Table ronde sur les Groues à Nanterre

publié le 13 novembre 2013 (modifié le 6 juillet 2015)

Table animée par Patricia Perrier (paysagiste équipe MOE) et Clément Després (DRIEA/UT92)

NOM QUALITE
PORTEURS DE
PROJET
PETIT Elodie Ville de Nanterre
BRAZIER Noémie EPADESA
BONNET Frédéric OBRAS (MOE)
 
PARTICIPANTS ALEXANDRE Daniel Suresnes
BOUTEILLE Monique Rueil
CINABRE Laurence Gennevilliers
DESPRES Clément DRIEA
DUVAL Jacques DRIEA
FAVIER Lionel Environnement 92
GARMIRIAN Bernard  Environnement 92
JUGUET Elisabeth CG92
MAILLARD Christian GPSO
PAGE Pierrette Association pour la Défense de l’environnement 
WEILL Joëlle DRIEE

Restitution des échanges de l’atelier


Un site de projet qui offre des vues sur un grand paysage

• Les repères paysagers
Frédéric Bonnet, représentant de l’agence OBRAS, soulève la question des vues : vues vers la vallée de la Seine à l’ouest, et vues vers La Défense à l’est.
Un participant fait remarquer que la Seine est pratiquement invisible depuis les Groues. En revanche, on distingue très bien les coteaux. Mais ce qui frappe surtout aujourd’hui, c’est le caractère ferroviaire et industriel.
Un participant pose la question des vues sur La Défense et se demande si elle ne risque pas d’être bouchée ou modifiée par le stade Arena.

• Les vides qui « donnent à voir »
Patricia Perrier soulève la question de l’importance des vides.
Le parti pris a été de ne pas couvrir les voies ferrées, ce qui permet de laisser les vues ouvertes sur la Défense. Ce parti a également un grand avantage financier. On bénéficie d’un espace vide, large et courbe qui amplifie les vues sur le lointain, qui peut être apprécié depuis les promenades, depuis les balcons.

Les espaces publics et les ambiances urbaines

• Une conception permettant d’offrir des « lieux »
Le projet des Groues joue sur des « déhanchements ». Il s’agit d’un jeu entre la règle et la variation, comme l’on peut en trouver dans le tissu haussmannien de Paris. Les rues et places parisiennes ont très bien su intégrer les contraintes, les accidents de topographie et d’infrastructure.

• Un environnement particulier à prendre en compte
La question du bruit est mise sur la table par l’un des participants par rapport à l’ouverture sur le faisceau ferroviaire. Frédéric Bonnet fait remarquer que la technique a beaucoup évolué. Le matériel roulant, les systèmes et équipements (tels que les aiguillages) sont beaucoup plus silencieux aujourd’hui et permettent d’envisager la cohabitation avec "le fer".
Frédéric Bonnet explique qu’un travail important a été mené sur les passerelles : éléments de trottoir et garde-corps pour en faire des « ponts-espaces publics » qui permettent de se promener le long du « fleuve ferroviaire ».

• Une ambiance générale du quartier à vocation universitaire
Le projet des Groues est une opportunité pour créer un quartier entier. Avec les 30 000 étudiants de l’université de Nanterre, il peut potentiellement devenir le quartier latin de la commune si on y trouve des commerces. Avec ou sans trains normands, se pose la question de l’animation urbaine pour les étudiants et habitants du quartier.
La ville de Nanterre et l’EPADESA expliquent que c’est plutôt la vocation de l’opération "cœur de quartier" (c’est-à-dire près de la future nouvelle gare Nanterre Université) d’accueillir et de proposer des commerces pour les étudiants.
Une participante indique que trouver des commerces en cœur de quartier, et non dans des blocs commerciaux, ça n’est pas la même chose.

• Une « porte d’entrée » entre Paris et la Normandie
Elisabeth Juguet remarque que l’implantation probable de la gare terminus de la nouvelle ligne LGV Paris Normandie va changer l’ambiance du quartier. Comme les Bretons et des crêperies ont investi Montparnasse, devra-t-on introduire un caractère normand dans le quartier des Groues ?

Une inscription territoriale et historique particulière

Jacques Deval de la DRIEA évoque l’importance de l’axe historique pour le projet des Groues. Elisabeth Juguet évoque l’histoire de la « perspective de la Défense », la volonté d’en faire un axe monumental.

Le Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) de Nanterre situe le projet des Groues dans son territoire et dans les intentions générales.

La forme urbaine, génératrice de paysage

Noémie Brazier de l’EPADESA explique que c’est une densité parisienne qui est envisagée sur le quartier des Groues, avec un COS de 2,7.

Frédéric Bonnet précise qu’une variation importante des formes urbaines est envisagée dans les îlots. Ces variations permettent de faire rentrer la lumière, de dégager des vues, des perspectives et de travailler pour diminuer les vis-à-vis. Le projet prévoit également quelques déhanchements spécifiquement conçus pour ménager des vues vers les tours de la Défense.

Le paysage vu des hauteurs

Elisabeth Juguet s’étonne de voir que ce projet, comme tous les projets sur les secteurs de l’OIN, est marqué par l’absence de toits. Le paysage à Paris, lorsque l’on prend de la hauteur, c’est aussi un paysage de toits. Elle demande alors si l’on veut ajouter des toits "classiques" ou des toitures végétalisées. Cela pose la question de l’ambiance du quartier.

Un retour d’expérience

On note que les questions d’ordre technique : "bruit", "matériel roulant", "aiguillage", "phasage" ont pris une place importante dans les discussions.

Cela n’est pas forcément étonnant dans la mesure où le projet des Groues se situe dans la lignée de l’arrivée d’Éole et du Grand Paris Express.

On note une difficulté des participants à avoir une approche sensible du territoire, à se placer dans une posture d’observateur. Les discussions se sont orientées sur un champ plus technique (infrastructure, phasage etc.), ou dans un registre érudit (Le Nôtre, l’axe historique, etc.).
La thématique de l’ambiance a été abordée via la thématique bruit et intensité urbaine / commerce.

Le compte rendu du « rapporteur » - Jacques Duval

Le rapporteur a structuré son compte-rendu autour de deux grands points : le socle partagé par tous les participants à la table ronde et les enjeux ou questionnements soulevés pendant les tables rondes.

Le socle commun partagé

• La géographie du site
L’origine de la toponymie « Les Groues » fait référence aux zones humides qui descendaient vers la Seine. La présence d’une géographie particulière, en surplomb, est donc soulignée comme étant une particularité du site. Cette particularité est une véritable opportunité, puisqu’elle offre des horizons lointains, sur l’axe magistral et la Seine (qui, bien que non visible depuis le site, est perçue) notamment.

• Le parti urbanistique de Frédéric Bonnet
Le projet est travaillé en balcons, avec notamment les voies ferrées qui sont enterrées de 3 m par rapport au niveau actuel et les quais qui sont rehaussés de 5 m par rapport au niveau actuel. Ainsi, une dénivellation de 8 m entre les voies et les quais, ainsi que le choix de ne pas recouvrir ces voies ferrées, permettent d’offrir des horizons lointains.

Les enjeux ou questionnements soulevés

• Le bruit
Bien que le choix de ne pas recouvrir les voies soit plébiscité, une question sur les nuisances sonores qui vont être induites est posée. Néanmoins, Frédéric Bonnet a relativisé ce problème en expliquant qu’un boulevard urbain génère davantage de nuisances sonores que des voies ferrées.

• Une future centralité ?
Les participants à la table ronde se sont demandés si le futur quartier des Groues va devenir une nouvelle centralité, et s’il aura son identité propre.

• Le paysage des toits
Certains participants ont soulevé le fait que les toits ne font pour l’heure pas l’objet de réflexion particulière. Un certain nombre d’options pour l’aménagement des toits ne sont pas possibles ici.

• La pérennité du paysage et des horizons lointains
La question sur la pérennité des vues notamment sur la Défense a été soulevée. Certains participants se demandent si, par exemple, la construction du stade Arena ne va pas altérer la vue sur l’Arche de la Défense, et sur le quartier de la Défense en général.