L’identité recherchée ou construite, productrice de paysage

publié le 13 juin 2014 (modifié le 8 juillet 2015)

Une identité peut reposer sur des éléments existants mais peut également faire l’objet d’une volonté de modification ou de création. Cela peut alors jouer un rôle dans la constitution des paysages. En effet la volonté de création d’identité peut mener à des aménagements spécifiques.


Les manières d’intervenir sur le paysage afin d’influer sur les identités apparaissent assez nombreuses au regard des entretiens menés dans le cadre de l’Atlas. Cela peut en effet donner lieu à des ambiances architecturales spécifiques (Le Plessis-Robinson), à des matériaux et des choix de mobiliers urbains (Montrouge), au développement ou au maintien de certaines fonctions urbaines (vocation économique du territoire Gennevillois), à des orientations urbaines portant sur des aménagements de sites particuliers (ex. Nanterre, Bagneux, Clichy), ou encore à des aménagements d’axes (ex. à Châtenay-Malabry ou Nanterre).

Le choix de styles architecturaux et d’ambiances urbaines

La recherche d’identité (qui n’est pas nécessairement formulée de la sorte par les acteurs locaux) peut s’opérer via des traitements architecturaux et d’espaces publics très spécifiques.

En termes architecturaux, les architectes des bâtiments de France Christian Benilan et Matthieu Cottenceau décrivent deux écoles : celle selon laquelle il est privilégié de préserver ou de faire dans le pastiche, « à la manière de », et celle qui privilégie « le dernier cri », l’architecture contemporaine. De même, ils constatent que les références aux années 1930 sont aujourd’hui régulièrement convoquées, de même que la mise en couleur des façades. Ces choix architecturaux dépendent des communes, et parfois même de la vision personnelle que l’élu porte sur l’image de sa ville. Afin d’illustrer ce propos, ils citent comme exemple de communes favorisant le pastiche : Le Plessis-Robinson, Puteaux (exemple du palais des sports), ou encore La Garenne-Colombes. Concernant cette commune, ils expliquent ce choix d’ « école architecturale » par la recherche d’un effet d’opposition par rapport à la Défense (de la même manière que certaines autres communes le font par rapport à Paris).

Ainsi, au Plessis-Robinson, le maire insiste sur le choix d’une architecture classique car « belle », « rassurante » et appréciée de la population, en opposition selon lui à l’architecture contemporaine. Le choix de cette architecture classique est justifié à deux titres : une volonté politique de « bien-être » de la population, et une volonté de se distinguer des autres villes. Ces projets architecturaux et urbains, participant de l’ « embellissement de la ville » ont contribué, selon Philippe Pemezec, à ses réélections successives.

«  L’urbanisme comme celui qu’on voit aujourd’hui, c’est-à-dire des carrés, des cubes, des boîtes qui s’empilent les unes sur les autres (…), défigure les villes avec une architecture très contemporaine, très moderne (…). Pour moi c’est une dévastation du paysage urbain. Je me bats pour une architecture classique qui s’intègre beaucoup plus, qui est plus rassurante, et qui rappelle des choses aux gens (…)
Je travaille beaucoup à ce que la ville soit belle, je suis obsédé par le bien-être des gens et les gens ne peuvent se sentir bien que s’ils ont un cadre de vie qui est agréable où ils se sentent bien. (…) Les [Robinsonnais] me disent souvent ‘on se sent bien monsieur le maire au Plessis’ et pour moi c’est une immense victoire. Se sentir bien cela signifie que les gens sortent de chez eux, flânent, se promènent sur les routes, sur les chemins, dans les parcs. Ils se sentent bien parce que le décor est propice au bien-être (…).  »
[Extrait d’entretien, Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson]

L’architecture classique « rappelle des choses », l’environnement est « reconnu » sur la base de références culturelles acceptées.

Parmi les éléments de « décor » participant au paysage robinsonnais, Philippe Pemezec évoque également des éléments de détail mais auxquels les populations sont attachées, relatifs au mobilier urbain (les panneaux, poteaux, murs, le fleurissement, etc.).

« Parfois je rêve qu’on puisse embaucher un paysagiste qui aurait des qualités en matière photographique, qu’il puisse faire un cliché d’un endroit quel qu’il soit, et qu’il révèle ce qui ne va pas : par exemple, qu’il y a trop de panneaux, que le mur est sale, que l’on pourrait rajouter une corbeille de fleurs ici, etc.  »
[Extrait d’entretien, Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson]
Le choix d'une architecture classique au Plessis-Robinson en grand format (nouvelle fenêtre)
Le choix d’une architecture classique au Plessis-Robinson


À Montrouge, les éléments de perceptions mis en avant par Jean-Loup Metton rejoignent ceux développés ci-avant. Les possibilités de mutations urbaines de la commune étant quasi-inexistantes, l’action sur le paysage urbain se concentre sur des éléments tels que le mobilier ou la couleur des façades. Ainsi ont été choisis des mobiliers urbains différenciés et adaptés au bâti pour chaque rue. Par exemple, dans les rues composées de bâtiments modernes, le choix s’est tourné vers un mobilier blanc. Bien que les associations de couleurs ou de style de mobilier urbain avec l’architecture des rues soient arbitrairement opérées, il est intéressant de les souligner et de constater ce moyen ponctuel d’influer sur un paysage urbain.

« A Montrouge le mobilier urbain est différent dans chaque rue, alors qu’ailleurs il y a le plus souvent une homogénéité du mobilier urbain. A Versailles par exemple tous les candélabres sont identiques et sont marron. Et c’est plus simple d’ailleurs à gérer. [A Montrouge] au contraire nous avons souhaité qu’il y ait dans chaque rue un caractère particulier, la couleur, le style, etc. (…) Nous nous appuyons sur le bâti existant. En général quand c’est moderne et contemporain nous choisissons la couleur blanche parce que le blanc représente la modernité. Dans une autre rue par exemple il y a une maison très caractéristique du style art déco (rue Marcel Sembat), on y a donc installé des candélabres de style art déco et noirs. Nous nous adaptons. Cela surprend d’ailleurs souvent, il y a des rues où les candélabres sont rouges, d’autres bleus, d’autres verts… »
[Extrait d’entretien, Jean Loup Metton, maire de Montrouge]

De la même manière à Montrouge, un travail est effectué dans le choix des couleurs de façade. Les façades « appartenant » à tous car visibles depuis l’espace public, justifient l’imposition de couleurs particulières. Le but recherché par le maire étant celui d’éviter la monotonie par le choix de couleurs vives, sur le modèle des villes du Nord. A noter que cela a permis à la commune de remporter le prix de l’art urbain Robert Auzelle pour une opération d’amélioration de l’habitat (OPAH).

« Nous souhaitons que le bâti soit esthétique. Nous travaillons avec les architectes sur les façades avec pour principe l’idée que bien que l’intérieur du bâtiment appartienne au propriétaire, la façade appartient à tout le monde. Nous avons beaucoup travaillé sur la colorisation des façades, [notamment dans le cadre] d’OPAH. (…). Nous imposons trois couleurs différentes afin d’éviter ce qu’on peut trouver dans certaines villes où il y a une couleur unique qui est souvent prescrite par les documents d’urbanisme. [A Montrouge au contraire] nous souhaitons qu’il y ait de la variété, [d’autant plus que nous sommes] dans une zone où il ne fait pas beau tous les jours. Je me suis inspiré des pays du Nord où les façades sont très colorées.  »
[Extrait d’entretien, Jean Loup Metton, maire de Montrouge]
La colorisation des façades et le choix de mobiliers urbains constitutifs du paysage urbain montrougien en grand format (nouvelle fenêtre)
La colorisation des façades et le choix de mobiliers urbains constitutifs du paysage urbain montrougien
















La fonction des espaces

La fonction urbaine des villes et des quartiers qui les composent impacte très fortement leurs motifs paysagers, en particulier dans les secteurs occupés par de grandes emprises mono-fonctionnelles (industrielles, résidentielles). Le maintien et/ou le développement de certaines de ces fonctions constituent souvent des ambitions politiques qui impactent directement à la fois l’identité et le paysage.

Ainsi, maintenir et développer la fonction économique spécifique à la boucle nord dans la commune de Gennevilliers joue un rôle important sur la représentation de son paysage et de son identité. En effet, la commune est composée sur ses deux tiers d’activités économiques et/ou portuaires, et de tissus industriels en renouvellement, porteurs de motifs de paysage très spécifiques.

« Notre tissu industriel en renouvellement est un paysage fort. (…) Les entreprises étaient essentiellement des entreprises automobiles qui ont complètement disparu. C’est un paysage de friches en mutation. Il n’y a pas de terrains abandonnés. La ville a anticipé ces mutations industrielles depuis 30 ans car dès lors elle souhaitait conserver cette image de tissu industriel. Au sein des Hauts-de-Seine, il n’y a que les communes de Gennevilliers et de Nanterre qui ont cette volonté là. »
[Extrait d’entretien, Laurent Govehovitch, Gennevilliers]

L'identité industrielle et portuaire de Gennevilliers : un paysage spécifique lié à la fonction du lieu en grand format (nouvelle fenêtre)
L’identité industrielle et portuaire de Gennevilliers : un paysage spécifique lié à la fonction du lieu


Nous pouvons également évoquer le choix de préserver l’ancienne presse Bliss sur le site de l’écoquartier Chandon-République à Gennevilliers, comme témoin de l’histoire du lieu qui était occupé pour partie par les Etablissements de tôlerie Gennevilliers (ETG, ex Chausson), témoin devenant un repère historique et physique producteur d’identité pour le site.

Source : patrice-leclerc.org  en grand format (nouvelle fenêtre)
Source : patrice-leclerc.org
La presse Bliss, élément identitaire à l’entrée du futur écoquartier Chandon-République à Gennevilliers


De la manière similaire, la préservation du secteur pavillonnaire d’Asnières-sur-Seine témoigne de cette interrelation entre paysage et identité. En effet, producteurs de composantes paysagères très spécifiques, ces ensembles urbains constituent, pour leurs représentants, des facteurs importants de valorisation de l’image de la commune et de son attractivité.

« La zone pavillonnaire est assez exceptionnelle, elle se trouve dans la lignée de celle de Bois-Colombes, de Courbevoie, Bécon, Colombes (…). Souvent la Direction de l’urbanisme emploie [pour la qualifier] le mot : ‘ville des jardins’ (…) Cette ‘ville des jardins’ [1] (…) est un vecteur de l’attractivité de la ville. Il faut le préserver. (…) C’est important d’offrir un environnement très qualitatif, si près de Paris, si bien desservi en transport en commun pour offrir du pavillonnaire et des jardins. »
[Extrait d’entretien, Hélène Streiff, Asnières-sur-Seine]
La « ville des jardins » à Asnières-sur-Seine, un tissu résidentiel vecteur d'identité en grand format (nouvelle fenêtre)
La « ville des jardins » à Asnières-sur-Seine, un tissu résidentiel vecteur d’identité

L’aménagement d’axe

Les axes peuvent constituer une échelle d’intervention intéressante dans la recherche de valorisation, de création ou de modification des identités. Ainsi ils sont l’objet d’aménagements influençant directement leur paysage.

A Châtenay-Malabry la volonté de « gommage » des identités villageoises et de création d’une « identité Châtenay-Malabry » a pris à la forme du repositionnement d’équipements publics sur l’avenue de la division Leclerc qui partage la ville en deux parties (nord et sud) afin de créer une centralité commune à tous les habitants.

« [Afin de retrouver une] identité sur la ville, [à défaut d’identité par quartiers, il a été mené un travail de] repositionnement des grands équipements publics en recréant un axe structurant. Nous avons utilisé l’avenue de la division Leclerc qui était un handicap parce qu’il s’agit d’une rue de 31 mètres de large qui coupe la ville comme une fracture Nord-Sud, à la fois sociologiquement et géographiquement. (…) Réimplanter tous les équipements structurants le long de l’avenue permet d’obliger les habitants des quartiers Nord à venir sur l’avenue et à rencontrer ceux des quartiers Sud, et inversement. Nous y avons donc créé une mairie annexe, un théâtre, des conservatoires, des équipements sportifs, un cinéma : tous les grands équipements qui font que les gens se rassemblent. »
[Extrait d’entretien, Françoise Rodier, Châtenay-Malabry]

A Nanterre, l’axe est appréhendé comme vecteur d’identité. Il est une entité permettant de traverser et de donner à voir différentes identités des Hauts-de-Seine. A ce titre, les axes qui convergent vers la place de la Boule et traversent les centres anciens de Rueil-Malmaison, Nanterre, La Garenne-Colombes, sont vus comme particulièrement porteurs d’enjeux et à « reconquérir ».

« Donner à voir et mettre en scène le centre ancien de Nanterre (…) [passe par] une reconquête (…) des grands axes convergeant vers la place de la Boule : la RD 913, l’avenue Lénine. Depuis 2003 le PLU a ouvert les droits à construire, pour redonner une cohérence à ces grands axes et qu’ils gagnent en dimension de boulevard urbain, mettant en scène cette partie du territoire. (…)
Pour la ZAC Sainte Geneviève, le parti urbain était de chercher à reproduire le paysage en lanières de ces tissus traversés par des infrastructures un peu artificielles, pour conserver la trace des lieux, etc. (…) L’axe qui traverse nos vieux tissus, qui relie notamment le vieux centre de Rueil Malmaison à celui de Nanterre et à ses grands territoires en devenir que sont les Terrasses, les Groues et qui se prolonge jusqu’au cœur de la Garenne Colombes, est un axe paysager fondamental. En termes d’identité pour les Hauts-de-Seine, c’est un des axes nord-sud très important sur lequel se concentrent les grands lieux des alto-séquanais (…). (…) Il est en train de connaître des bouleversements forts avec la ZAC des Champs-Philippe à la Garenne-Colombes qui lui confère un nouveau débouché en ayant fait disparaître la place de Belgique. (…)
La clé d’entrée paysagère sur ces grands axes, est une dimension pleine et entière. »
[Extraits d’entretien, Manuel Moussu, Nanterre]

Des aménagements urbains inscrivant la ville dans le XXIe siècle et lui donnant une dimension métropolitaine

Un autre facteur de production de paysage par l’identification est à souligner : la volonté de s’inscrire dans la métropole parisienne. En effet, cette identification métropolitaine peut se traduire par des objectifs politiques forts et la réalisation d’aménagements urbains dont la portée dépasse l’échelle communale, le tout pouvant contribuer à modifier les paysages des territoires et à penser les projets dans leurs relations entre eux et avec les territoires qui les entourent. Ces aspects furent notamment révélés au cours des entretiens menés avec les communes de Bagneux, Clichy et Nanterre.

Bagneux se mobilise fortement dans la construction métropolitaine. Des réflexions déjà menées auparavant par la commune ont été renforcées grâce aux projets de transport (arrivée du métro Grand Paris Express et prolongement de la ligne 4 du métro). Du point de vue spatial et paysager, cette construction métropolitaine se traduit dans le quartier nord de la commune par une densification (relative au besoin de production de logements), par la création d’un lieu fédérateur (une place autour d’émergences de stations de métro), tout en maintenant l’objectif de préservation du patrimoine communal.
L’extrait d’entretien ci-après permet également d’expliciter le rôle joué par la notion de métropole sur l’échelle de définition d’une identité. En effet, l’identité à l’échelle métropolitaine permet de sortir de la dualité Paris/banlieue et de ne se définir qu’en comparaison avec la capitale (cf. partie I).

«  C’est une [nouvelle] étape dans l’histoire de Bagneux. Nous nous inscrivons vraiment dans la métropole parisienne, (…) cela devient plus que jamais d’actualité. (…) Jusqu’à présent [les objectifs étaient] de protéger le patrimoine et de stabiliser la population. Au contraire aujourd’hui nous souhaitons franchir une étape plus importante en matière de croissance démographique. La ville de Bagneux veut vraiment prendre sa part dans la construction métropolitaine.  »
« Je pense aussi que [le Grand Paris] permet de sortir de la vision un peu limitée de Paris et sa banlieue, du centre et de ses radiations, de cette organisation autour de cette ville capitale. Cela permet de montrer les continuités de ville à ville, de ville en ville de la banlieue et d’en montrer les richesses. (…) Il y a les perspectives vers la tour Eiffel certes, mais aussi les vues sur l’A6 passant sur le plateau, les vues sur Sceaux, le Bois de Clamart, Meudon… Tout cela projette les habitants dans un ensemble plus vaste et cela légitime et conforte l’appartenance à une banlieue.  »
[Extraits d’entretien, Claire Boivin et Nathalie Dreyer-Garde, Bagneux]
Source : Ville de Bagneux / COBE  en grand format (nouvelle fenêtre)
Source : Ville de Bagneux / COBE
Schéma de référence du quartier nord de Bagneux à horizon 2030
La construction métropolitaine à Bagneux se traduit notamment par l’arrivée de modes de transports en commun lourds (métro ligne 14 et Grand paris Express), l’aménagement d’une nouvelle centralité (place publique) ainsi que des programmes résidentiels et économiques dans le quartier nord


A Clichy la dimension métropolitaine est également très présente lors de la conception de projets d’aménagements urbains. Du fait de sa situation géographique et des projets de transports, Clichy est présenté comme se trouvant au cœur de la métropole. Le projet en bords de Seine de l’agence Leclercq s’inscrit dans ces réflexions [2]. Il prévoit notamment la création d’une nouvelle rue, la « rue de Seine » tendue en perspective entre la station Saint-Ouen du métro 14 et la Seine, sur laquelle débouche un « jardin fluvial ». L’axe vient relier et organiser des « retrouvailles » entre Clichy, la Seine et Paris. En effet ce secteur s’inscrit dans un secteur en forte mutation à la fois à Clichy et dans les voisinages (Paris Porte Pouchet, Saint-Ouen ZAC des docks, boulevard urbain de Clichy Saint-Ouen…).

« Clichy n’est pas tout seul. Il est inscrit au centre de Paris métropole. C’est pourquoi nous portons une grande attention à ce qui se passe du côté de Saint-Ouen (ZAC des docks) (…). »
« (…) Ce secteur [est un] point de convergence des projets à Saint-Ouen et à Clichy. Un des axes forts du projet est une traversée allant de la station de métro jusqu’au bord de Seine et débouchant sur ce que l’architecte urbaniste [François Leclercq] appelle un parc fluvial (…) »
[Extraits d’entretien, François Geismar et Céline Dernoncourt, Clichy]
Source : Agence Leclercq  en grand format (nouvelle fenêtre)
Source : Agence Leclercq
Les « parcours de la création » à Clichy, projet de l’agence Leclerq
L’inscription métropolitaine par le projet urbain


A Nanterre, Manuel Moussu évoque lui l’idée d’un Nanterre correspondant à une « ville du XXIe siècle apaisée ». Cette expression semble montrer une ville :

  • s’inscrivant résolument dans son époque en prenant part à la métropole. Nanterre dispose en effet de territoires « métropolitains » au sens où ils sont traversés ou occupées par des visiteurs provenant de toute la métropole et qu’ils ont une portée bien plus large que le territoire communal. Sont notamment cités les Terrasses ou la Seine ;
  • une ville apaisée, au sens d’articulée [3], c’est-à-dire une ville mariant ses différents quartiers, ses différentes fonctions, ambiances et morphologies urbaines, dont on sait qu’elles sont extrêmement contrastées (le vieux Nanterre, les quartiers de grands ensembles, les zones d’activités des bords de Seine, le parc André Malraux, etc.).
« L’histoire urbaine [de Nanterre] s’est traduite par une mosaïque de tissus et fonctions faisant de ce territoire des Hauts-de-Seine un territoire se caractérisant par la diversité la plus forte. »
« Nous obtenons [en effet] une mosaïque de quartiers qui ont chacun leur identité propre. Lorsque nous passons d’un quartier à l’autre, nous savons clairement dans quel quartier nous nous trouvons. Cela se traduit au niveau de la hauteur, des volumes, des matériaux, des types de plantations, de la taille des espaces, de la densité du bâti. »
«  La mosaïque de paysages illustre l’interrelation locale et de proximité avec les politiques d’aménagement nationales. Nanterre est un paysage de ville du XXIe siècle apaisée mariant sa diversité, son histoire, [un paysage de ville] ouverte à tous, aussi bien à ses habitants et salariés, qu’à ceux de toute la métropole, avec ses paysages remarquables (les Terrasses, le parc Malraux, la Seine).  »
[Extraits d’entretien, Manuel Moussu et Aldrig Vallée, Nanterre]

[1En référence aux jardins des tissus pavillonnaires, d’autant plus à préserver que ce secteur est peu pourvu en jardins publics

[2Le plan guide de Clichy a été présenté lors de l’atelier 2 de l’atlas des paysages et des projets des Hauts-de-Seine intitulé « Dynamiques territoriales de projet et paysage »

[3Afin de compléter cette vision, nous pouvons faire le parallèle avec à la notion de « phrase urbaine » de Jean Christophe Bailly, philosophe, écrivain et professeur à l’École nationale supérieure de paysage de Blois, selon laquelle la ville doit être une articulation, tout comme l’est la phrase lorsqu’elle articule un nom, un verbe, un adjectif, etc. La Phrase urbaine, Paris, Seuil, 2013