Atlas des paysages et des projets urbains des Hauts-de-Seine

Du plateau à la Seine, le paysage du coteau

publié le 5 novembre 2014 (modifié le 8 juillet 2015)
Carte de localisation d'une portion du coteau de la Seine à Suresnes en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation d’une portion du coteau de la Seine à Suresnes

Le coteau de la Seine

Une séquence d’un paysage majeur

Cette fiche analyse une séquence du coteau de Seine, en détaille les dimensions paysagères, et rappelle les enjeux qui leur sont liés. Si la séquence étudiée se limite à portion du territoire de Suresnes, il importe de souligner que le coteau constitue une structure paysagère plus vaste, et que l’échelle de ses caractères paysagers dépasse largement le relief lui-même : les effets d’horizon et les panoramas offerts à partir des points de vue concernent le site de toute la métropole (cf. la sous-unité de paysage La seine des belvédères).

Le Mont-Valérien et Suresnes, vus depuis la route de Suresnes dans le Bois de Boulogne  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Mont-Valérien et Suresnes, vus depuis la route de Suresnes dans le Bois de Boulogne
Les arbres du bois cadrent un paysage dominé par la silhouette du Mont-Valérien, tandis qu’au pied du relief, Suresnes se signale par les hauts bâtiments situés à proximité de la Seine.

Vue depuis les vignes de Suresnes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue depuis les vignes de Suresnes
Le site de Paris apparaît depuis de nombreux points de vue sur le coteau, en particulier sur le rebord. Ici, la vigne vient en outre rappeler les liens anciens qui unissaient, par le vin, le coteau cultivé et la capitale.

Une structure étagée

Profil altimètrique  en grand format (nouvelle fenêtre)
Profil altimètrique
Le coteau et ses différentes occupations du sol présente quatre séquences successives :
1. Le sommet formé par le Mont-Valérien ;
2. Une séquence assez pentue sous le Mont, marquée par un tissu de villas et la présence des voies ferrées ;
3. Dans la partie basse, un tissu plus dense, associant des bâtiments de logements collectifs et des activités ;
4. La Seine et ses berges, qui concluent la séquence de coteau.

Première séquence : un parc et des vues au sommet

Très boisé, le Mont-Valérien offre une ambiance de parc. Il joue un rôle essentiel dans les nombreuses vues lointaines où il compose un horizon de nature à la métropole. Le Mont n’est cependant accessible que partiellement mais une promenade permet d’en faire le tour. Dans la séquence analysée, le cimetière des soldats américains forme un paysage organisé et le mémorial se présente comme une « fabrique » adossée à la végétation, ouverte sur la vue exceptionnelle sur la métropole.
La terrasse Feucheray, un des plus notables belvédères de l’agglomération, offre une vue magistrale sur le paysage parisien.

Suresnes, le Mont-Valérien  en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, le Mont-Valérien
Le cimetière américain, composé comme un jardin.

Suresnes, le Mont-Valérien, panorama remarquable depuis la terrasse Feucheray  en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, le Mont-Valérien, panorama remarquable depuis la terrasse Feucheray
La structure du coteau apparaît, mêlant les villas des premiers plans aux bâtiments beaucoup plus importants en contrebas du coteau. Le plan visuel du bois de Boulogne renforce la qualité de la vision de Paris.

Deuxième séquence : un ensemble de villas, de voies ferrées, et de cadrages

Dans la séquence située sous le Mont-Valérien, les villas, leurs jardins, leurs clôtures sont indissociables du relief du coteau. En effet, les perspectives des rues, les motifs de soutènement, certains petits passages directement dans la pente, contribuent à caractériser le paysage dans une expression du relief. Quelques vues apparaissent au détour d’une rue, d’un passage, d’un terrain vacant.
Les voies ferrées (chemin de fer, tramway) scandent le coteau, ouvrant des brèches dans le tissu des villas et offrant quelques vues lointaines.

Suresnes, un passage entre la rue de la Cerisaie et la rue Worth  en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, un passage entre la rue de la Cerisaie et la rue Worth
Tout le pittoresque du coteau s’exprime dans ce passage : les villas, la pente, un cadrage de la vue emblématique sur le bois de Boulogne et la tour Eiffel.

La gare Suresnes-Longchamp  en grand format (nouvelle fenêtre)
La gare Suresnes-Longchamp
La gare ouvre une belle perspective sur la partie sud du coteau et sur le tissu des villas.
Suresnes, rue Worth  en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, rue Worth
Un parking abandonné occupe une position en belvédère.














Troisième séquence : le bâti plus haut en partie basse

Le contraste est vif entre le haut et le bas du coteau. Dans la partie basse, moins pentue, les formes bâties sont très différentes, plus hautes, plus denses et la présence des jardins s’estompe.
La structure de territoire est ainsi lisible. Cependant certains bâtiments viennent s’interposer dans des logiques de perspectives, perturbent la lisibilité du paysage et déséquilibrent l’organisation du coteau. Il s’agit notamment de la masse imposante de l’hôpital Foch, et des logements « Suresnes-Longchamps », tous situés dans la perspective du boulevard Henri Sellier qui prolonge le pont de Suresnes.
La séquence est aussi marquée par les ambiances singulières du « village anglais », une des premières opérations de logements succédant, dans les années 1920, à des activités.

Vue depuis le pont de Suresnes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue depuis le pont de Suresnes
L’urbanisation de la partie basse du coteau vient pratiquement masquer la séquence plus haute. Les grands immeubles situés à droite du pont imposent au paysage leur échelle et leur écriture architecturale.

A gauche : Suresnes, la perspective du boulevard Henri Sellier. A droite : derrière l'immeuble Suresnes-Longchamps  en grand format (nouvelle fenêtre)
A gauche : Suresnes, la perspective du boulevard Henri Sellier. A droite : derrière l’immeuble Suresnes-Longchamps
L’immeuble Suresnes-Longchamps occupe une position privilégiée dans le fond de la perspective mais écrase la perception du coteau situé derrière lui. Depuis la rue Merlin de Thionville, derrière lui, l’immeuble occulte les vues dans la perspective du pont de Suresnes.

Suresnes, le village anglais, au premier plan en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, le village anglais, au premier plan

Quatrième séquence : la Seine peu abordable

Tout le coteau domine la Seine où débouchent les parcours. Le fleuve ouvre alors ses vastes perspectives, et s’articule au front boisé du bois de Boulogne.
Les quais restent malheureusement occupés par la RD7 et son importante circulation, et les berges ne sont pas encore aménagées pour accueillir des circulations piétonnes. Cependant, en l’absence d’obstacles visuels (péniches, haies et clôtures), les usagers de la route peuvent bénéficier du paysage.
En face, la séquence du bois de Boulogne offre un beau front boisé le long du fleuve. Cependant, depis le Bois de Boulogne, on ne trouve pas d’accès aux berges, ni de vues depuis la RD1. Ainsi, le pont de Suresnes, pourtant majeur, ne s’articule pas aux berges.

Vues en amont et en aval du pont de Suresnes  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vues en amont et en aval du pont de Suresnes
L’aménagement des quais permettrait un passage pour les déplacements à pied et à vélo et des vues sur le paysage du fleuve.

Suresnes, la RD 7  en grand format (nouvelle fenêtre)
Suresnes, la RD 7
La circulation intense et rapide organise une rupture entre la ville et le fleuve, mais les vues restent dégagées.
La RD1, sur la rive opposée, Paris, Bois de Boulogne  en grand format (nouvelle fenêtre)
La RD1, sur la rive opposée, Paris, Bois de Boulogne
La route longe la Seine sans la voir.














Entretenir et valoriser un paysage majeur

Le coteau constitue un paysage de très grande valeur à l’échelle de la métropole. Il justifie une attention particulière, de sorte à entretenir ses fonctions paysagères d’horizon identifiable, de point de vue, et à valoriser sa capacité à constituer un site de promenade pour les Suresnois et les habitants de la métropole.
Diverses actions sont envisageables :

  • Mettre en place un dispositif de « veille paysagère » sur l’ensemble du coteau, appuyé sur une étude approfondie et un outil de contextualisation, comme une grande maquette. Tout projet sur le coteau serait ainsi contextualisé et son incidence paysagère évaluée ;
  • Envisager un plan de paysage à l’échelle de l’ensemble du coteau, identifiant les dispositions de protection, de cadrage des formes urbaines, d’actions sur le bâti et les espaces publics, le tout en concertation entre les nombreux partenaires du site ;
  • Poursuivre la valorisation paysagère du Mont-Valérien, étendre les capacités de promenades, valoriser davantage les points de vue ;
  • Maintenir le caractère de la séquence des villas, assurer la pérennité des jardins ;
  • Identifier tous les points de vue même modestes pour en assurer le maintien, aménager de nouveaux points de vue à l’occasion ;
  • Analyser les paysages ouverts par les voies ferrées et imaginer les compositions paysagères qu’elles peuvent occasionner ;
  • En partie basse, penser une évolution à terme des grandes opérations bâties et d’éventuelles dispositions de cadrage de leur incidence paysagère ;
  • Aménager des parcours piétons et cycles en bord de Seine, apaiser la circulation de la RD 7. Composer également une meilleure accessibilité aux berges de la Seine du côté du bois de Boulogne ;
  • Favoriser des parcours de découverte et de promenade sur l’ensemble du coteau, depuis le Mont-Valérien jusqu’à la Seine, à l’instar du programme énoncé plus au sud par Jacques Sgard [1] .

Vue cavalière, suggestions d'aménagements en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue cavalière, suggestions d’aménagements

[1Étude paysagère des coteaux du Val de Seine, étude réalisée pour le Syndicat Mixte du Val-de-Seine en 1997