Les horizons de nature : reliefs et forêts

publié le 20 juin 2013 (modifié le 8 juillet 2015)

La qualité paysagère urbaine repose notamment sur la présence sensible des éléments de nature, sensibilité qui se manifeste dans l’espace public et dans les jardins.

Les reliefs, les boisements, la Seine, représentent les principaux motifs de nature que l’espace public est en mesure de rendre sensibles aux habitants, en les inscrivant dans les formes urbaines et dans les usages.

Carte des reliefs, des cours d'eau, et de la végétation  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des reliefs, des cours d’eau, et de la végétation
Les motifs naturels marquants (reliefs, Seine, boisements) ne sont pas répartis également dans le territoire.


Les motifs naturels présentent, au centre du département, avec les découpes du plateau Beauceron dominant la Seine, une densité exceptionnelle en Ile-de-France qui a elle-même suscité (en lien avec la proximité de Versailles) une concentration sans égale de domaines aristocratiques.

  • Au nord, la Seine est le principal élément de nature caractérisant le territoire, la plaine ne disposant plus de boisements.
  • Au sud, les versants du plateau manifestent des pentes sensibles, tandis que les boisements restent limités aux parcs et jardins.

Cette répartition est principalement à l’origine de l’identification des unités paysagères du département, et retentit sur les ambiances de chacun de ces secteurs.

Les reliefs : un élément fondateur des paysages des Hauts-de-Seine

Carte des reliefs  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des reliefs
La carte exprime les grandes morphologies du département : la plaine de Seine et ses méandres au nord, la vallée de la Bièvre et ses versants au sud, le plateau entaillé au centre.


Les reliefs présentent des caractères assez remarquables, à tel point que le département tient son nom des positions de « Hauts-de-Seine », là où les rebords du plateau dominent le fleuve et Paris et où se sont implantés les principaux châteaux. Reposant sur ces formes du relief, les positions de belvédères sont, dans l’espace public, une des manières les plus théâtrales de tirer parti d’un site et d’en révéler la singularité. Toutes les positions ne sont cependant pas toujours prises en compte, et bien souvent les potentialités des vues sont mobilisées par la production immobilière, au détriment des jouissances publiques : le paysage se privatise.

Le plateau présente également de nombreuses entailles, vallons formés par les ruisseaux, composant, pour chacun d’entre eux, un site spécifique. Saint-Cloud, Ville-d’Avray, Sèvres, Meudon, occupent ces lieux identifiables, magnifiés par le parc de Saint-Cloud et la forêt de Meudon, mais aussi reconnaissables dans la structure même des villes de Sèvres et de Ville-d’Avray, entièrement charpentées par les voiries situées dans le creux des reliefs.

De plus faibles reliefs forment au-delà du plateau et de ses rebords, de longues pentes en glacis, tendues entre le plateau et la vallée de la Bièvre. Ces pentes sont également des motifs potentiels de valorisation, notamment les axes perpendiculaires aux courbes de niveau (cas des avenues rayonnant du sud de Paris vers les coteaux).

Ces glacis se creusent de vallons secondaires, découpant le rebord du plateau de formes singulières où ont pris place le parc Henri Sellier au Plessis-Robinson, la Vallée-aux-Loups, ainsi que la cité de la Butte-Rouge à Chatenay, et le parc de Sceaux en contrebas.

Une valorisation à poursuivre

La valorisation sensible des reliefs passe par :

  • l’identification et le traitement des positions de belvédères, nombreux dans le département, mais dont certains se referment ;
  • la mise en scène des perspectives dans les pentes, par les effets de symétrie qui cadrent les vues lointaines, l’horizon et les sols ;
  • la mise en scène des pentes dans toutes les situations : murets, sentes, position des bâtiments et de leurs socles…
  • les proportions des bâtiments en fonction de leurs positions dans les structures du relief (voir la coupe exprimant cette structure).
Chemin des vignes, Issy-les-Moulineaux  en grand format (nouvelle fenêtre)
Chemin des vignes, Issy-les-Moulineaux
Partant à l’assaut du coteau avec son traitement de pas-d’âne, le chemin révèle à la fois le relief du site et, par son nom, son passé viticole.

Le « Val Fleury »,vu depuis la terrasse de Meudon, un motif paysager identifiable en grand format (nouvelle fenêtre)
Le « Val Fleury »,vu depuis la terrasse de Meudon, un motif paysager identifiable



Sur la photo de gauche, le versant guide la position de la terrasse du château, offrant des vues sur le paysage du vallon, surmonté par la forêt.

Belvédère monumental de l'avenue Roosevelt à Suresnes en grand format (nouvelle fenêtre)
Belvédère monumental de l’avenue Roosevelt à Suresnes


Ci-dessus, sur les flancs du Mont-Valérien, l’espace public est théâtralisé par le belvédère dont le traitement n’est pas sans évoquer celui des terrasses des grands parcs classiques. La vue sur Paris est particulièrement « paysagère », avec la nappe boisée du bois de Boulogne au premier plan, et les silhouettes reconnaissables de la tour Eiffel, de la tour Montparnasse, et du front de Seine.

A Châtillon, boulevard Général de Gaulle  en grand format (nouvelle fenêtre)
A Châtillon, boulevard Général de Gaulle
Le sol repose sur le glacis tendu entre le plateau et les rives de la Bièvre et de la Seine.


La pente générale participe à l’organisation du paysage, ouvrant une perspective légèrement dominante sur le site parisien. A l’horizon, de l’autre côté de la capitale, le plateau de Romainville vient borner le site. On reconnaît aussi la masse boisée du jardin des Buttes-Chaumont, à côté des tours Mercuriales de la porte de Bagnolet.

Forêts, parcs boisés : une expression de la nature

La forêt est clairement inscrite, dans les esprits, comme un symbole de la vie sauvage (le mot latin silva renvoie tant à la forêt qu’au concept de sauvage).

Le territoire des Hauts-de-Seine, dans sa partie centrale, est structuré par le fait que les forêts occupent les sommets du plateau beauceron. Quatre massifs s’inscrivent dans la matière urbaine : la Malmaison, Fausses-Reposes, Meudon, et Verrières, en marge sud du département. Il convient d’y ajouter les parcs de Saint-Cloud, de Sceaux, de la Malmaison, le parc Henri Sellier au Plessis-Robinson, et bien d’autres qui sont constitués essentiellement de boisements.

Extrait de la carte de la végétation  en grand format (nouvelle fenêtre)
Extrait de la carte de la végétation
La carte fait apparaître la proportion notable de masses boisées et leur position aux sommets des reliefs de plateau.


Les effets de cette présence boisée sont essentiels à l’identité paysagère des Hauts-de-Seine, et se traduisent de multiples manières. Ils offrent aux habitants un horizon de nature à proximité, et peuvent aussi s’inscrire dans l’espace public :

  • comme horizon au-dessus des coteaux. La présence des bois sur les plateaux est en effet un « balisage paysager » d’une grande importance pour toute la métropole à laquelle est ainsi offert un horizon naturel repérable ;
  • comme plan visuel depuis les belvédères. A ce titre le bois de Boulogne fait bien partie des paysages des Hauts-de-Seine ;
  • comme lisière, qui peut (assez rarement finalement) présenter un front boisé sur l’espace public ;
  • comme perspective, certains axes de composition se poursuivant (plutôt rarement) de la matière forestière à la matière urbaine.
Dans le bois de Clamart  en grand format (nouvelle fenêtre)
Dans le bois de Clamart
Alors que le bois est entièrement en ville, il offre une ambiance fortement naturelle, et peut laisser croire qu’il s’agit là de l’expression même de la nature du site.

Clamart, rue Brignole Galliera  en grand format (nouvelle fenêtre)
Clamart, rue Brignole Galliera
La lisière du bois qualifie le paysage de la rue. Elle pourrait faire l’objet d’un léger aménagement pour être encore optimisée (cheminement, vues en sous-bois…).

Le tapis vert de Meudon  en grand format (nouvelle fenêtre)
Le tapis vert de Meudon
Une des rares percées qui se poursuit dans le tissu urbain. Cette structure appelle toutefois une meilleure valorisation.

La lisière nord du parc de Saint-Cloud  en grand format (nouvelle fenêtre)
La lisière nord du parc de Saint-Cloud
Malgré son emprise imposante, le parc n’offre que très peu son ambiance aux quartiers qui le voisinent au nord, en raison de multiples coupures, principalement l’autoroute A13 et la voie de chemin de fer.


Même protégés par leur statut public et les mesures de préservation dont ils font l’objet, les bois constituent un capital paysager sur lequel veiller.

D’autres enjeux se présentent, qui ont trait également à leur articulation aux espaces urbains et vécus :

  • l’accessibilité. De nombreux espaces sont soit coupés par des infrastructures (cas de la RN186 au sud de la Butte-Rouge), soit interdits à la promenade en raison de la gestion des espaces naturels (parc Henri Sellier) ;
  • l’intégrité. Les infrastructures fractionnent par exemple plusieurs fois la forêt de Meudon, les tracés ne sont pas assez rétablis, notamment à l’emplacement des carrefours forestiers ;
  • la mise en relation avec les espaces urbains. Les lisières apparaissent peu depuis l’espace public, dont elles sont coupées soit par des infrastructures (A13, voie SNCF…), soit par des fonds de parcelles bâties.

Bois et reliefs : une structure paysagère singulière et précieuse

Vue depuis le parc de Saint-Cloud  en grand format (nouvelle fenêtre)
Vue depuis le parc de Saint-Cloud
Les horizons constitués par les reliefs boisés offrent à toute la métropole une référence paysagère irremplaçable. Vus de Saint-Cloud, les bois de Meudon et de Clamart dessinent une ligne d’horizon naturelle, offrant à la métropole un cadre de nature visible. Le point de vue permet également de comprendre l’importance des relations d’échelle entre les reliefs naturels et la hauteur des plus grands bâtiments.

Coupe sur les reliefs du centre du département. Le trait de coupe suit la ligne de sommet du plateau  en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe sur les reliefs du centre du département. Le trait de coupe suit la ligne de sommet du plateau
Les parties de plateau apparaissent systématiquement boisées, alternant avec les vallées où se concentrent les voiries et l’urbanisation. Quelques lotissements se sont installés dans les boisements (Parc de la Malmaison à Rueil-Malmaison, parc de Marnes à Marnes-la-Coquette), mais pour l’essentiel, c’est un horizon de nature qu’offrent ces sommets boisés.
Ceci constitue une véritable « structure paysagère », patrimoine partagé à l’échelle métropolitaine.

Coupe de la forêt de Meudon à Boulogne-Billancourt   en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe de la forêt de Meudon à Boulogne-Billancourt
La « structure paysagère » se ressent dans la relation qui s’instaure entre la plaine urbaine et le plateau aux sommets boisés. Un rapport d’échelle qui préserve une répartition des éléments selon les reliefs et protège un horizon de nature.

Coupe de Boulogne à Fontenay-aux-Roses  en grand format (nouvelle fenêtre)
Coupe de Boulogne à Fontenay-aux-Roses
Par comparaison, l’ensemble des Épinettes à Issy-les-Moulineaux vient contrarier la structure paysagère. Plus grand que les immeubles de la plaine, il s’interpose au rebord du coteau dont il barre l’horizon.

Analyse du panorama  en grand format (nouvelle fenêtre)
Analyse du panorama
L’effet de rupture de la ligne d’horizon, produit par l’échelle et la position de l’ensemble des Épinettes à Issy-les-Moulineaux sur l’horizon naturel dessiné par les reliefs.

Analyse  en grand format (nouvelle fenêtre)
Analyse
L’effet de rupture de la ligne d’horizon, produit par l’échelle et la position de l’ensemble des Épinettes à Issy-les-Moulineaux sur l’horizon naturel dessiné par les reliefs.