Enjeux de paysage

 

Ce que l’on peut perdre ou gagner, tel est le sens d’un enjeu. Les enjeux du paysage des Hauts-de-Seine sont présentés par grands types, et de manière détaillée à l’échelle des unités de paysage. L’identification de ces enjeux est issue de travaux de concertation et d’ateliers. Ils portent principalement sur l’identité, le repérage et la caractérisation des espaces, la présence sensible des éléments de nature, l’ancrage aux lieux et à leur histoire, les liens et la continuité du territoire. Des pistes d’action sont également proposées, en fonction des dynamiques observées.

Les enjeux du paysage des Hauts-de-Seine sont présentés par grands types, et de manière détaillée à l’échelle des unités de paysage.

 
 

Les enjeux des paysages des Hauts-de-Seine

publié le 25 août 2014 (modifié le 24 septembre 2015)


D’une manière générale, les enjeux de paysage vont bien au-delà des notions - très utiles - de protection et de préservation. Leur présentation éclaire la possibilité, pour chaque projet, de contribuer à la qualité paysagère du territoire.

Le territoire perçu à partir du vécu


L’espace public et le cadre de vie, au cœur des enjeux de paysage
Une importante dimension du paysage est liée aux usages par lesquels se construisent une part de l’identification et d’attachement que chacun porte à son cadre de vie, et plus largement à un territoire.
Cette notion implique l’existence de critères divers de qualité des espaces : pureté de l’air ; confort, ambiances et services offerts (déplacements, équipements, jeux, terrasses de café, marchés…) par et dans l’espace public, dans les parcs et les jardins ; environnement sonore, lumière, sécurité…

Le rôle des déplacements
En transports en commun, en voiture, en vélo ou à pied, les déplacements proposent autant de possibilité de voir le territoire. Il y impriment aussi leurs motifs comme les viaducs, ou leurs effets positifs ou négatifs comme les coupures… Ils sont une des clés de la perception des paysages dont ils constituent une des principales expériences.

Identifier et reconnaître les territoires

Une définition du paysage consiste à dire qu’il s’agit du territoire tel que nous le percevons. Les thèmes d’enjeux développés ici sont ainsi relatifs aux conditions par lesquelles un territoire se « donne à voir », et ce qui permet de le distinguer, le reconnaître.

Les éléments de repérage et de reconnaissance
Les bâtiments repères comme ceux de La Défense, les grands motifs de la charpente naturelle comme la Seine, les centralités d’usage, les quartiers et les architectures aux ambiances reconnaissables, forment autant de balises territoriales. Maintenir et favoriser leur rôle apparaît comme un objectif de paysage, à toutes les échelles de projet.

Les vues
Les belvédères, les points de vue, composent des dispositifs d’observation des paysages. Il est aussi important de maintenir leurs capacités d’observation que de veiller à la qualité des panoramas qu’ils donnent à considérer. A ces positions s’ajoutent les grandes perspectives offrant souvent des vues sur des horizons repères plus éloignés, les grandes ouvertures visuelles (la Seine, les voies ferrées) ainsi que les grandes routes et les lignes de tramway.

Ressentir la présence des éléments de nature et assurer leur continuité

Ce thème concerne la part que prennent la Seine, les reliefs, les forêts et espaces boisés, dans la perception des espaces, c’est-à-dire leur visibilité, leur accessibilité, leur articulation aux espaces urbains. S’y ajoute l’enjeu des continuités, qu’il s’agisse des continuités écologiques ou de la perception d’un territoire non morcelé.

La Seine, les reliefs, les forêts et boisements
Les Hauts-de-Seine rassemblent dans peu d’espace des motifs de nature dont la concentration contribue à la qualité du cadre de vie des habitants de la métropole. La préservation de ces espaces de nature en pleine ville est indispensable, de même que l’amélioration des conditions par lesquelles ils se présentent à la perception des habitants.

Les éléments de nature dans l’espace public
L’urbanisation tend à effacer la présence de la nature qui peut néanmoins trouver à s’exprimer dans l’espace public. Un enjeu consiste ainsi à veiller à la place du ciel, de l’eau, des pentes, et de la végétation dans les projets. Les arbres des jardins privés peuvent aussi parfois contribuer fortement à la qualité des espaces publics.

Reconnaître la profondeur historique, le patrimoine, l’art

Les lieux sont parfois imprégnés d’une grande épaisseur historique. En y associant la notion de paysage, ils offrent des capacités d’identification, en opposition aux territoires « banalisés ». Dans les Hauts-de-Seine, le patrimoine est exceptionnel en termes notamment de compositions de l’espace et atteint un niveau artistique incomparable.

Les parcs classiques à l’échelle du territoire
Le patrimoine exceptionnel des jardins classiques, notamment les créations d’André Le Nôtre, est un trésor inestimable pour le département. Au-delà de leur richesse végétale et de l’histoire, ils inscrivent dans le territoire une inspiration artistique profonde, qui retentit sur l’espace urbain.

Patrimoine des tracés, des perspectives, des orientations parcellaires
La composition de l’espace urbain, l’ouverture vers l’horizon, l’organisation et la hiérarchie de l’espace inscrivent les tissus urbains dans l’histoire et offrent des continuités utiles à l’identification. S’appuyer sur les tracés et les orientations parcellaires agricoles permet de mettre en relation l’espace contemporain à la fois avec son passé et avec la charpente naturelle.

Patrimoines urbains
La préservation et la valorisation des éléments du patrimoine urbain contribue aux qualités paysagères. Elles concernent aussi bien des monuments que des formes urbaines entières comme les cités-jardins. L’important passé industriel du département lui confère également une épaisseur à ne pas effacer totalement dans les projets.

Accéder, passer, sentir la continuité du territoire

« Transformer une banlieue enclavée en lui donnant de l’urbanité, c’est avant tout construire des continuités : des continuités écologiques, des continuités de transports publics qui donnent la possibilité de se déplacer sur de longues distances, de casser toute barrière qui s’oppose au mouvement ; c’est dessiner des espaces publics continus, des centralités continues, des continuités culturelles, un paysage continu. »
 
Secchi, Bernardo, Vigano, Paola, Habiter le grand Paris, rapport pour l’AIGP, mars 2013
In : Atlas du grand Paris, Atelier parisien d’urbanisme, 2013

De nombreux fractionnements affectent le territoire, par les infrastructures, les ruptures de tissus, éventuellement les gouvernances. Pourtant, la continuité du territoire relève d’une « nature » des lieux, dont la perception restaurerait l’identification des populations à leur paysage.

Réparer les coupures
Les grandes voies (routes et rail), les grandes emprises d’activité, les grands cimetières, contribuent à morceler le territoire… Rétablir des continuités, à grande ou petite échelle, reconstruit une perception territoriale nécessaire à sa reconnaissance.

Redonner de la cohérence
De fortes ruptures de tissus, des heurts, des opérations qui ne dialoguent pas avec leur contexte, appellent des programmes de « couture » et de transition. Ces programmes passent par l’espace public (rôle positif des perspectives, des lignes de tram) et par le renouvellement urbain (densités progressives entre pavillons et grands ensembles par exemple). Mais ils doivent aussi tenir compte de la variété de la petite couronne, caractère reconnu de son identité, notamment en comparaison à Paris. L’équilibre entre les deux nécessités reste à trouver.