Atlas des paysages et des projets urbains des Hauts-de-Seine

Infrastructures, équipements et espaces servants

publié le 16 juillet 2013 (modifié le 8 juillet 2015)

Les voies, un des facteurs de morcellement du territoire

Certaines voies, comme le périphérique ou l’avenue Charles de Gaulle à Neuilly, hachent les ambiances urbaines, auxquelles elles imposent un trafic polluant, et interdisent les usages piétons ou vélo.

Des ensembles naturels se voient soit morcelés, soit isolés des tissus limitrophes, comme la forêt de Meudon, par deux fois (RN118 et RD2), ou la forêt de Verrières (A86). Ailleurs des infrastructures imposent leur échelle et leur ambiance routières aux berges de la Seine (sur presque tout le linéaire), aux lisières du parc de Saint-Cloud…

Plus les voies sont déconnectées des tissus qu’elles traversent, plus elles génèrent de « délaissés » dans leurs emprises, où s’exprime parfois la nature.

Carte des principaux tronçons routiers venant découper le territoire et imposer leur ambiance  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des principaux tronçons routiers venant découper le territoire et imposer leur ambiance

L'échangeur A15/A86, positionné sur la carte d'état-major du XIXe siècle   en grand format (nouvelle fenêtre)
L’échangeur A15/A86, positionné sur la carte d’état-major du XIXe siècle
On voit sur ce montage à la fois l’échelle gigantesque de l’infrastructure, plus grande que la ville de l’époque, et l’importance des délaissés routiers occupés par la végétation.

L'avenue Charles de Gaulle à Neuilly  en grand format (nouvelle fenêtre)
L’avenue Charles de Gaulle à Neuilly
Une coupure peu hospitalière de l’espace urbain, dangereuse à traverser.

Infrastructures, espaces vécus

Les infrastructures, espaces vécus par de nombreux usagers, apparaissent pour certaines totalement déconnectées de leur environnement, comme détachées du paysage, autarciques, en particulier les voies en tranchée. Ce sont souvent des espaces peu valorisants, bordés par des dispositifs de murs acoustiques, de soutènements, et parfois doublés de lignes électriques. Le vocabulaire des « traitements » (notamment les panneaux de signalisation, les glissières de sécurité, les glissières béton) imposent une ambiance d’autoroute, contrastant avec les tissus urbains traversés.

Asnières, entrée de la RD17  en grand format (nouvelle fenêtre)
Asnières, entrée de la RD17
Un paysage peu urbain, dangereux, imprégné du trafic des grandes voies.


L’univers de l’autoroute est limité à sa propre emprise, il constitue pour l’usager un paysage en soi, sans regard sur l’extérieur. La position en tranchée assure cependant une relative tranquillité au voisinage, mais le coupe de son environnement : l’accès à la Seine est très contraint par le tracé de l’autoroute dans toute la partie nord de la boucle de la Seine située au nord du département.

Nanterre, autoroute A86  en grand format (nouvelle fenêtre)
Nanterre, autoroute A86

La RD2 à Clamart  en grand format (nouvelle fenêtre)
La RD2 à Clamart
C’est lorsque la route départementale pénètre dans la forêt de Meudon qu’elle prend ses caractéristiques autoroutières. Elle y est infranchissable, et rend cette partie de forêt infréquentable pour la promenade.

L'échangeur du pont de Sèvres   en grand format (nouvelle fenêtre)
L’échangeur du pont de Sèvres
Une ambiance d’autoroute occupe les berges de la Seine.
À La Défense, le rapport du quartier à la Seine est entièrement occupé par l’entrée de la voirie dans le souterrain.


Dans de nombreux cas le paysage y est peu aimable, et les tissus environnants ne présentent vers ces voies que des fonds de parcelle, des « arrières » repoussants. Cet aspect fait cependant l’objet de certaines évolutions, comme par exemple le périphérique, que de nouvelles façades de bureaux viennent animer, ou le programme « boulevard urbain » à La Défense. Les aménagements qui peuvent atténuer les effets de coupure (mise en souterrain, ou franchissements), extrêmement coûteux quand ils n’ont pas été pensés dès l’origine, sont ensuite difficilement financés, et peuvent s’échelonner sur de nombreuses années, comme le carrefour A86/A14 à Nanterre.

La Défense, travaux en cours en bordure du boulevard Circulaire  en grand format (nouvelle fenêtre)
La Défense, travaux en cours en bordure du boulevard Circulaire
La Défense, vue d’architecte illustrant la réintroduction des cheminements piétons au pied des tours.
Image : Axel Schoenert, architecte.

Découvertes, ponts et viaducs : des motifs de paysage

Les infrastructures peuvent également former des points de vue parfois remarquables, comme l’arrivée sur Paris depuis la RN 118, par exemple, que l’on peut considérer comme une véritable « séquence paysagère » de qualité. Les viaducs de Saint-Cloud et de l’autoroute A15 offrent eux aussi des points de vue remarquables sur les paysages de la Seine. L’A15 est à ce titre, à peu près le seul point de vue sur le port de Gennevilliers. La ligne de Transilien Paris-Versailles par Saint-Cloud constitue un remarquable belvédère au rebord de la Seine. La ligne 1 du métro offre, quant à elle, un point de vue marquant sur la Défense depuis le pont de Neuilly.

Les ouvrages d’art sont nombreux dans un territoire contraint par les méandres de la Seine, les reliefs des coteaux et des vallées, et l’urbanisation. Le paysage est ainsi ponctué et animé par de nombreux viaducs, ponts, qui forment autant de points de vue. Les franchissements de la Seine et des vallées occasionnent de notables scènes de paysage, remarquées par les peintres et les photographes.

A contrario, certains ouvrages très importants, comme les échangeurs du Pont de Sèvres ou le viaduc de Saint-Cloud, imposent aux sites une échelle écrasante et une ambiance insupportable, peu compatible avec la promenade.

RN118 entre Vélizy et Sèvres  en grand format (nouvelle fenêtre)
RN118 entre Vélizy et Sèvres
Une belle mise en scène à l’approche de la Seine, avec le cadrage de La Défense par les frondaisons du bois de Meudon.
Source : Google streetview

Le viaduc de la ligne SNCF Montparnasse-Versailles  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le viaduc de la ligne SNCF Montparnasse-Versailles
Vu depuis la terrasse de Meudon, le viaduc forme un motif de paysage qui valorise la forme du relief et se détache sur les frondaisons du parc Rodin.

La part des équipements et des espaces servants

Bien que le territoire des Hauts-de-Seine ne soit pas autant marqué que celui de Seine-Saint-Denis par les grands équipements et autres espaces servants, leur empreinte se manifeste par endroits. Elle peut avoir des effets positifs sur le paysage (équipements « monuments » comme l’hôpital Beaujon), ou des impacts moins valorisants, comme les coupures (emprises ferroviaires et routières), la déconsidération de l’ambiance (centres d’incinération, cimetières, fourrières, lignes électriques).

De grands équipements sportifs (hippodrome, golfs, stades), occupent de vastes emprises qui prennent également valeur d’espaces ouverts, mais aussi de coupures. Les forts méritent une approche spécifique. Ils occupent des situations paysagères éminentes, mais leur vocation militaire les soustrait bien souvent à l’espace public (Mont-Valérien). Certains projets de grande ampleur (fort d’Issy-les-Moulineaux) représentent à ce titre des mutations paysagères notables. Les cimetières occupent de grandes surfaces, sont fermés de murs, mais peuvent aussi offrir des ambiances de parc, comme le montre le cimetière de Clamart dessiné par l’architecte Robert Auzelle.

Les grandes emprises industrielles, constituées de parcelles géantes et closes, parfois inaccessibles comme au port de Gennevilliers, semblent soustraites à la continuité urbaine, d’autant qu’elles ne sont ni habitées ni fréquentées pour la promenade.

Vers la Seine à Nanterre   en grand format (nouvelle fenêtre)
Vers la Seine à Nanterre
Le chemin provenant de l’université est orienté vers la Seine mais est environné par la prison (maison d’arrêt des Hauts-de-Seine) et par le poste électrique, sur lequel il vient buter.

Clichy, hôpital Beaujon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clichy, hôpital Beaujon
L’équipement de grande dimension forme un repère dans le paysage tandis que son emprise occasionne une coupure non négligeable dans l’espace urbain.