Atlas des paysages et des projets urbains des Hauts-de-Seine

Paysages des abords du périphérique

publié le 5 novembre 2014 (modifié le 8 juillet 2015)

Carte de localisation de Malakoff et Montrouge, portes de Paris en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de localisation de Malakoff et Montrouge, portes de Paris

Le boulevard périphérique de Malakoff à Montrouge

Le boulevard périphérique : un seuil très lisible

Cette fiche analyse les espaces, les ambiances, et la nature des passages entre Paris et sa première couronne sur une séquence située à Malakoff et Montrouge. À l’heure où se met en place Paris Métropole, la limite de la capitale peut être interrogée en tant que paysage. Sur cette séquence, elle se manifeste fortement comme un lieu en soi, et non comme une simple limite entre deux territoires. Plusieurs étapes successives, édifiées sur l’emprise des anciennes fortifications, composent un effet de seuil inscrit fortement dans le paysage.

Une vue des anciennes fortifications d'Adolphe Thiers, ici porte de Versailles, Image : http://franciliensdemain.wordpress.com/  en grand format (nouvelle fenêtre)
Une vue des anciennes fortifications d’Adolphe Thiers, ici porte de Versailles, Image : http://franciliensdemain.wordpress.com/
L’ouvrage est composé successivement d’un rempart, d’un fossé, d’une contrescarpe et d’un glacis.
Le boulevard périphérique, depuis le pont de l'avenue Lafenestre à Paris  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le boulevard périphérique, depuis le pont de l’avenue Lafenestre à Paris
L’autoroute urbaine n’est qu’une des nombreuses étapes à franchir entre la banlieue et Paris.

















9 étapes successives

Entre Paris et les communes voisines, on peut compter sur cette séquence neuf étapes successives pour franchir le boulevard circulaire. Ensemble, elles composent un seuil imposant, échelonné sur environ 750 m.

Étapes succesives  en grand format (nouvelle fenêtre)
Étapes succesives
1. Le tissu urbain des communes de la première couronne
2. La limite de la première couronne donnant sur le périphérique
3. Le boulevard périphérique
4. Les grands équipements (stades…
5. Les logements sociaux de la ceinture rouge de Paris
6. Le boulevard des Maréchaux
7. La frange du boulevard des Maréchaux
8. La ligne de chemin de fer de la petite ceinture
9. Les tissus parisiens


1 et 2 : une échelle spécifique au bord du périphérique

Le tissu urbain de Malakoff et de Montrouge ne se poursuit pas uniformément jusqu’au boulevard périphérique. Au contact du boulevard, les bâtiments se montrent plus élevés, plus vastes, construits sur des parcelles plus étendues que celles des tissus de la première couronne, et les établissements sont souvent eux-mêmes parisiens ou métropolitains, telle l’université. A l’instar du bâtiment de l’INSEE, les façades des bâtiments s’ouvrent sur l’espace dégagé du périphérique et s’offrent ainsi au regard de ses nombreux usagers, tout en tournant le dos à l’espace de la banlieue.

Malakoff, rue Victor-Hugo, et boulevard périphérique, depuis le pont de la porte de Châtillon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Malakoff, rue Victor-Hugo, et boulevard périphérique, depuis le pont de la porte de Châtillon
La tour carrée, donnant sur le périphérique, constitue un repère urbain, que l’on reconnaît depuis l’horizon des rues de Malakoff. Les gabarits en sont très différents.

Malakoff, avenue de la porte de Vanves  en grand format (nouvelle fenêtre)
Malakoff, avenue de la porte de Vanves
La confrontation d’échelle est assez vive entre l’immeuble de l’INSEE et le tissu de première couronne visible juste à côté.


2,3 et 4 : le paysage du périphérique

Le boulevard périphérique est en soi un espace. Large, très fréquenté, identifiable, il associe les voies, les soutènements de la tranchée et les façades qui se dressent sur ses bords. Ces façades sont, sur cette séquence, plus nombreuses et plus visibles côté banlieue que du côté parisien principalement composé de grands équipements sans façades.
La tranchée du périphérique agit ici comme le fossé d’une fortification militaire, et marque de manière tangible une forte limite, infranchissable, sauf par les ponts. Les couvertures partielles ne visent pas nécessairement à rétablir des continuités fonctionnelles entre Paris et la banlieue, mais créent des espaces qui accueillent principalement des équipements (sports et squares), accessibles des deux côtés (même si les panneaux précisent que les équipements sont parisiens).

Boulevard périphérique, depuis le pont de l'avenue de la porte de Châtillon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Boulevard périphérique, depuis le pont de l’avenue de la porte de Châtillon
A gauche, vers l’est. L’effet de tranchée du boulevard est ici accentué par les façades et les écrans acoustiques, qui en augmentent l’épaisseur.
A droite, vers l’ouest. La silhouette des grands bâtiments marque la frange urbaine de la petite couronne, tandis qu’en face, les équipements sportifs se signalent par la végétation qui les accompagne.

Jardin Anna Marly, couverture du périph' porte de Vanves. Paysagistes : Arpentere  en grand format (nouvelle fenêtre)
Jardin Anna Marly, couverture du périph’ porte de Vanves. Paysagistes : Arpentere
La couverture a permis de dégager de l’espace pour un jardin public accessible à la fois aux Parisiens et aux habitants de Vanves. A l’intérieur, l’ambiance soignée offre une sorte de parenthèse, faisant abstraction de l’environnement urbain. Vu de l’extérieur, le jardin se manifeste par la masse de végétation de ses limites.


4 : une ceinture de vastes emprises d’équipements

Paris, Vanves, Malakoff, Montrouge, Gentilly, entre la Porte de Versailles et la porte de Gentilly, extrait du cadastre  en grand format (nouvelle fenêtre)
Paris, Vanves, Malakoff, Montrouge, Gentilly, entre la Porte de Versailles et la porte de Gentilly, extrait du cadastre
La grande taille des parcelles d’équipements construits sur les anciennes fortifications contribue en elle-même aux effets de frontière physique, doublant ceux du boulevard périphérique.

Stades, établissements scolaires, ainsi que le cimetière de Montrouge, occupent de grandes emprises foncières en limite du boulevard. Elles ne sont pas plus franchissables que le périphérique lui-même, dont elles contribuent à renforcer le caractère d’obstacle.

Paris, stade et lycée Raspail  en grand format (nouvelle fenêtre)
Paris, stade et lycée Raspail
L’établissement occupe une vaste emprise, ceinte de clôtures. Les ouvertures visuelles permettent toutefois que l’espace paysager de l’établissement soit perçu depuis la rue.

Cimetière de Montrouge en grand format (nouvelle fenêtre)
Cimetière de Montrouge


5 : une frange de logements caractéristiques

Les immeubles d’habitations à bon marché (les HBM) construits sur les bastions des anciennes fortifications marquent profondément la frange parisienne, particulièrement sur le linéaire étudié, où ils constituent une très longue bande homogène, de la Porte Brancion à la porte d’Arcueil. Leur gabarit annonce celui du Paris haussmannien, et l’échelle de l’opération tranche fortement avec l’hétérogénéité et le parcellaire beaucoup plus petit du bâti de la première couronne.

Paris, HBM  en grand format (nouvelle fenêtre)
Paris, HBM
Le gabarit uniforme à R+6, la brique, les implantations, apportent beaucoup d’homogénéité aux ensembles de logements, caractéristiques du paysage des franges parisiennes.


6 : le boulevard des Maréchaux, l’ancienne limite

Le boulevard des Maréchaux empreinte l’ancienne route militaire des fortifications et, contrairement au périphérique, présente le caractère d’un boulevard urbain, en lien direct avec le bâti de part et d’autre. Il accueille désormais la ligne de tramway dont le tapis engazonné contribue à la qualité du paysage. C’est au niveau du boulevard que sont localisées les « portes » de Paris, aux stations de métro par exemple, désignant bien une limite de Paris. Les portes du périphériques apparaissent moins comme des seuils que comme des échangeurs.

Paris, boulevard Brune  en grand format (nouvelle fenêtre)
Paris, boulevard Brune
La structure du boulevard lui permet d’apparaître comme un lien et non comme une rupture. Les alignements de platanes et le tapis vert du tramway lui apportent en outre une ambiance agréable. A gauche, les façades de brique des HBM signalent le côté petite couronne.


7 et 8 : une frange bâtie et la petite ceinture

La voie ferrée, en tranchée, s’ajoute au boulevard périphérique et aux Maréchaux comme une troisième limite peu franchissable. Une épaisseur de ville se trouve ainsi enserrée entre le boulevard de Maréchaux et la voie ferrée : elle constitue une étape du seuil mais s’apparente fortement aux tissus parisiens.

Paris, la petite ceinture  en grand format (nouvelle fenêtre)
Paris, la petite ceinture
Bien que formant une limite, la voie ferrée en tranchée (accessible et accueillant des promenades par endroits) apporte une belle ambiance, la végétation spontanée des talus semble avoir poussé en toute liberté, exprimant la vitalité de la nature même en pleine ville.


9 : Paris

Ce n’est qu’après toutes ces étapes que les trajets conduisent au sein même du tissu parisien, dont les proportions (largeur des voies, hauteur des bâtiments) tranchent avec ceux des espaces de la couronne.

A gauche, Paris, rue Didot. A droite Malakoff, rue Chauvelot  en grand format (nouvelle fenêtre)
A gauche, Paris, rue Didot. A droite Malakoff, rue Chauvelot
Entre Paris et sa banlieue proche, les proportions des rues ne sont pas les mêmes. Cela construit une différence d’ambiance qui apporte de la variété et de la richesse aux paysages urbains.

A gauche le centre de Malakoff. A droite Paris, autour de la place Victor Basch  en grand format (nouvelle fenêtre)
A gauche le centre de Malakoff. A droite Paris, autour de la place Victor Basch
La largeur des voies différencie fortement les structures urbaines de la banlieue et de Paris

Des axes de passage

Montrouge, franchissements  en grand format (nouvelle fenêtre)
Montrouge, franchissements
Les axes qui franchissent le boulevard périphérique et ses abords sont assez nombreux,. La distance qui les sépare n’excède jamais 500 m (au niveau du cimetière de Montrouge).


Alors que les multiples dispositifs de ceinture s’additionnent pour créer un seuil difficile à franchir, les axes passant au-dessus du boulevard périphérique créent des liens dans le territoire. Mais ils traduisent, dans leurs ambiances, leurs profils, les grandes différences entre Paris et sa première couronne.

Le fait que le périphérique soit en tranchée renforce leur continuité, et ils créent, de part et d’autre, des perspectives qui créent du lien, même si le seuil reste sensible.

Avenue Georges Lafenetre. A gauche, vers Paris. A droite, vers Malakoff  en grand format (nouvelle fenêtre)
Avenue Georges Lafenetre. A gauche, vers Paris. A droite, vers Malakoff
L’axe est continu de part et d’autre du périphérique. Vers Paris, les ensembles d’HBM marquent la frange urbaine. Vers Malakoff, ce sont les grands immeubles de logements qui signalent le passage vers la petite couronne.

Avenue Georges Lafenetre  en grand format (nouvelle fenêtre)
Avenue Georges Lafenetre
Dans sa traversée du seuil, l’axe présente un aspect d’espace de services : stationnements, station essence… rompent la continuité urbaine.
Avenue Georges Lafenetre  en grand format (nouvelle fenêtre)
Avenue Georges Lafenetre
Les grands immeubles situés au bord du périphérique viennent cadrer la rue Victor Hugo, située à Malakoff, et son échelle plus réduite.















Assumer un paysage de seuil ?

Les paysages urbains sont ici bien différents entre Paris et les communes de la petite couronne, cependant ces différences ne sont pas nécessairement un frein à l’identification d’un territoire métropolitain. Il serait illusoire de chercher à unifier les paysages tant les disparités sont structurelles.

De même, le boulevard périphérique représente une telle infrastructure, que son effacement nécessiterait de mobiliser de gigantesques moyens difficilement mobilisables actuellement. Ainsi, les efforts de couverture de la porte de Vanves ont été très coûteux et n’ont pas pu être reproduits ailleurs.

En outre, l’analyse montre que l’effet de limite difficilement franchissable du périphérique est renforcée pas les grandes emprises des équipements et leurs clôtures. C’est pourquoi, du point de vue du paysage, la recherche d’un lien plus proche passerait non pas par l’effacement du seuil, mais par le renforcement des axes qui le franchissent. Il serait en effet très intéressant d’approfondir ce qui, sur chacun d’entre eux, pourrait être envisagé pour en renforcer le confort et la lisibilité : aménagement de parcours piétons et vélos, cohérence des traitements d’espace public, renforcement même de la continuité urbaine dans le franchissement de la « portion servante », entre le boulevard périphérique et les HBM.

Sur le périphérique lui-même, la constitution d’un paysage partagé, fait de grands repères qui dialoguent entre eux, l’effacement des limites trop brutales comme les écrans acoustiques, peuvent constituer des pistes de lien territorial.

Enfin, sur le plan symbolique, il serait intéressant d’imaginer une continuité des dénominations des rues, de prévoir à terme l’effacement de la notion de porte, d’affirmer le caractère métropolitain des équipements situés sur le seuil. Ainsi, le jardin Anna Mary pourrait être un des premiers à s’afficher non comme un jardin « Ville de Paris », mais comme un jardin « Paris-Métropole ».

Une hypothèse de travail : une « agrafe urbaine », avenue Victor Hugo à Malakoff, avenue Georges Lafenetre entre le périphérique et les Maréchaux, puis rue Didot à Paris.  en grand format (nouvelle fenêtre)
Une hypothèse de travail : une « agrafe urbaine », avenue Victor Hugo à Malakoff, avenue Georges Lafenetre entre le périphérique et les Maréchaux, puis rue Didot à Paris.
La proposition repose sur l’axe lui-même dans la position du seuil, et consiste à homogénéiser le traitement de l’espace public, et à envisager un renouvellement urbain des bordures, de sorte à conforter son rôle de continuité. De nouveaux bâtiments, orientés sur l’axe et non sur le périphérique, composant un paysage cohérent, peuvent compléter le dispositif en créant une « agrafe urbaine », une transition fluide entre Paris et la petite couronne. Symboliquement, il serait intéressant de prolonger la dénomination « avenue Victor Hugo » jusqu’au boulevard des Maréchaux, dont l’espace est moins clivant que celui du périphérique.