INTRODUCTION ET MÉTHODE
 

Paysage et atlas des paysages : définitions

publié le 31 octobre 2014 (modifié le 17 avril 2015)

Cet « atlas des paysages et des projets urbains » se réfère à la définition du paysage adoptée par la Convention européenne du paysage : « Paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.

  La perception du territoire

Le paysage est ainsi la perception, par une population de son environnement. La définition ne dissocie pas le territoire de la manière dont il est perçu, ce qui signifie qu’un environnement non perçu ne peut pas être un paysage en soi.
Il en résulte que l’approche du paysage, l’analyse, l’action, s’appuient sur les conditions de perception et se doivent de considérer le territoire dans cette dimension. L’action en faveur du paysage ne s’arrête pas aux éléments constitutifs du territoire et à leurs fonctionnalités, mais les appréhende dans les conditions de perceptions, qui sont multiples.

Plusieurs modalités interviennent dans la perception des paysages :

-  La perception visuelle, très importante dans notre culture contemporaine où l’image a une grande place ;

-  L’expérience physique du territoire, notamment sous la forme de la promenade, qui offre une perception à la fois plurisensorielle et en mouvement ;

-  Les représentations culturelles, par lesquelles se construit notre appréciation, nos capacités de reconnaissance.

Tous ces éléments sont à l’œuvre dans le processus de « construction du paysage », à la fois collectif (les représentations) et personnel, lié pour chacun à la somme de ses expériences de perception.

A gauche, la carte IGN 1/25000, à droite une perception des tours depuis le parc André Malraux à Nanterre  en grand format (nouvelle fenêtre)
A gauche, la carte IGN 1/25000, à droite une perception des tours depuis le parc André Malraux à Nanterre
L’information de la carte ne suffit pas à exprimer la perception du territoire, qui passe par l’expérience physique sur place.

Vincent Van Gogh (1853-1890). Pêche au printemps au pont de Clichy, 1887, Chicago, Art Institute  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vincent Van Gogh (1853-1890). Pêche au printemps au pont de Clichy, 1887, Chicago, Art Institute
L’espace de la Seine figure parmi les motifs les mieux représentés par la peinture. Le regard porté sur le fleuve est ainsi nourri par les productions artistiques, et contribue à la reconnaissance et à l’appréciation d’un paysage.

  Tous les aspects du territoire

La définition ne dit pas que le paysage serait constitué des seuls éléments naturels ou agricoles du territoire, bien que le mot y soit souvent associé en raison notamment de la peinture de paysage qui s’attache particulièrement à ces motifs. Cette définition n’exclut aucun élément, notamment les espaces urbains, les routes, les secteurs d’activité… et permet de considérer chacun d’entre eux dans une possible appréhension paysagère, sans créer d’opposition entre des objets qui relèveraient du paysage et d’autres non.

La définition insiste aussi sur la notion d’interrelations : le paysage se trouve en effet dans ce qui relie les éléments entre eux pour former une appréhension cohérente du territoire.
C’est ainsi qu’un atlas des paysages est possible quand il concerne un territoire aussi urbain que celui des Hauts-de-Seine et n’exclut pas les aspects non naturels.

La Défense  en grand format (nouvelle fenêtre)
La Défense
Aucun motif naturel n’apparaît dans cette photo, sauf le ciel et les personnages vivants. Pourtant, c’est un paysage, avec des plans successifs, des objets reconnaissables.

  Une réalité actuelle et changeante

La définition ne dit pas que le paysage serait un état idéal et patrimonial du territoire. Elle précise que des facteurs « naturels et humains » interviennent dans sa constitution et sa perception, signifiant qu’il est l’objet de dynamiques, d’évolutions. Depuis toujours, le paysage change. Ces évolutions, plus rapides et importantes ces dernières décennies, ont parfois généré une appréhension « nostalgique » du paysage, associé à un état antérieur qu’il s’agirait de protéger.

Pourtant, les motifs et les dynamiques contemporains qui composent nos territoires d’aujourd’hui nécessitent d’être abordés dans une approche paysagère, au risque sinon de réduire le paysage à une vision passéiste et uniquement patrimoniale.

La définition de la Convention européenne des paysage invite ainsi à considérer nos territoires tels qu’ils sont aujourd’hui, avec leurs dynamiques, pour identifier leur dimension paysagère, celle qui permet de les percevoir et de les reconnaître comme nôtres.

A gauche, l'A14 dans les années 1980, à droite, les Terrasses de Nanterre en 2008, documents Ville de Nanterre  en grand format (nouvelle fenêtre)
A gauche, l’A14 dans les années 1980, à droite, les Terrasses de Nanterre en 2008, documents Ville de Nanterre
Le paysage a été transformé par la couverture de l’autoroute, qu’il s’agisse de son aspect, de ses usages, ou des liens qui en unissent les composantes.

  Le fruit d’une volonté collective

Enfin, rappelons que le paysage n’est pas une donnée scientifique, mais bien une expression de la culture. Ainsi, la qualité paysagère résulte-t-elle d’une volonté partagée pour qu’elle se traduise à l’occasion des transformations du territoire.

  Un atlas des paysages et des projets urbains pour quoi faire ?

Un atlas des paysages est un outil de connaissances qui décrit la singularité des paysages, la façon dont ils sont perçus, et ses évolutions. Ainsi, les caractéristiques paysagères des territoires sont exprimées dans un document disponible pour tous, restitution d’un processus de co-élaboration permettant de proposer une vision partagée.

Les dynamiques de transformations sont également analysées, permettant d’identifier les enjeux relatifs aux valeurs paysagères partagées lors d’ateliers.

L’atlas des paysages et des projets urbains compose ainsi un référentiel d’identités et de valeurs paysagères, déclinées à l’échelle du département et à celle des unités paysagères, et, sans être un plan d’action, éclaire des objectifs qui peuvent être visés par les projets en cours ou à venir.

Il s’agit donc d’un document « ressource », l’identification des unités paysagères et des dynamiques étant disponible pour toute approche territoriale ; d’un document « inspiration », pour ce qui concerne les enjeux partagés et les propositions d’actions favorables au paysage qui sont exprimées dans le document.

Il ne s’agit nullement d’un document de cadrage réglementaire : aucun de ses contenus ne s’impose, ni aux collectivités ni aux particuliers.

Enfin, il s’agit d’une étape dans le processus de fabrication des paysages. Le document est ainsi appelé à évoluer, en fonction des dynamiques territoriales, mais aussi en fonction de l’évolution possible des enjeux paysagers qui, par leur caractère social et culturel, accompagnent les changements de la société. La mise en place de Paris Métropole est ainsi une perspective qui renouvelle la vision de l’agglomération, à l’occasion de laquelle la prise en compte du paysage peut prendre une place importante, celle du visage du territoire.

Plan-guide de Clichy, atelier François Leclercq  en grand format (nouvelle fenêtre)
Plan-guide de Clichy, atelier François Leclercq
La transformation à terme du territoire de Clichy repose en grande partie sur un projet de paysage qui définit les grandes lignes de la perception et de l’identification des lieux, de l’ancrage au site de la Seine, de l’accueil des usages.