Atlas des paysages et des projets urbains des Hauts-de-Seine

Éléments de nature, histoire, espaces publics : enjeux de la boucle de la Seine d’Issy-les-Moulineaux à Clichy

publié le 25 août 2014 (modifié le 29 juin 2015)

Présence sensible des éléments de nature et de leurs continuités

Le coteau
Le relief singulier en amphithéâtre participe d’une structure paysagère remarquable. Elle nécessite une forte vigilance paysagère sur les points suivants :

  • Maintien de l’horizon boisé de référence ;
  • Maintien de la « matière boisée » qui le recouvre en grande partie et qui repose essentiellement sur les jardins, publics et privés, qui l’occupent ;
  • Évaluation des projets sur le plan des enjeux d’échelle, de sorte à éviter de reproduire les erreurs que représentent l’ensemble d’immeubles de logements des Épinettes à Issy-les-Moulineaux, le viaduc de l’A13 ou les « bureaux de la colline » à Saint-Cloud, qui ont écrasé de leurs masses les proportions du relief ;
  • Renforcement des usages : réalisation de la promenade des coteaux, liens à multiplier avec les boisements sur le plateau, et la Seine en contrebas.
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La question des belvédères et des perspectives s’inscrit aussi dans le programme de vigilance.

La Seine
La présence sensible du fleuve représente un enjeu majeur pour la boucle et permet d’identifier d’ambitieux programmes d’amélioration des conditions d’accessibilité et de visibilité. Certaines opérations déjà réalisées ou engagées par le conseil général des Hauts-de-Seine confirment leur pertinence.

Les berges
La présence des routes, les occultations par les haies, l’importance des zones d’amarrage affaiblissent la présence sensible du fleuve et appellent des actions sur plusieurs axes :

  • Poursuivre le programme d’accessibilité piétonne engagé par le Conseil général ;
  • Développer ce programme sur les séquences routières, rechercher des solutions en s’appuyant sur le développement des déplacements en transports en commun et liaisons douces, envisager une voie dédiée aux piétons et vélos en bord de Seine ;
  • Gérer les amarrages et les occultations qui les accompagnent pour libérer les accès et la visibilité du fleuve.
Les apports des ateliers :
  • Le fleuve n’est pas/peu accessible ni visible depuis de nombreux points notamment en raison de l’impact des infrastructures qui cachent la Seine et qui empêchent tout contact avec elle. C’est notamment le cas de l’A 13 et de son échangeur, mais également de la route départementale (RD7) très passante qui rompt complètement la relation ville/Seine.
    Cet usage routier des bords de Seine est lié à la volonté passée de faire de la Seine un axe de transport, ce qui a conduit à la situation actuelle où l’on recherche un retour vers la Seine, une tentative de reconquête. Il est important d’ouvrir la vue sur lle fleuve, d’avoir des quartiers vivants, en relation « vivante » avec lui.
  • La question de l’accessibilité du fleuve et de ses usages se pose à une échelle intercommunale et interdépartementale.
  • Les difficultés sont également liées aux multiples acteurs impliqués qui ont chacun des usages et des intérêts très différents, parfois contradictoires. Les berges sont actuellement occupées en partie par une route départementale, de la compétence du Conseil général, tandis que les bas ports sont gérés par Voies navigables de France (VNF) et le bord du fleuve est occupé par des péniches privées. Tous les acteurs impliqués dans l’aménagement des berges de Seine doivent se rencontrer pour penser ensemble ces berges. Un pas est franchi avec la création récente de l’« Entente Seine » qui réunit plusieurs communes de plusieurs départements pour réfléchir ensemble à l’aménagement du fleuve.

Les ponts
Les passages sur les ponts constituent des moments « intenses » pour le paysage dont découlent certains enjeux :

  • Assurer le confort des parcours piétons ;
  • Mettre en place une veille paysagère sur chaque « scène » proposée par les ponts, de sorte à préserver l’équilibre et la cohérence des éléments à l’occasion de chaque projet ;
  • Veiller à la cohérence des « façades sur la Seine », paysage majeur perçu par le dégagement du fleuve et depuis les nombreux points de vue.

Les îles
Les îles ont une vocation particulière de tranquillité : du fait de l’absence de grandes voies, les berges sont plus disponibles. L’enjeu consiste à conforter cet intérêt, et à compléter les parcours de berges qu’elles proposent.
La tour des figures de Dubuffet sur l’île Saint-Germain et le temple de l’amour sur l’île de la Grande Jatte apparaissent comme des « fabriques » dont l’environnement nécessite un entretien adapté leur permettant de jouer leur rôle de figures de proues.

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Bloc-diagramme

Ile de la Grande Jatte, Neuilly-sur-Seine  en grand format (nouvelle fenêtre)
Ile de la Grande Jatte, Neuilly-sur-Seine
Gestion des scènes paysagères : la végétation tend à écraser le temple situé en proue, et les péniches à l’amarrage se succèdent sans interruption le long de la berge.


Les espaces urbains
La présence du fleuve se prolonge dans les tissus urbanisés, notamment grâce aux espaces publics.
L’aménagement d’espaces publics en berge, le renforcement des perspectives et des ouvertures sur le fleuve, permettent de valoriser les articulations avec les espaces urbains.
Les programmes sont toutefois parfois difficiles à mettre en œuvre, notamment du fait de la présence de voies de grande circulation qui se sont développées et organisent de fortes coupures.

Clichy, plan-guide  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clichy, plan-guide
Le renforcement de la présence du fleuve est un des axes de proposition les plus notables du plan. L’aménagement d’un espace public généreux en berge, la structuration de l’espace urbain par deux perspectives qui s’y rejoignent, la construction de bâtiments repères donnant sur le fleuve, contribuent à renforcer les liens entre la ville et la Seine.
(Voir atelier 2).
L’apport des ateliers :
Il est important de réfléchir à la cohérence des projets urbains en bord de Seine dans leur ensemble (séquences, ouvertures visuelles, vis-à-vis, etc.), associée au besoin d’une approche intercommunale. « Arc en Seine » regroupe des communes qui souhaitent réfléchir sur ce retournement vers la Seine.

Éléments de nature perçus dans et / ou depuis l’espace public

Les jardins publics
L’unité paysagère est ponctuée par un ensemble remarquable de jardins et de parcs, au premier rang desquels figurent le parc de Saint-Cloud et le bois de Boulogne. S’y ajoutent les nombreux jardins et équipements sportifs accueillis dans les îles, le beau jardin de l’île Monsieur à Saint-Cloud récemment réalisé par le Conseil général, un des rares contacts directs avec la Seine, les parcs Albert Kahn et Edmond de Rothschild à Boulogne et, parmi les opérations urbaines récentes, les parcs du Trapèze à Boulogne-Billancourt et des Impressionnistes à Clichy…

La concentration de tant de jardins permet à la boucle d’être une destination privilégiée de détente pour la population métropolitaine.

Certains enjeux s’attachent à ce patrimoine :

  • La préservation et la valorisation des espaces de jardins ;
  • La mise en valeur, par la gestion, des qualités paysagères, en particulier les belvédères ;
  • La valorisation des qualités artistiques des compositions et des ambiances paysagères, en veillant à ne pas réduire ce patrimoine à une suite d’équipements fonctionnels sportifs ;
  • La prise en compte des enjeux du développement durable, de la biodiversité ;
  • La mise en réseau des jardins par un système de liaisons piétonnes et cyclistes permettant notamment d’atténuer les effets de coupure des voies routières des berges ;
  • Un renforcement des liens entre les jardins et les espaces publics des quartiers voisins, une amélioration des accès.
Exemple d'une mise en réseau des jardins, des parcs et de la Seine  en grand format (nouvelle fenêtre)
Exemple d’une mise en réseau des jardins, des parcs et de la Seine
Un beau parcours peut être mis en place pour mettre en valeur la proximité des parcs de Brimborion, Saint-Cloud, Ile Monsieur, Trapèze, Ile Seguin, leurs liens avec la Seine, le coteau, et les tissus urbains. Le parcours est en outre bien desservi par les transports en commun.
Ce type de programmes a été notamment développé par le paysagiste Jacques Sgard, lors de l’étude paysagère des coteaux du Val de Seine réalisée en 1997 pour le compte du syndicat mixte du Val-de-Seine.


Les espaces publics
De nombreux enjeux relatifs aux espaces publics ont été déjà évoqué, tant leur implication est grande dans la relation de la ville avec le site.

Certains espaces publics se présentent également comme un patrimoine paysager exemplaire à préserver, à l’instar des avenues du quartier du parc à Neuilly qui développent de manière exceptionnelle le motif des arbres d’alignement et renforcent le caractère du secteur inspiré par les ambiances et les espaces des parcs.

Les jardins des parcelles des coteaux
Le rôle de la végétation présente sur les coteaux a été souligné, il repose en grande partie sur la végétation des jardins privés. En préservant les emprises des jardins, la présence des arbres sur le coteau est assurée.

Saint-Cloud, le Val d'or. Photo aérienne, vue d'une rue  en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Cloud, le Val d’or. Photo aérienne, vue d’une rue
Le quartier s’étend exactement sur l’emprise du coteau, ses rues biaises permettant d’en franchir la déclivité. Les arbres très nombreux dans les jardins apportent leur contribution à trois échelles différentes : les jardins eux-mêmes, les rues du quartier, et le coteau, perçu de loin comme un motif de paysage.

Présence sensible de la profondeur historique, du patrimoine, de l’art

Le patrimoine des jardins
L’unité paysagère est bien dotée sur le plan des compositions paysagères historiques (Saint-Cloud, Bellevue, Brimborion, le Bois de Boulogne, le parc Rothschild…). La préservation de l’emprise des parcs, la valorisation des belvédères, le renforcement des liens, sont autant d’enjeux de paysage. Il convient également de considérer la valeur artistique des compositions, autant que la valeur environnementale, dans leur présentation et leur gestion.

Le jardin Albert Kahn à Boulogne est un exemple remarquable. Son principe consiste à évoquer, en un même lieu, dans une sorte de condensé, la culture paysagère mondiale. Ce propos « universaliste » qui fait cohabiter jardins asiatiques et occidentaux, est mis en relation avec la nature par la position du jardin en bord de Seine et la présence d’une forêt vosgienne. La valeur d’un tel message, lié à la personnalité et aux valeurs d’Albert Kahn, fait partie du lieu autant que la qualité de la promenade qu’il propose.

Les traces de l’activité industrielle
Les plaines situées en bord de Seine ont accueilli de nombreuses activités industrielles, peu à peu délocalisées, et auxquelles succèdent des quartiers de logements et des activités tertiaires, parfois des jardins comme sur l’île-Monsieur.

Malgré ces transformations, un enjeu consiste à ne pas effacer totalement leur mémoire et de faire en sorte qu’elle puisse perdurer, sur le plan sensible, dans les espaces qui leur ont succédé.

L’apport des ateliers
  • Le patrimoine industriel dans ce secteur n’a pas ou peu été préservé, il s’agit de le faire à l’avenir en protégeant ces bâtiments témoins d’une époque qui ont également façonné le paysage altoséquanais.
  • Parmi les sites industriels de l’unité : la centrale à béton à Clichy, les points de stockage de matériaux à Issy les Moulineaux.
  • Le paysage a été formé par l’industrie en opposition parfois avec la topographie. Le rapport à la Seine ne doit pas nier cet héritage industriel.