Atlas des paysages et des projets urbains des Hauts-de-Seine

Sol et sous-sol : l’Histoire déterminante

publié le 11 mars 2014 (modifié le 8 juillet 2015)

Carte des risques dus aux anciennes carrières à Châtillon (Source DRIEA/Inspection des carrières)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des risques dus aux anciennes carrières à Châtillon (Source DRIEA/Inspection des carrières)
Concernée sur 99 % de sa surface par ces risques (seuls 2 petits secteurs au nord et à la pointe sud-ouest sont dépourvus de risques !), la commune est aujourd’hui entièrement urbanisée. Mais les possibilités de constructions ont été tardives dans certains quartiers, nécessitant d’importants travaux de consolidation préalables.

Les carrières souterraines orientent l’urbanisation

L’empilement de couches sédimentaires qui constitue le bassin de Paris présente des irrégularités. Les strates sont plus ou moins déformées, varient en épaisseur et en composition au sein d’un même niveau stratigraphique. Vers le sud, les couches sont plus fines et relevées par la déformation de l’anticlinal de Meudon. Vers le nord, c’est le synclinal de la Seine qui voit l’ensemble géologique s’enfoncer. D’où les différences d’altitude des couches : par exemple, le niveau des calcaires de Saint-Ouen, qui affleure vers 100 m à Meudon n’est qu’à 35 m à Asnières et disparaît sous les alluvions à Gennevilliers. L’anticlinal de Meudon permet de voir affleurer la craie du crétacé au bas du coteau de Meudon.

Ce substrat qui caractérise plutôt les paysages de Normandie constitue le socle profond des Hauts-de-Seine avec une épaisseur d’environ 300 m. Longtemps extraite des sous-sols de Meudon et Issy-les-Moulineaux, en particulier pour la fabrication du « blanc de Meudon » utilisé en enduits, peintures ou comme produit d’entretien, cette exploitation de la craie n’a eu qu’une influence locale et limitée sur le paysage actuel malgré des galeries couvrant plusieurs hectares qui seront ensuite utilisées comme champignonnières vers le milieu du XXe siècle.

En revanche, l’exploitation des autres couches du sous-sol a eu un rôle urbain et paysager plus important. Peu actives aujourd’hui, ces exploitations intenses aux XIXe et XXe siècles concernent le gypse, le calcaire, le sable, les grès, les alluvions, les argiles… C’est ainsi que certaines communes sont presque entièrement soumises à des plans de prévention des risques en raison de leurs cavités souterraines.

Carte des carrières de Meudon au XIXe siècle (Source : Inspection générale des carrières)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des carrières de Meudon au XIXe siècle (Source : Inspection générale des carrières)
Les carrières de craie profitent des affleurements à proximité de la Seine dus à l’anticlinal de Meudon. Les calcaires et le gypse sont extraits des couches supérieures.


Les principales exploitations concernent les calcaires et les gypses qui se trouvent en dessous du niveau des sables de Fontainebleau. Paradoxalement, ce sont ces carrières souterraines abandonnées qui ont le plus d’influence sur les paysages, l’emprise au sol des exploitations elles-mêmes, puis la fragilité induite par les galeries ayant eu tendance à repousser l’urbanisation.

Car les risques sont réels :

  • En 1953 à Nanterre, cinq mille mètres carrés se sont effondrés au dessus d’une carrière de calcaire.
  • A la limite de Clamart et Issy-les-Moulineaux, en 1961, un effondrement spectaculaire provoqua la destruction d’une usine, d’un immeuble et de 25 pavillons, faisant 21 morts. Le grand ensemble des Épinettes y a pris place par la suite, mais cette opération immobilière devait justifier le coût des travaux de mise en sécurité du terrain, d’où ses dimensions.

On trouve sur le site lutecia une présentation détaillée et illustrée des différentes carrières pour les communes de Meudon, Châtillon et Clamart.

Carte des risques naturels (Source : préfecture des Hauts-de-Seine)  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des risques naturels (Source : préfecture des Hauts-de-Seine)
Les aplats bruns correspondent aux carrières dont l’étendue est particulièrement importante entre Issy-les-Moulineaux et Bagneux.

La contribution des sols à l’importance des espaces forestiers

La distinction entre Beauce et Hurepoix (auquel se rattachent les Hauts-de-Seine) a une forte connotation pédologique. La présence des sables de Lozère et des meulières sur les plateaux, l’abondance des sables de Fontainebleau sur les versants déterminent des sols plus acides que sur les terres de grandes cultures voisines. De moindre qualité agronomique, disposés sur des plateaux étroits ou des versants moins favorables à la culture, les sols des Hauts-de-Seine ont peut-être contribué à la présence forestière actuelle à la Malmaison, Meudon et Fausses-Reposes.

Mais c’est surtout l’enchaînement des facteurs historiques qui semble prépondérant : domaines religieux puis domaines seigneuriaux bien avant le XVIIe siècle, ces forêts ont eu un statut de domaine royal et de bois de chasse pendant les siècles suivants et sont désormais protégées.

Vue vers Paris depuis le mont Valérien  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue vers Paris depuis le mont Valérien
La masse boisée du bois de Boulogne semble tapisser la plaine, et la perspective intensifie l’effet de respiration au profit de ce belvédère urbain exceptionnel. Contrairement aux forêts des plateaux, seules les circonstances historiques, et non la qualité des sols, expliquent l’existence du bois.