovation urbaine, on constate également une recherche d’unité et de meilleure « continuité » de ces secteurs.
Les opérations d’aménagement urbain contemporain
Les mutations du territoire produisent de nouvelles formes urbaines qui se manifestent particulièrement dans les ZAC qui couvrent d’importants périmètres, notamment dans les friches industrielles. On y retrouve certaines préoccupations communes qui portent sur le paysage urbain. Les dalles y sont bannies, les bâtiments y retrouvent l’alignement aux axes des rues, et sont très souvent directement en façade.
Le motif de l’îlot ouvert qui est fréquemment retenu, permet d’associer les façades sur rue et les échappées visuelles sur les jardins en cœur d’îlot.
Les bâtiments sont plutôt hauts (environ R+7 à 10), parfois davantage, mais cette densité est justifiée par d’importants dégagements de l’espace public, généreusement dimensionné et traité, avec une forte présence végétale, mais également par une intensité des usages (plurifonctionnalité des espaces : logements, commerces, bureaux, etc.).
Un jardin occupe d’une manière récurrente le centre des opérations, et il est souvent combiné aux systèmes de traitement des eaux de ruissellement.
L’architecture vise à caractériser les lieux, c’est-à-dire à produire des paysages identifiables.
Centralités, polarités
L’espace urbain n’est pas uni, et s’intensifie en des lieux qui se distinguent des tissus dont ils forment les polarités. Marqués par les formes des places et par la présence des équipements publics majeurs, ces endroits symbolisent et accueillent la vie collective : marchés, fêtes, rassemblements… dont ils constituent symboliquement le paysage.
L’évolution urbaine intensive des Hauts-de-Seine a perturbé la structure initiale des bourgs et villages, chacun doté de son centre. La continuité urbanisée, faite comme on l’a vu de nombreux « morceaux » de tissus urbains très différents, recoupée de grandes infrastructures, n’offre plus la même lisibilité. Les centralités sont toujours présentes au cœur des villes et des villages anciens, mais peinent à se lire dans les développements récents.
C’est là un enjeu de l’évolution des paysages urbains, dont les nouvelles polarités sont à définir en fonction de l’évolution de la ville « durable », à proximité des gares.