Éléments de nature, histoire, espaces publics : enjeux de la boucle de la Seine de Rueil-Malmaison à Villeneuve-la-Garenne

publié le 25 août 2014 (modifié le 23 juin 2015)

Présence sensible des éléments de nature et de leurs continuités


La Seine

Le fleuve constitue le seul élément notable de la charpente naturelle, l’ancienne plaine agricole ayant été entièrement recouverte par l’urbanisation.

Pourtant, en raison des nombreux obstacles au nord de la boucle, de la densité bâtie, la présence du cours d’eau devient rapidement moins sensible quand on s’en éloigne et le cœur de la boucle en reste éloigné au plan des perceptions.

L’enjeu de la présence du fleuve implique des actions à mettre en œuvre au gré des évolutions urbaines :

  • Poursuivre les programmes d’accessibilité des berges ;
  • Renforcer les liens entre le cœur de boucle et le fleuve en valorisant les perspectives qui mènent à lui et en favorisant les franchissements des voiries coupantes ;
  • Donner une expression aux aménagements liés aux risques d’inondation.
Relevé des axes donnant sur la Seine  en grand format (nouvelle fenêtre)
Relevé des axes donnant sur la Seine
Les liens ne sont pas si nombreux entre le cœur de boucle et le fleuve, notamment au sud de l’A86.
La présence perçue de la Seine serait renforcée par des franchissements plus nombreux de l’autoroute, et la valorisation des axes conduisant aux franchissements.


Les buttes du Parisis

Situées dans le Val-d’Oise, les buttes d’Orgemont et de Sannois représentent des horizons naturels identifiables depuis de nombreux espaces publics de la boucle, et constituent des repères géographiques.

Repérage de perspectives donnant sur les buttes d'Orgemont et de Sannois  en grand format (nouvelle fenêtre)
Repérage de perspectives donnant sur les buttes d’Orgemont et de Sannois
Certaines darses du port, le dégagement du stade Yves Dumanoir, la RD 19, sont orientés vers l’horizon des buttes. D’autres perspectives bénéficient de cet horizon, qui peut être valorisé à l’occasion des projets.

Éléments de nature perçus dans et / ou depuis l’espace public


Les jardins publics

Contrairement au beau parc du Chemin de l’île à Nanterre voué à l’évocation de l’eau et lié au site même de son implantation, les parcs André Malraux et les Chanteraines composent des ambiances évoquant des paysages d’ailleurs, comme ceux par exemple des parcs anglais. Ils sont aussi les ultimes réalisations du style « paysager » qui les relie avec les parcs parisiens du XIXe siècle.

Très bel exemple d’articulation entre un parc et son environnement urbain, le parc André Malraux justifie une valorisation. La restauration des bâtiments emblématiques auxquels il offre un cadre (les tours Aillaud, l’ancienne école d’architecture) permettrait de conforter la qualité de la composition urbaine originale, de même que le renforcement des relations entre le parc et le théâtre des Amandiers.

L'ancienne école d'architecture de Nanterre se dégrade  en grand format (nouvelle fenêtre)
L’ancienne école d’architecture de Nanterre se dégrade
Sa restauration permettrait de redonner vie au dialogue entre le parc et les bâtiments construits sur ses franges.


A l’occasion des mutations urbaines, il serait souhaitable de travailler les liens des franges du parc des Chanteraines avec son environnement bâti.

Jardins des logements sociaux et des pavillons
Les espaces verts au pied des barres et tours composent un patrimoine paysager à identifier et à gérer à l’occasion des opérations de résidentialisation.
Un inventaire des beaux arbres permet de s’appuyer sur ce patrimoine avant d’engager les hypothèses de recomposition des espaces.

Gennevilliers, quartier des Agnettes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Gennevilliers, quartier des Agnettes
Les espaces publics ont été généreusement plantés à la création du quartier, et la végétation constitue aujourd’hui un atout à reconnaître et valoriser.


La boucle compte également d’importants secteurs pavillonnaires, plutôt denses, et dont les jardins sur rue sont parfois les seules expressions de la végétation dans l’espace public.
Les enjeux vont ici concerner précisément les clôtures, les « jardins de devant » et les éléments qui les constituent. Le rôle de la végétation est essentiel et ne tient parfois qu’à la présence des plantes grimpantes accrochées aux grilles, comme dans la photo ci-dessous.

Colombes, rue E.Besançon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Colombes, rue E.Besançon
La cohérence des clôtures et des encadrements de portes, la présence des glycines en couronnement des grilles, assurent une part essentielle du paysage et de l’ambiance de la rue.


Présence sensible de la profondeur historique, du patrimoine, de l’art

L’axe des Tuileries et la Défense constituent un paysage majeur qui inscrit le territoire dans l’histoire de la métropole. Outre les centres anciens de Rueil, Nanterre, Colombes et Gennevilliers, le passé de la boucle repose principalement sur les industries qui en ont marqué la mémoire.

Les traces du passé agricole

Il ne reste presque rien du passé agricole de la boucle, sinon les orientations parcellaires et les petits passages (les « petites avenues ») pleins de surprise dans les tissus pavillonnaires au cœur de la boucle.

Dans de nombreux cas, le parcellaire a lui aussi été effacé par des implantations obéissant à d’autres logiques et qui tendent à rompre les continuités de l’espace. Certains enjeux en découlent :

  • Protéger et valoriser ces passages, en lien avec les secteurs pavillonnaires et leurs jardins ;
  • Rechercher une expression du parcellaire quand il a été trop effacé.
Gennevilliers, cité des Agnettes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Gennevilliers, cité des Agnettes
Le parcellaire initial a été ignoré. Retrouver sa lisibilité et une meilleure articulation du quartier avec son contexte peut constituer un objectif dans les projets de requalification.


Les traces de l’activité industrielle

Même si l’activité industrielle quitte les lieux, elle peut laisser dans l’espace des traces à maintenir et à intégrer aux projets de renouvellement. L’exemple de l’île de Nantes indique l’intérêt de maintenir des éléments, notamment dans l’espace public, rappelant les activités qui ont marqué l’histoire des territoires.

Parc d'activités des Chanteraines  en grand format (nouvelle fenêtre)
Parc d’activités des Chanteraines
La belle structure d’un pont roulant peut éventuellement trouver sa place dans l’espace public d’un futur quartier.


Le souvenir des jeux olympiques

En 1924 les JO se sont déroulés au stade Yves Dumanoir à Colombes. L’événement pourrait mieux marquer la mémoire du site et donner une valeur aux quartiers limitrophes.

Une vue des JO de 1924  en grand format (nouvelle fenêtre)
Une vue des JO de 1924
L’ouverture du stade valorise l’horizon de la butte de Sannois.


Accessibilité et perméabilité (perception de la continuité territoriale)

Le rôle de coupure des grandes voies routières et ferrées déjà évoqué marque la perception des espaces de la boucle. A ces effets s’ajoutent ceux des morcellements entre des tissus urbains parfois extrêmement différents et qui manquent de liens entre eux.

La dalle de la Défense

Hors sol, la dalle est aussi « hors voisinage » et contribue au morcellement du territoire. Les efforts en cours pour une meilleure articulation sont à poursuivre.

La Défense  en grand format (nouvelle fenêtre)
La Défense
Le boulevard circulaire et l’épaisseur de la dalle s’interposent entre le quartier et son environnement urbain. Depuis plusieurs années, différents programmes visent une meilleure articulation et la restauration des continuités territoriales.


Les implantations difficiles à parcourir

Certains tissus, notamment les grandes emprises d’activité et certaines cités de logements sociaux, ne favorisent pas la fluidité des parcours et peuvent nécessiter des recompositions.

Cité Marcellin Berthelot  en grand format (nouvelle fenêtre)
Cité Marcellin Berthelot
La disposition des barres de logement en baïonnettes successives a plusieurs conséquences :
-  Des parcours difficiles, contribuant à ce que le quartier ne soit pas traversé
-  Un espace qui sépare le quartier de ses voisins et contribue à un sentiment d’isolement.
En cas de recomposition des masses bâties, la recherche d’une meilleure fluidité de l’espace serait un objectif paysager prioritaire.


Variété et discontinuité des tissus

La variété des types de tissus est particulièrement grande dans la boucle. Elle définit à la fois un caractère apprécié, mais aussi une difficulté à saisir la continuité de l’espace, certains sites se trouvant isolés de leur contexte.
Parmi les enjeux paysagers, figurent en bonne place les objectifs d’articulation et de couture aux franges des tissus contrastés, ainsi que la recherche de cohérence des paysages perçus depuis l’espace public.

Schéma en coupe  en grand format (nouvelle fenêtre)
Schéma en coupe
En haut : barres de logement et pavillons se côtoient sa ns dialoguer, le territoire est morcelé en zones.
En bas : en intervenant sur les franges de chaque zone, une transition est instaurée, les hauteurs et les typologies intermédiaires et échelonnées permettent de réintroduire de la continuité dans le territoire.

Espaces publics et déplacements


L’espace public et le cadre de vie, au cœur des enjeux de paysage

Le lien du tramway

La ligne 1 actuellement en service prouve à quel point une ligne de tram crée un lien, non seulement en termes de desserte, mais aussi pour l’espace, en rendant lisible des continuités entre des secteurs parfois très contrastés dans leurs expressions de paysages urbains.

Le projet de prolongement de la ligne offre une opportunité intéressante de reconsidérer les espaces situées au sud de l’autoroute auxquels il apportera un lien inégalable.
C’est l’occasion de penser les évolutions des tissus voisins, de renforcer la lisibilité du territoire en accentuant des axes perpendiculaires à la ligne de tram, ceci afin de :

  • Créer davantage de liens avec la Seine ;
  • Optimiser la desserte en profondeur dans les tissus ;
  • Souligner la trame foncière provenant du passé agricole.
Prolongement du T1  en grand format (nouvelle fenêtre)
Prolongement du T1
Une hypothèse d’évolution des tissus dans la dynamique de la ligne :
Orange : aménagements des espaces publics de la ligne elle-même
Jaune : évolution des axes transversaux
Bleu : développement des liens avec la Seine et des franchissements de l’autoroute


L’opportunité du vélo

Le terrain plat de la boucle permet de favoriser les pistes cyclables, notamment les rabattements vers les gares, et les accès aux berges de la Seine.

L’apport des ateliers :
- L’espace public (y compris les jardins publics) combine les notions d’usage, de lisibilité, de localisation, d’animation et d’ambiance.
Les usages donnent vie et justification à l’espace public. L’expérience physique de l’espace, par l’usage, construit une perception et un attachement
- Le tramway constitue un élément pouvant permettre de se repérer et/ou de rendre visibles des repères par le déplacement qu’il occasionne et l’aménagement de l’espace public. Il bouleverse le paysage. Il transforme des grands boulevards d’apparence minérale et peut projeter une image mentale d’espace vert en raison de son aménagement du sol en herbe.