Les tissus "continus"

publié le 16 juillet 2013 (modifié le 8 juillet 2015)

L’ordonnancement des façades continues et alignées sur la rue compose un « paysage type », que chacun peut identifier et reconnaître. Cette disposition est très fortement représentée à Paris et dans les centres historiques, et constitue une référence à laquelle sont comparées les autres formes de tissus urbains.

Carte de répartition de l'habitat continu  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de répartition de l’habitat continu
La continuité bâtie constitue un trait marquant de Paris et des noyaux historiques. On la retrouve dans la proximité immédiate de Paris, ainsi que dans des faubourgs anciennement constitués (exemple : Asnières-sur-Seine).

Levallois, rue Bodin  en grand format (nouvelle fenêtre)
Levallois, rue Bodin
L’alignement des immeubles sur la rue crée un paysage urbain reconnaissable, nettement déterminé par les façades sur rue, l’espace public lui-même, et les relations de leurs dimensions. Derrière les façades, les cœurs d’îlot ne sont pas visibles.

Les noyaux historiques d’urbanisation : une évolution récente

Ce sont les centres des villes et des villages anciens, autrefois environnés par les cultures, qui ont très souvent conservé les caractères d’une urbanisation traditionnelle. L’espace public principal y est celui de la rue, directement bornée par les façades, elles-mêmes continues, et se développe en places au droit des églises et des principaux bâtiments publics. Les profils peuvent varier (largeur de la rue, hauteur du bâti…) mais restent comparables, de même que l’architecture d’Ile-de-France, marquée par les façades enduites et les couvertures de tuiles plates "petit moule". Derrière les façades, les jardins et les annexes se développent au cœur des îlots qui se sont fermés avec le temps. Ces morceaux de ville sont des espaces constitués progressivement, ne répondant pas à un plan d’ensemble préétabli, mais à une maille parcellaire qui s’est progressivement « remplie ».
Voir carte de l’occupation du sol au XVIIIe siècle

La rue accueille traditionnellement les voitures, les trottoirs, les piétons… Mais de nombreuses évolutions récentes transforment les fonctions et l’ambiance de l’espace public : c’est notamment dans les centres anciens que se développent les plateaux piétonniers, ainsi que les lignes de tramway, tandis que le stationnement est écarté du paysage, vers les parkings en souterrain.

Les traitements de l’espace public restent en général assez minéraux, sauf dans le cas des avenues associées aux nombreux châteaux du département. La végétation est d’introduction récente, et trouve parfois difficilement sa place dans le dimensionnement des rues, resté le même et relativement restreint.

Une des rues du Nanterre "initial"  en grand format (nouvelle fenêtre)
Une des rues du Nanterre "initial"
Le paysage est formé par les façades alignées donnant directement sur l’espace public. Les commerces occupent les rez-de-chaussée. Les aménagements récents qualifient le sol, écartent le stationnement, et apportent une plus grande présence de la végétation.

Nanterre, noyau historique  en grand format (nouvelle fenêtre)
Nanterre, noyau historique
Vue aérienne, et traitement cartographique de la relation « bâti/espace public ». L’implantation en façades sur rue (ou îlots fermés) détermine le paysage public.

Les îlots Haussmanniens : dans la continuité parisienne

Cette typologie est à l’origine du paysage très reconnaissable de nombreuses rues parisiennes, très profondément remaniées par l’action du préfet Haussmann sous le second empire. Les façades sont le plus souvent en pierre de taille et ordonnancées, ce qui confère à la rue une coloration homogène de ton pierre claire, si caractéristique des quartiers haussmanniens de Paris, coloration rehaussée par le dessin des balcons en fer forgé noir. Le gabarit est également un élément important de l’ambiance de la rue et lui donne son unité. Ce gabarit est en général composé d’une façade sur 5 à 7 étages et d’un dernier niveau dans les combles avec mansarde, voire d’un second dans les combles en lucarne. Ce type de tissu se retrouve dans certains quartiers alto-séquanais situés dans la continuité du tissu de la capitale.

A l'est, Paris, à l'ouest, Neuilly-sur-Seine   en grand format (nouvelle fenêtre)
A l’est, Paris, à l’ouest, Neuilly-sur-Seine
Enjambant la frontière du périphérique, une remarquable continuité des formes s’observe de part et d’autre du Palais des congrès, accompagnant les grands axes des avenues.

Une rue de Neuilly, où se reconnaît aisément le « paysage » Haussmannien  en grand format (nouvelle fenêtre)
Une rue de Neuilly, où se reconnaît aisément le « paysage » Haussmannien
Ce type de tissu constitue parfois un modèle pour les opérations contemporaines.

Le Plessis-Robinson  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Plessis-Robinson
Dans cette rue construite tout récemment, le paysage obéit au modèle haussmannien, y compris dans l’écriture architecturale.


De nombreuses opérations de renouvellement et de rénovation urbaine adoptent la typologie de l’îlot fermé, associée parfois à une architecture qui fait référence à des formes traditionnelles.